Vous l’avez très certainement remarqué, sur Gomet’ la politique est partout ! L’actualité politique de cette année 2015 a été intense : élections régionales et départementales mise en place chaotique de la métropole, conflits sociaux ont alimenté notre site internet ainsi que les conversations. Jean-Claude Gaudin, Christophe Castaner, Guy Teissier, Maryse Joissains, Christian Estrosi, Martine Vassal, Stéphane Ravier, Marion Maréchal-Le Pen et tant d’autres ont été de nombreuses fois cités dans nos articles. Retour sur cette année, (incontestablement) celle de la politique. Rétrospective…
Janvier 2015
Janvier, le compte à rebours est lancé ! Dans un an, les six EPCI* (Etablissement public de coopération intercommunale) existants fusionneront pour devenir la métropole Aix-Marseille-Provence, au 1er janvier 2016. Et ce qui deviendra par la suite un feuilleton métropolitain ne manquera pas de rebondissements. Il y a ceux qui sont pour la création d’une métropole et ceux bien-sûr qui s’y opposent fermement. Ceux qui voit d’un mauvais oeil l’importance de Marseille dans cette nouvelle institution, et ceux qui ne sont pas d’accord.
Le 12 janvier, les maires des Bouches-du-Rhône font part de leur colère dans un communiqué. Alors qu’ils pensaient avoir été entendus par le premier ministre Manuel Valls concernant des questions qu’ils jugent essentielles, les membres de l’Union des maires du 13 estiment que « la co-rédaction d’amendements promise par le premier ministre s’est soldée par un texte gouvernemental imposé ne répondant pas aux exigences des maires. » Sur quatre points sensibles – la maîtrise des plans d’urbanisme, la garantie et la préservation des ressources communales, la préservation transitoire des intercommunalités satisfaction, une meilleure représentativité des communes hors Marseille – l’Union des maries n’obtient pas satisfaction. Cela alors que le débat public sur la Loi Notre qui s’ouvre le lendemain, mardi 13 janvier, au Sénat.
De son côté Jean-Claude Gaudin, maire de Marseille, se réjouit de « voir le gouvernement prendre en compte ses propositions et rejeter celles tendant à dénaturer ou retarder la mise en place de la métropole. (…) Ce nouvel EPCI, qui devra assurer la cohérence et une véritable solidarité à l’échelle de l’aire marseillaise, sera un atout pour le développement (…), tout en simplifiant notre paysage institutionnel. Des éléments majeurs pour donner à Marseille une vraie lisibilité internationale. »
*La Communauté urbaine Marseille Provence Métropole ; la Communauté d’agglomération du Pays d’Aix ; la Communauté d’agglomération Agglopole Provence ; la Communauté d’agglomération du pays d’Aubagne et de l’Étoile ; le Syndicat d’agglomération nouvelle Ouest Provence et la Communauté d’agglomération du pays de Martigues.
12 janvier toujours, on pense déjà aux élections régionales de décembre 2015 du côté d’Europe Ecologie les Verts. Ce jour là, les élus EELV du Conseil régional font le point sur les grandes échéances de l’année, et estime que le rapport entre le PS et les Verts est équilibré. Pour Sophie Camard comme pour Christian Desplats, les co-présidents du groupe écolo, il faut absolument éviter le désastre des municipales de Marseille. D’autan que Michel Vauzelle ne briguera pas de mandat supplémentaire en tant que président de la Région Provence-Alpes-Côté d’Azur, poste qu’il occupe depuis 1998.
Janvier c’est aussi le mois d’un conflit social qui oppose Marseille Provence Métropole au syndicat Force Ouvrière. Le 22 janvier, FO engage le bras de fer avec le président Guy Teissier sur les poubelles de MPM. Les grévistes protestent contre leurs nouvelles conditions de travail mises en place à la suite de la réforme du « fini-parti ». Le lendemain, MPM affirme avoir adressé des signes d’apaisement, de bonne volonté, et proposé des avancées significatives sur les revendications exprimées : renforcement des effectifs dans les secteurs en tension (9/10-11/12) en attendant le redéploiement des moyens ; sanctions mesurées à l’encontre des agents en situation de grève illicite ou ayant refusé d’appliquer les consignes de leur hiérarchie fin décembre… ».
6 jours de grève plus tard, le 27 janvier, c’est la fin du conflit des éboueurs à Marseille, FO et MPM trouvent un accord après une journée entière de négociations. Les éboueurs reprennent le travail le lendemain matin après avoir bloqués tout le week-end des centres de transferts de déchets. Qui aura cédé le plus de terrain ? Force Ouvrière obtient satisfaction sur de nombreux points ; MPM ne perd pas la face en maintenant le contrat local de propreté et en ne dépensant pas un centime de plus selon Guy Teissier. Le CLPsera plus long à mettre en place. Jusqu’au prochain conflit ?
Février 2015
Les 9 et 10 février, Manuel Valls et ses ministres sont attendus à Marseille pour parler, entre autres, sécurité et vidéosurveillance. Hasard du calendrier, le matin même, un règlement de comptes éclate à la Castellane dans les quartiers Nord de Marseille. Des tirs de kalachnikov qui perturbent la visite du premier ministre.
Mars 2015 :
Mars, c’est le mois des élections départementales. Premier tour le 22 mars, l’UMP (aujourd’hui LR) de Martine Vassal arrive en tête devant le PS de Jean-Noël Guerini. Pour l’élue de droite, c’est la fin de l’ère Guérini. Durant l’entre-deux tours, Gomet s’interroge : le « vaisseau bleu », sera-t-il bientôt très bleu ? En référence au bleu de l’UMP. Et au soir du second tour, le 29 mars, c’est finalement bel et bien l’UMP-UDI de Martine Vassal qui met fin au règne de Jean-Noël Guérini dans les Bouches-du-Rhône.
Avril 2015
Sans surprise donc, le 2 avril, Martine Vassal est élue présidente du Conseil départemental des Bouches-du-Rhone. Elle a été élue avec 32 voix contre 9 au candidat socialiste Jacky Gérard, 7 au PC-Verts Claude Jorda, et 2 voix pour le candidat FN Jean-Marie Verani. Huit bulletins ont été comptabilisés comme nul. Il y aura 15 vice-présidences. A peine quelques jours plus tard, le 16, elle choisit ses « ministres » : ainsi Sabine Bernasconi, la maire adjointe des 1er et 7ème secteurs de Marseille aura en charge les affaires culturelles, Didier Réault l’adjoint à la mer et siégeant aussi à MPM aura en charge les Finances et Yves Moraine, le maire des 6 et 8èmes arrondissement obtient la délégation des appels d’offre. Quand à Maurice Di Nocera, adjoint aux grands événements à la ville de Marseille, il hérite de la délégation des Sports en remplacement de l’historique adjoint, le socialiste René Olmeta qui ne siège plus au Département.
Très vite, le milieu politique balaye les élections départementales pour se tourner vers les régionales de décembre. Le 11 avril, Stéphane Ravier choisit la petite-fille pour les Régionales, préférant Marion Maréchal-Le Pen comme tête de liste en Paca, à son grand-père Jean-Marie. Côté Les Républicains, le 14 Nicolas Sarkozy choisit Christian Estrosi comme chef de file.
Le 20 avril, on s’écarte de la politique vers la justice. Le premier adjoint au maire de Marseille Dominique Tian est rattrapé par son argent suisse. Il est épinglé par la haute autorité de la transparence de la vie publique et aurait omis de déclarer notamment 1,5 million d’euros d’avoirs en Suisse dans sa déclaration de patrimoine. « La haute autorité me reproche d’avoir déclaré en société commerciale un hôtel quatre étoiles dont je suis propriétaire et gérant à Bruxelles, explique-t-il. Elle voudrait qu’elle soit sur mon patrimoine personnel. Il n’y a aucune raison de la faire. C’est une société légale, un outil de travail. »
Mai 2015
Après Christian Estrosi pour Les Républicains, Sophie Camard est désignée chef de file écologiste et plonge dans le grand bain des régionales en Paca le 10 mai. « Je suis très heureuse d’être désignée tête de liste écologiste en Région Provence Alpes Côte d’Azur, à l’issue du Conseil fédéral d’Europe Ecologie Les Verts » dit-elle dans un communiqué.
Côté métropole, le 21 mai Guy Teissier son intérêt pour gérer la future métropole :
Mais cette métropole ne fait décidément jours pas l’unanimité… ni Manuel Valls ! Le 29 mai, le petit-déjeuner qui se déroule le matin à la préfecture le premier ministre et les présidents des six établissements publics intercommunaux ne semble pas avoir fait beaucoup gagner en popularité la future métropole Aix Marseille Provence. Guy Teissier, président de l’EPCI MPM déclare à l’issue de la rencontre : « 50 millions c’est trop peu. Il nous faut davantage. Nous pensons avoir été entendus mais aucune réponse n’a été donnée. » Et d’ajouter : « Nous voulions avoir les moyens pour porter les grands projets métropolitains. » Le maire de Salon de Provence et président de la communauté Agglopole, Nicolas Isnard, prend l’exemple de la rénovation de la gare de Salon : « ce sont 18 millions d’euros. Alors 50 millions pour mettre en place la métropole c’est pas assez. Avec de tels moyens ce sera un bide. Avec de vrais moyens ce sera une réussite. »
Dans la foulée se tient un conseil interministériel exceptionnel avec Manuel Valls et neuf de ses ministres. A la sortie de ce conseil, Manuel Valls appelle à la mobilisation pour construire une « métropole spectaculaire ». L’Etat accordera ainsi un « surcroît de dotation de 50 millions d’euros » par an, mais face au mécontentement des présidents d’EPCI, le Premier ministre laisse la porte ouverte aux « négociations. » Par ailleurs, il accordera 30 millions supplémentaires liés à la péréquation. Et encore 1,6 milliard d’euros dans le cadre du plan Etat-Région (un financement qui ne concerne pas qu’Aix Marseille Provence).
Juin 2015
Le 12 juin, le député des Alpes de Haute-Provence et maire de Forcalquier Christophe Castaner, désigné candidat du Parti Socialiste pour les Régionales entre en campagne et présente son projet à la presse. Christophe Castaner déclare travailler « au rassemblement des forces de gauche : écologistes, communistes mais aussi des petits partis ». L’ouverture sera faite aussi « aux forces vives » [personnalités issues de la société civile]. Selon une source bien informée, un accord pourrait être trouvé avec les écologistes sur le projet comme sur la liste pour porter directement une candidature commune.
Le 18 juin, la nouvelle présidente du Conseil départementale Martine Vassal convoque les Etats généraux pour imaginer l’avenir de la Provence. Martine Vassal souligne quelques-uns des « milles atouts » du département des Bouches-du-Rhône qui produit 50% des richesses de toute la Paca.. Qui est le premier producteur français de fruits et légumes… Qui compte 9 000 chercheurs et créera cette année 5 000 emplois industriels ! L’élue marseillaise espère que ce semestre de concertation permettra de réduire la fracture démocratique qui s’est ouverte entre les citoyens et leurs dirigeants. En novembre, le Conseil Départemental devra synthétiser les propositions retenues. D’où découlera, en janvier 2016, le projet du futur provençal – étant promis que l’impôt ne saurait augmenter pendant ce mandat de six ans .
Septembre 2015 :
Septembre, c’est la rentrée politique. Côté Régionales, Christian Estrosi choisit le 24 pour présenter sa liste. Le député-maire de Nice était entouré de personnalités politiques telles que Jean-Claude Gaudin, mais aussi Renaud Muselier. En quelques chiffres la liste Les Républicains, c’est 51 noms, dont 13 marseillais (6 hommes et 7 femmes). Richard Miron, adjoint au maire de Marseille, délégué au sport, présent également sur la liste, se dit confiant pour ce scrutin: « On part favoris, affirme t-il, car nous sommes trois familles politiques réunies [UDI, Modem et Les Républicains, NDLR], en revanche ce n’est pas une course de chevaux, ce sont les électeurs qui décident »
Le 25, nous dévoilons l’information selon laquelle Christophe Madrolle mènerait la liste PS aux régionales dans les Bouches-du-Rhône. Après des mois d’attente, cette nomination signerait l’entrée en campagne de Christophe Castaner. Christophe Madrolle n’est pas un inconnu sur la scène politique marseillaise. Attaché parlementaire de Jean-Luc Benhamias, duquel il a toujours été fidèle, il a mené la plupart de ses combats électoraux dans le 3ème secteur de Marseille.
Le 29, nous apprenons la naissance d’une liste commune des Verts et du Front de gauche pour « secouer » la gauche en Paca. La liste « Pour une Région-Coopérative, Sociale, Ecologiste et Citoyenne » se présente comme la véritable alternative de gauche avant le scrutin de décembre prochain. Sophie Camard, conseillère régionale du groupe Les Verts et Jean-Marc Coppola, secrétaire départemental du Parti communiste dans les Bouches-du-Rhône et tête de liste du Front de Gauche aux dernières élections régionales en 2010 en Paca en sont les représentants.
Octobre
Dans le dossier métropole, Maryse Joissains continue à tempêter contre la « monstropole » puis le future « nécropole ». En riposte, elle propose à son conseil municipal fin septembre d’adopter une résolution pour la création d’une métropole… aixoise.
Une initiative validée par les élus de la Communauté du Pays d’Aix. Côté métropole, Jean-Claude Gaudin officialise sa candidature le 14 octobre après avoir ménagé un faux suspense. Il présente sa méthode et ses objectifs dans un entretien accordé à Gomet’.
Novembre
Le 9 novembre les 240 élus métropolitains ont rendez-vous à Marseille pour l’élection du président de la future métropole Aix Marseille Provence. La convocation de l’assemblée est contestée par plusieurs recours qui sont même pris en compte par le tribunal administratif à 48 heures de la réunion. Celle-ci paraît même temps remise en cause.
Le premier conseil métropolitain se tiendra bien mais dans des conditions ubuesques. La présidente de séance n’est autre que Maryse Joissains en tant que doyenne des présidents d’EPCI. Celle-ci décide donc de lever le conseil après un discours liminaire, considérant que les arrêtés du tribunal administratif rendent la tenue de l’assemblée impossible. Sylvia Barthélémy (qui a convoqué le conseil) appelle alors Guy Teissier deuxième doyen pour présider la séance ! Maryse Joissains à qui l’on coupe le micro s’en va furieuse. Jean-Claude Gaudin est élu dans la foulée président.
Décembre
Coup tonnerre le dimanche 6 décembre. Les sondages avaient vu juste. Marion-Maréchal Le Pen arrive en tête des élevions régionales avec plus de 40% des voix. Christophe Castaner, le candidat socialiste, arrivé troisième annonce son retrait pour faire battre le FN au second tour. Le dimanche suivant, c’est bien Christian Estrosi avec 54% des voix qui remporte la Région Paca devenue entièrement bleue et bleue marine.
Il était écrit que la Métropole Aix Marseille Provence naîtrait dans des conditions difficiles. Nouveau rebondissement le 18 décembre. Alors que la veille la ministre de l’Aménagement du territoire, Marylise Lebranchu célèbre, à Marseille, au Parc Chanot, le travail de la Mission interministérielle consacrée au projet, le conseil d’Etat publie un communiqué exploit vendredi 18 décembre annonçant la suspension de la métropole et la poursuite des EPCI tant que le conseil constitutionnel ne s’est pas prononcé sur les recours.
Maryse joissains se félicite : « c’est une victoire des petits contre les gros ».
La métropole suspendue, les EPCI sauvés in extremis. C’est ce que tout le monde pense le lundi suivant lors du conseil communautaire de Marseille Provence Métropole. « Ce devait être le dernier conseil de MPM, ce sera le dernier… de l’année » lance Guy Teissier en présence de Jean-Claude Gaudin qui ne cache pas son embarras et demande au gouvernement de se prononcer.
Trois jours plus tard, l’Etat confirme le calendrier initial.
Les EPCI disparaissent bien et le 1er janvier la Métropole Aix Marseille Provence prend le relais. Mais les convocations des premiers conseils de territoire et la première assemblée métropolitaine annoncée pour le 11 janvier sont annulés. L’incertitude juridique risque de durer plusieurs semaines voire mois en attendant l’avis du conseil constitutionnel.Vous avez aimé 2015, vous allez adorer 2016 !