Une feuille de papier blanc, un pinceau, de la peinture acrylique noire et de la colle à papier peint : telles sont les armes du collectif Collages Féministes Marseille. Les membres du groupe, femmes et transsexuelles, ne font pas de l’art. Elles interpellent avec des mots qu’elles collent sur les murs de la ville : « Je te crois », « Nos corps, nos choix » ou « Toutes guerrières ». Ces serial colleuses placardent des phrases chocs pour donner à voir et lutter contre les violences faites aux femmes et aux minorités de genre. Le 30 mars dès potron-minet, Gomet’ a suivi trois membres du collectif dans leur action, de la création au collage, pour comprendre la quintessence du mouvement.
Nos trois colleuses rencontrées précédemment, Clara, Anna et Lucy, se sont réunies à quelques heures de l’action. Toutes les trois, agenouillées autour de la table basse, commencent à peindre dans un silence solennel, presque religieux.
Derrière les mots, des sensibilités et des idéaux différents
Avant de se retrouver, chacune connaît la phrase qui figurera sur ses feuilles. Anna nous explique comment le groupe s’organise via leurs discussions interposées sur les réseaux : « Chacune d’entre nous poste une phrase sur le groupe. Ensuite, on vote et on se met d’accord sur qui les peindra et qui les collera ».
Clara choisit de redonner vie au mot disparu de la langue française « Adelphité ». Dans les écrits de Florence Montreynaud, historienne et militante féministe « l’adelphité désigne des relations solidaires et harmonieuses entre êtres humains, femmes et hommes ». De son côté, Lucy peint une phrase tirée du livre La couleur des sentiments de Kathryn Stockett. Elle évoque la citation « Tu es belle, tu es intelligente, tu es importante » d’une nourrice aimante qui la répète sans cesse à une petite fille que sa mère dévalorise. Pour Anna, il est nécessaire de « donner de la force aux victimes de violences sexuelles ». Elle écrit donc « Je te crois ».
Une fois peintes, elles disposent les feuilles autour de la table pour qu’elles sèchent. Toutes trois discutent autour d’un café quelques minutes puis s’activent. Il est 10h30. L’heure de retrouver une autre colleuse dans une rue perpendiculaire à la place de La Plaine. Lucy explique « qu’il faut être minimum trois pour coller et maximum cinq pour ne pas être trop repérées ». Avant le couvre-feu « on partait la nuit » mais à présent « on colle à la lumière du jour, sous le regard parfois surpris des passants » dit-elle.
La rapidité entre le moment où la feuille A4 effleure le mur, où la phrase est assemblée puis collée, est impressionnante. Leurs gestes semblent mécaniques, rythmés comme du papier à musique. Une émotion se diffuse lorsque la phrase, fraiche, est visible. Elles prennent quelques photos, puis enchaînent…
La suite dans notre prochain volet demain :
Collages Féministes Marseille : se rebeller pour se libérer (3/3)
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