Sébastien Lenzi a fondé Re-Lion Factory en 2020, rejoint en 2022 par Gwenaël Kervajan, une entreprise à mission qui veut construire la première unité industrielle de ré-emploi de cellules de batteries électriques, au Rove.
Le secteur des batteries au lithium, pour les besoins de mobilité électrique mais aussi de stockage stationnaire, génère des impacts préoccupants, tant sur le volet social – conditions d’extraction du cobalt au Congo notamment – que sur le plan environnemental avec les pollutions liées à l’extraction du lithium et la raréfaction des ressources. Leur approvisionnement presque exclusivement auprès d’entreprises asiatiques questionne la souveraineté de la France et de l’Europe en la matière.
On envoie au recyclage des batteries qui ont pourtant encore 70 à 80 % de leur capacité
Mais plaident les fondateurs phocéens de Re-Lion Factory : « iI reste tout de même une certitude, on envoie au recyclage des batteries qui ont pourtant encore 70 à 80 % de leur capacité, en moyenne. Cela devient trop juste pour faire avancer un vélo ou une voiture avec une autonomie satisfaisante, mais cela reste suffisant pour tous les besoins plus doux, comme l’éclairage autonome ou le stockage domestique. »
Depuis deux années, ils travaillent pour donner une seconde vie à nos batteries de vélos et trottinettes usagées, et demain aux batteries de voiture, en affectant les éléments qui les composent à un usage moins exigeant, au lieu d’acheter en Chine des cellules neuves. Il ne s’agit pas de repartir des matières premières, mais de démanteler les batteries de vélos et trottinettes, diagnostiquer chaque cellule pour les réaffecter au bon usage stationnaire en fonction de son état de santé.
« Alimenter des objets autonomes connectés comme des panneaux d’information, des caméras de vidéosurveillance, des bornes interactives, des capteurs de qualité d’air »
« Dans un premier temps, il a fallu que Re-Lion Factory s’assure un approvisionnement constant en batteries usagées. Car sans accès à un gisement régulier et fiable, il est impossible de développer une activité pérenne dans la seconde vie », raconte Sébastien Lenzi. Pour ce faire, Re-Lion Factory s’est rapprochée de Batribox3 (Paris), l’éco-organisme spécialisé dans la collecte des batteries en fin de vie. En application d’un règlement européen structurant pour la filière batteries, adopté à l’été 2023, la France se dote d’une filière REP (Responsabilité élargie des producteurs) dédiée à la petite électro-mobilité, et Batribox s’engage pour que le reconditionnement y prenne toute sa place.
« Nous avons ensuite éprouvé le process de démantèlement des batteries qui permet d’extraire en toute sécurité les cellules encore exploitables tout en séparant les composants inutilisables destinés au recyclage et leur reconditionnement dans de nouvelles coques, qui vont pouvoir alimenter des objets autonomes connectés comme des panneaux d’information, des caméras de vidéosurveillance, des bornes interactives, des capteurs de qualité d’air » poursuit Sébastien Lenzi.
770 000 euros de subvention européenne sur un investissement de 1,2 million
Avec l’appui en ingénierie de la Région Sud, Re-Lion Factory a obtenu du Fonds pour une transition juste, 777 000 euros de subvention européenne. L’investissement global pour la première unité industrielle dédiée au reconditionnement de batteries lithium en Région Sud-Provence-Alpes Côte d’Azur est selon Gwenaël Kervajan de 1,2 million d’euros. 350 000 euros sont en cours de levée auprès de family offices et business-angels. Il reste une phase de R & D pour exploiter un gisement de batteries hétérogène et garantir des produits fiables.
La start-up compte mettre en place une première ligne de production en 2025 avec huit salariés. Pour l’heure, les premières séries de cellules reconditionnées commencent à sortir. Le premier site de 500 m2 au Rove, concrétise pour Sébastien Lenzi un réel engagement pour l’économie circulaire. « Pour fournir le prototype de notre partenaire local Air Carto4, fournisseur marseillais des capteurs de qualité de l’air utilisés notamment par AtmoSud, nous utilisons les batteries de Iweech, spécialiste des smartbikes électriques haut de gamme, marseillais lui aussi. Ces boucles d’économie ultra-circulaire sont les plus vertueuses ! »
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Re-Lion Factory dans le programme d’incubation du groupe Renault
L’objectif serait de traiter 5 000 batteries de vélos et de trottinettes par mois. En parallèle l’équipe déploie un programme ambitieux de recherche et développement, pour proposer des batteries éco-conçues, spécialement optimisées pour recevoir des cellules Lithium de seconde vie. « Aujourd’hui, quand une simple cellule sur les 80 que compte une batterie de vélo est défectueuse, on jette tout ! Avec nos batteries, on retrouvera ce principe de bon sens : la cellule (de seconde vie) redevient un consommable, et la batterie peut durer toute une vie ! » résume Sébastien Lenzi.
Initialement positionnée sur les cellules de batteries de vélos et de trottinettes électriques, l’entreprise à mission ambitionne d’étendre d’ici deux ans son expertise à toutes les batteries de petite et de grande mobilité. Le Groupe Renault dans le cadre de son hub d’innovation « the future is neutral », accompagne le déploiement de Re-Lion Factory à travers son programme d’incubation. À Flins (78), sur le site de la Refactory, ils tentent d’anticiper le moment où arrivera le raz-de-marée des batteries de voiture en fin de vie.
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