C’est lundi 25 novembre que seront débattues les conclusions du rapport de la Chambre régionale des comptes (CRC) sur la gestion de la ville de Marseille entre 2012 et 2017, dans le cadre d’une session extraordinaire du conseil municipal qui s’annonce tendue. Alors que l’opposition demandera sans doute des comptes à l’équipe municipale en place, les élus de la majorité LR, dans le sillage de leur chef de file Yves Moraine, se tiennent prêts à répondre face à un document qu’ils jugent subjectif.
Une gestion des ressources humaines qui pèse lourd
La Ville de Marseille, ce sont plus de 12 000 agents, qui représentent une masse salariale annuelle de 510 millions d’euros – soit « environ 60 % des dépenses totale de fonctionnement de la ville fin 2017 » notent les sages, dont le constat est net : « Avec une augmentation de près de 11 % entre 2012 et 2017 [+ 50 millions d’euros sur la période], la masse salariale de la ville de Marseille progresse bien plus rapidement que ce qui est observé dans les communes de la même strate ».
Puis la CRC enfonce le clou : « A elle seule, la masse salariale explique plus de 80 % de la hausse des charges de gestion sur la période ». Puis les sages d’énumérer les anomalies marseillaises quant à son personnel municipal : « rémunération brute moyenne des agents au-dessus de la moyenne nationale », « temps de travail des agents marseillais inférieur à la durée légale » ou encore « système de badgeage des personnels opérationnel que dans un nombre restreint de services ».
L’organe de contrôle déplore ainsi un « coefficient de rigidité des charges [capacité de la collectivité à générer des économies, NDLR] qui dépasse d’un point et demi celui des communes comparables ». Plus encore, les sages regrettent que « la Ville n’a pas su saisir toutes les opportunités qui s’offraient à elle pour mieux maîtriser ces dépenses ». Ils pointent le « remplacement systématique des départs à la retraite », voire même « des embauches supérieures au nombre des départs de la collectivité », alors même que le transfert de compétences à la Métropole réduit son champ d’action.
Une politique patrimoniale passée au crible
Si les problématiques de la municipalité en matière de ressources humaines ont mis en évidence des tendances qui étaient globalement connues, l’examen que propose la CRC en ce qui concerne la gestion patrimoniale de la Ville apporte une lumière relativement nouvelle sur certains dossiers. De manière générale, la Cour déplore que « la ville ne dispose toujours pas d’une base de données exhaustive permettant de connaître de manière très fine la consistance de son patrimoine ».
Elle pointe notamment la faiblesse de l’outil informatique de suivi du patrimoine de la ville, un « référentiel patrimoine » dont l’ambition était pourtant de « disposer d’une base de données assortie de données, juridiques et financières complètes ». Les sages jugent donc que « faute de vision globale, [la ville] est dans l’incapacité de gérer de manière efficace et économe les biens dont elle est propriétaire ou locataire et de construire une stratégie rationnelle et éclairée de la gestion de son patrimoine ».
Un « enjeu considérable » pour la CRC, qui rappelle que « la ville est propriétaire de près de 450 écoles, de 65 établissements liés à la petite enfance, de 85 établissements culturels, de 5000 références de constructions et 3000 références de terrains », tout en occupant « 70 000 mètres carrés de bureaux et 30 000 mètres carrés d’ateliers répartis sur 72 sites ». Voici donc une sélection de quelques dossiers pointés du doigt par le rapport d’observation.