De Saint-Joseph, les Marseillais connaissent l’hôpital des quartiers sud au boulevard de Louvain, hôpital en chantier dont nous avons parlé. Depuis 20 ans le groupe, autour de la Fondation Saint-Joseph, s’est élargi à une dizaine d’établissements qui emploient plus de 600 salariés. La croissance du groupe Saint-Joseph, sa constitution même en groupe provient de sollicitations d’autorités ou d’organismes qui voient dans la Fondation et l’Hôpital un appui pour pérenniser des activités souvent à bout de souffle. Une dizaine de structures fait partie de ce qu’il faut appeler désormais le groupe Saint-Joseph qui devient un acteur médico-social majeur et souvent méconnu.
Six Ehpad
Première lignée d’établissements : les Ehpad, les Établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes. L’Association Saint-Joseph Seniors en gère six et bientôt sept. La première, la Maison de retraite « la Salette Montval », fut une création en 1906 de l’abbé Jean-Baptiste Fouque, elle est dans le 9e arrondissement de Marseille et compte 175 lits. L’Uriops (Union régionale interfédérale des œuvres privées sanitaires et sociales) qui unit les associations des secteurs sanitaire, social et médico-social, a sollicité Saint-Joseph pour prendre en gestion cinq Ehpad en plus au travers de l’Association Arege. Ils étaient la propriété de la Congrégation des franciscaines missionnaires de Notre-Dame qui ne pouvait plus en assurer la gestion. Ils sont dorénavant structurés au sein de l’Association Saint-Joseph Seniors. Cette association présidée par Xavier de Roux est « dédiée à l’accueil, l’accompagnement et la défense du grand âge » et emploie plus de 300 personnes, elle héberge 514 résidents dans trois départements (Bouches-du-Rhône, Var et Pyrénées-Atlantiques). Dans le maelström qui a secoué les Ehpad, Saint-Joseph Seniors réaffirme que son activité est « non lucrative, intéressée uniquement par l’humanité et l’épanouissement de [nos] résidents, centrée sur leurs parcours de vie, leurs besoins, à l’écoute de leurs familles et de leurs proches ».
514 personnes âgées dans six résidences
- La Résidence Notre-Dame dans le quartier de Saint Just à Marseille a été construite en 2010 et compte 90 lits.
- Flore d’Arc est située à Gémenos, accueille 72 résidents dans une bastide provençale réhabilitée, environnée d’un parc arboré au cœur du bourg.
- Le Pradon dans le Haut Var accueille 56 résidents dans une bastide de caractère réhabilitée. (Ce fut la résidence de retraite de Sœur Emmanuelle)
- Notre Dame des Anges à Lorgues, dans le Var, accueille 55 résidents dans un mas provençal traditionnel réhabilité, avec un jardin à usage thérapeutique.
- Osteys, situé sur le plateau Saint-Étienne à Bayonne, accueille 66 résidents
- La Salette-Montval à Marseille au pied du massif des Calanques, accueille 175 résidents avec une possibilité de prise en charge Alzheimer.
Un hôpital psychiatrique pour femmes
Autre « croissance externe » sur sollicitation de son conseil d’administration, l’un des plus vieux hôpitaux psychiatriques de Marseille, exclusivement dédié aux femmes adultes, la Maison de santé de Saint-Marthe dans le XIVe. Il était géré par l’association Germaine Reboul-Lachaux depuis 1987 ; son conseil d’administration avait un âge avancé et son établissement était très fragilisé. L’établissement est devenu la Clinique Sainte Marthe Saint-Joseph présidée par Dominique Deroubaix. Il dispose de 75 lits de court séjour ; un hôpital de jour de 12 places et un hôpital de nuit de quatre places y ont été ouverts depuis 2018.
Un projet de réhabilitation et d’extension a été récemment lancé. « Le projet, précise Florent Rovello, directeur général de la clinique, consiste à réhabiliter, à « humaniser », le bâtiment principal des années 1970 (coût : 4,7 millions d’euros) et à construire une extension après démolition d’un bâtiment ancien du XIXe siècle (coût : 4,2 M€). Au total, le projet fait 9 M€ et a obtenu une subvention de l’État dans le cadre du dispositif Ségur investissement à hauteur de 1,8 M€. ». La construction et reconstruction sont conçues par l’Atelier Russo Colas.
L’aide à domicile
Toujours avec cette volonté de service, outre le service d’hospitalisation à domicile (HAD) qui relève de l’hôpital, Saint-Joseph développe l’aide à domicile avec l’association ABCD basée dans le IVe arrondissement. Elle couvre Marseille, Allauch, Plan de Cuques. ABCD – Saint-Joseph, présidée par Christine Bansillon-Deltort, assure des prestations de services ménagers et d’aide à la personne auprès de personnes âgées, de personnes en situation de handicap et auprès d’actifs avec 104 salariés pour plus de 700 bénéficiaires.« Notre but, explique le président Antoine Dubout, est d’assurer un service d’autonomie à domicile » en regroupant les services de soins et d’aide à domicile.
Pour répondre à cet appel virtuel de l’abbé Fouque à s’occuper des démunis d’aujourd’hui, Saint-Joseph a repris, l’Association Afor (Accueil-Formation-Orientation-Réadaptation), qui gérait depuis 1966 à l’origine trois CHRS (centre d’hébergement et de réinsertion sociale) pour des femmes seules ou avec des enfants en bas âge, sans logement et sans qualification professionnelle, sorties de prison, et, pour certaines d’entre elles, suivies en psychiatrie. La restructuration initiée en 2012 a conduit à la fermeture de deux des trois CHRS et a permis de retrouver un équilibre financier. Le partenariat entre l’Afor et la Fondation a été définitivement scellé le 27 janvier 2013. Saint-Joseph Afor est présidée dorénavant par Guy Nassi et s’est recentrée sur le CHRS « La Martine ». Situé dans le quartier de La Pomme, il dispose de 116 places, dont un tiers en hébergement collectif et deux tiers dans le secteur diffus. Depuis 2019, une crèche, hors des murs du CHRS, «Les Myosotis » peut accueillir 42 enfants.
« Nous avons créé une start-up éducative »,
Antoine Dubout
Un IFSI et un centre de simulation
Enfin, pour faire face au déficit de recrutement, après une tentative avortée avec la Croix rouge au Camas, Saint-Joseph a deux établissements de formation. D’abord l’IFSI Saint Jacques présidé par le Dr Marc Dupont, créé en 1936 et implanté aux Flamants depuis 1987, dans les quartiers nord. Il propose une formation d’aides-soignantes et une formation d’infirmières hospitalières (nombre d’étudiants : 450).« Et puis, raconte avec fierté Antoine Dubout, nous avons créé une start-up éducative », Sésame Simulation présidée par Laurence Figarella. Il s’agit d’offrir au personnel soignant une formation par la simulation en santé grâce à un matériel (comme un mannequin ou un simulateur procédural) et de la réalité virtuelle, pour reproduire des situations ou des environnements de soins, pour enseigner des procédures diagnostiques et thérapeutiques et permettre de répéter des processus, des situations cliniques ou des prises de décision par un professionnel de santé ou une équipe de professionnels. Le Centre de formation appelé Centre Saint Jean-Baptiste est basé boulevard de Louvain sur 700 m2. Il permet par exemple aux obstétriciens, de se former en simulant les actes sur des mannequins.
Des déménagements en vue…
Pour optimiser surfaces, services et investissements, Saint-Joseph préserve cette dizaine d’établissements, mais avec des mutations et des travaux en plus de ceux du siège.
Le site de la Salette Montval accueillera à côté de l’Ephad, chemin Joseph Aiguier, dans le 9e, un hôpital de soins de suite et de réadaptation et une unité de soins longue durée d’un peu plus de 6000 m2 dans lequel il y aura 120 lits. Les 60 lits du centre de soins de suite et de réadaptation Fernande Berger situés dans le quartier de la Rose, seront ainsi rapatriés sur ce site. Ce nouvel établissement, dénommé Hôpital Saint Joseph-Montval comprendra outre ces lits de soins de suite et de réadaptation (SSR), 60 lits en unité de soins de longue durée (USLD). Il devrait être mis en service en novembre 2023 et mobilise un budget de 23 millions d’euros.
Un ensemble social cohérent dans un univers apaisé pour les femmes en difficulté
Antoine Dubout, président
Ce sera ainsi un nouvel ensemble de près de 300 lits, Saint-Joseph Montval et la Salette-Montval. « Je souhaiterais y adjoindre, mais nous n’avons pas les financements, un lieu d’accueil et un lieu de répits des aidants », précise Antoine Dubout. « Dans 60 à 70% des cas les aidants meurent avant les gens qu’ils aident, ils meurent d’épuisement ! »
Le site de soins de suite Fernande Berger, belle bastide, don de Mme Berger à l’abbé Fouque, dans le XIIIe, va accueillir le CHRS géré par l’Association Saint Joseph Afor, actuellement basé à la Pomme. Il sera transformé et dédié aux femmes qui sont en rupture complète. L’établissement devrait ainsi créer une crèche sur place pour que ces femmes trouvent un travail. Et à l’entrée de la propriété, dans l’ancienne maison du gardien, le projet est d’ouvrir un point santé avec l’Ordre de Malte dédié aussi à la population féminine.« Ce qui ferait, souligne le président Dubout, un ensemble social cohérent dans un univers apaisé pour les femmes en difficulté. »
Un groupe de près de 4000 salariés…
La Fondation Saint-Joseph fédère donc un groupe important dans la métropole. L’Hôpital compte à lui seul 3200 salariés dont 400 médecins. Avec les 10 établissements que nous avons présentés, le groupe médico-social sanitaire pèse 3800 salariés directs, ce qui en fait après l’Assistance publique des Hôpitaux de Marseille, le plus grand opérateur du secteur qui, à bas bruit, investit et construit une proposition de services complémentaires et novateurs. En phase avec les besoins vitaux de santé, de soins et d’accompagnement du territoire métropolitain.
Lien utile :
L’hôpital Saint-Joseph met en chantier six nouvelles salles de blocs opératoires