L’organisation mondiale de la santé (OMS) réintègre l’hydroxychloroquine dans son essai clinique international Solidarity. Elle avait retiré le médicament de la liste des traitements étudiés deux jours après la publication de l’étude du Lancet du 23 mai sur l’inefficacité et la dangerosité de l’hydroxychloroquine. Dans un point presse du mercredi 3 juin, le directeur général de l’OMS, Tedros Ghebreyesus, a indiqué qu’aucun signal de toxicité significatif n’avait été constaté chez les patients recevant l’hydroxychloroquine.
Ce revirement fait à la suite à la déclaration mardi 2 juin du Lancet mettant en doute l’article de Mandeep Mehra, professeur de cardiologie à Harvard, et Sapan Desai, de la société d’analyse de données de santé Surgisphere. La revue « alerte les lecteurs sur le fait que de sérieuses questions scientifiques ont été portées à (son) attention » au sujet de cette étude, qui fait actuellement l’objet d’un audit initié par ses auteurs.
En France, l’article du Lancet avait conduit le ministre de la santé, Olivier Véran, à annuler la dérogation permettant l’utilisation de l’hydroxychloroquine hors autorisation de mise sur le marché. L’étude Discovery avait également suspendu ses essais sur le traitement. Après ce nouveau retournement de situation, l’agence nationale du médicament étudie la possibilité de réintégrer le traitement plébiscite par le professeur Raoult et devrait donner sa réponse très prochainement.
Etude du Lancet : des « Pieds nickelés » selon Raoult
Dans sa dernière vidéo publié mardi 2 juin intitulée « Les Pieds nickelés font de la science », Didier Raoult boit du petit lait. L’infectiologue tourne en dérision la publication du Lancet publication « faite avec un ordinateur sans avoir jamais vu un seul malade ». Pour Didier Raoult, cette étude est « totalement fausse » avec des chiffres « hallucinants » : « Il y a plus de morts dans cet article que dans les pays qui les ont déclaré », relève-t-il. Après avoir décrédibilisé ses auteurs, il revient sur son propre parcours : « J’ai un cursus qui fait rêver à peu près n’importe qui (…) J’ai tout eu dans ma vie. C’est moi, l’élite », affirme-t-il. Malgré une reconnaissance unanime de ses compétences, Didier Raoult et ses méthodes continuent de diviser. Dans son dernier numéro, Le Canard Enchaîné révèle une enquête en cours sur la légalité de ses essais thérapeutiques.
Didier Raoult accusé d’avoir prescrit la chloroquine sans l’accord des patients
Selon le journal satirique, le Parquet de Marseille a reçu au début du mois d’avril un signalement d’un médecin dénonçant les pratiques du professeur Raoult. Ce confrère accuse le directeur de l’IHU Méditerranée Infection d’avoir mené ses essais thérapeutiques autour de l’hydroxychloroquine sans le consentement formel des patients. La plainte porte plus précisément sur la première étude dévoilé le 27 mars dernier par les équipes de Didier Raoult. Ces derniers ont présenté ces travaux comme une simple « recherche observationnelle » et selon Le Canard Enchainé, ce terme indique sur le plan juridique que l’accord formel du patient n’a pas nécessairement été donné.
À la demande de la procureure de Marseille, l’Agence nationale du médicament a mené une enquête et conclue que « les modalités d’information des patients et de traçabilité de la motivation de la prescription ne sont pas conformes aux exigences légales ». Face à ces inquiétudes, l’Agence nationale a saisi l’Ordre des médecins.
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