Pour son quatrième conseil municipal à la tête de la ville, le Printemps Marseillais rentre dans la réalité de l’exercice du pouvoir : « On donne les principales impulsions du mandat, le chemin que nous voulons tracer », avait annoncé le président du groupe majoritaire, Joël Canicave lors du point presse organisé jeudi 2 octobre. Confirmation ce lundi 5 octobre avec un copieux programme de plus de 280 délibérations dont de nombreuses mesures phares évoquées pendant la campagne. Et une séance marathon de plus de 8h !
Fin de la privatisation de la Villa Valmer, gratuité des musées, cité de la transition écologique… La nouvelle majorité a marqué un véritable virage à gauche pour ce premier véritable conseil municipal politique trois mois après l’élection de Michèle Rubirola. La nouvelle maire de Marseille est pourtant toujours absente, en convalescence et c’est son premier adjoint Benoît Payan qui a présidé la séance. Le socialiste, habitué à mener la charge pour l’opposition lors de la dernière mandature de Jean-Claude Gaudin, a pris un malin plaisir à mener les débats et recadrer l’ancienne majorité depuis le perchoir : « On ne parle pas après les adjoints, c’est ce que vous avez fait pendant des années, on ne va pas inverser maintenant. Je sais c’est dur, mais vous allez vous y habituer », lance-t-il avec malice à Laure-Agnès Caradec, l’ancienne adjoint à l’urbanisme et toujours présidente d’Euroméditerranée.
La droite fustige la politique « quinoa » de la mairie
La droite ne s’est pour autant pas privée d’attaquer la nouvelle majorité. Le maire LR des 9e et 10e arrondissements, Lionel Royer-Perreaut parlant de politique au « quinoa » après s’être fait servir « du poulet » pendant la campagne faisant à référence à la formule du mouvement Mad Mars. Profitant d’une délibération sur l’assemblée du futur, un organe de réflexion sur le changement climatique imaginé par l’écologiste Sébastien Barles, il accuse le Printemps Marseillais d’opposer démocratie participative et démocratie représentative : « Vous créez des assemblées qui viennent concurrencer les assemblées où nous sommes légitimement élus. Ce ne sont pas avec de nouveaux conseils et des assemblées que vous allez rassurer les Marseillais qui attendent des actes concrets », prévient-il. Un argument rapidement balayé par l’adjoint à la transition écologique : « Ce n’est pas un gadget qui va supplanter les élus. C’est complémentaire. Il est essentiel que le citoyen se réapproprie la chose publique », rétorque-t-il. L’adjoint au plan écoles, Pierre-Marie Ganozzi, étaye un peu plus ce choix de la majorité : « Le mouvement des gilets jaunes et les chiffres de la participation aux dernières élections montrent que notre démocratie n’est pas en bonne santé. Nous croyons à l’intelligence collective pour la régénérer », justifie-t-il.
Les régionales s’invitent au conseil municipal
Du côté du Rassemblement national, Stéphane Ravier y est allé aussi de sa raillerie taxant de « bobo » la volonté de développer le vélo à Marseille. Mais à quelques mois des régionales, le sénateur n’a pas épargné non plus ses camarades LR et notamment le général Galtier sur la sécurité « Merci de rappeler à quel point vous avez été nuls », lance-t-il à celui qui l’a battu aux élections municipales dans le 13-14. La conseillère régionale LR Isabelle Campagnola-Savon a pour sa part pris la parole au nom de son président Renaud Muselier sur la participation réclamée par Benoît Payan aux Jeux Olympiques : « Cette délibération est purement scandaleuse. Vous annoncez une participation de la Région de 3 millions d’euros mais en aucun cas, nous ne participerons à l’investissement sur les Jeux car ce n’est pas de notre compétence », objecte-t-elle. L’élu LR des 9-10, Pierre Robin, lui emboîte le pas : « vous avez une drôle de façon de faire des économies en faisant payer les voisins ». Face aux critiques, Benoît Payan ne sort pas de sa ligne et met la pression sur Renaud Muselier : « Vous feriez mieux de convaincre monsieur Muselier que sur ces questions-là, on ne peut pas faire de politique. Je ne pense pas qu’il souhaite que Marseille rate les jeux olympiques ».
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