La municipalité, qui a présenté son budget primitif vendredi 8 avril en conseil municipal, compte accélérer les recrutements, dans tous ses services. La masse salariale représente 641 millions d’euros, soit 60% du budget de fonctionnement de la Ville de Marseille. Un montant en hausse de 3,7 % par rapport à la mandature précédente, soit 22 millions d’euros supplémentaires, et qui pourrait encore augmenter si le dégel du point d’indice pour les fonctionnaires est acté par le gouvernement.
Ne pas réduire les effectifs : « Marseille n’est pas une ville suradministrée » (Olivia Fortin)
Ce budget alloué aux ressources humaines va permettre à la fois de procéder au recrutement d’agents pour remplacer les 600 sur le départ, ventilés de la sorte : 200 personnels dans les écoles, 100 dans les crèches et 300 répartis au sein d’autres services. Mais la Ville entrevoit aussi la création de 350 nouveaux postes qui ont vocation à répondre à un triple objectif : recruter dans des services laissés vacants dans les piscines et les bibliothèques notamment, comme dans celle des Cinq avenues (5e) qui vient de rouvrir; mieux encadrer les agents ; et permettre à la municipalité de se doter de compétences nouvelles dans des domaines « non prioritaires pour l’ancienne majorité », comme la transition écologique ou le logement – la Ville a récemment recruté l’ancien directeur de la Fondation Abbé Pierre à Marseille Florent Houdmon à la tête d’un service dédié. Si la création de 150 postes sur ces 350 a déjà été actée lors du conseil municipal de mars, le reste le sera au fil de l’eau.
« Une ville comme Paris compte 40% de fonctionnaires de catégories A et B pour 60% de catégories C. A Marseille, on dénombre 80% de catégories C. Il y a donc un déficit d’agents de catégories A et B pour les encadrer, les évaluer et leur permettre de progresser », expose Olivia Fortin, adjointe à la modernisation, au fonctionnement, à la transparence, à la coproduction de l’action publique. Le sujet de l’encadrement des agents concerne tout particulièrement les écoles. La Ville entend ainsi dédoubler les secteurs qui chapeautent les 470 écoles de la ville : de quatre, ils passeront bientôt à huit, afin de réduire le nombre d’écoles présentes dans chacun d’entre eux et fluidifier ainsi leur gestion.
Autre aspect que la majorité municipale souhaite clarifier : l’embauche des vacataires au sein des services municipaux. « Il s’agit normalement d’une fonction ponctuelle. Or, nous nous sommes aperçus en arrivant que certains agents travaillaient sous ce statut depuis de nombreuses années pour un même poste. Notre objectif est de remettre à plat les embauches de vacataires, d’arrêter d’embaucher à tour de bras et déprécariser les fonctions qui peuvent l’être », explique Olivia Fortin.
Aussi, pas question pour la nouvelle municipalité de réduire les effectifs des 14 782 agents déjà existants ( 11 847 permanents et 2935 non permanents) : « La Ville de Marseille n’est absolument pas sur administrée. L’objectif, c’est de faire en sorte que ça marche, avec les bonnes personnes à la bonne place », tranche Olivia Fortin.
Se mettre en conformité avec les remarques du PNF et de la Chambre régionale des comptes
Déjà en décembre dernier, la Ville avait adopté une charte de déontologie pour les élus et les agents, se mettant ainsi en phase avec les remarques de l’Agence française anti-corruption qui pointait notamment du doigt des rémunérations au delà des plafonds autorisés au sein du cabinet de l’ex-édile Jean-Claude Gaudin. Idem concernant le rapport du parquet national financier (PNF), paru en 2020, qui épinglait pour sa part des irrégularités dans le paiement d’heures supplémentaires non effectuées. La Ville a également entamé un processus de simplification de son organisation en faisant passer le nombre de directions générales adjointes de treize à huit. Sept d’entre elles sont désormais pourvues. La DGA « la ville plus juste, plus sûre et plus proche » occupée précédemment par Didier Ostré, devenu directeur général des services, est en cours de recrutement.
Mais ce remaniement au niveau des ressources humaines part aussi d’un autre constat, qui porte davantage sur le plan humain : « La philosophie de ce plan d’action, c’est de redonner à nos agents leur capacité d’agir. Ils font le plus beau métier du monde en délivrant un service public. Or, aujourd’hui, on constate une forte démotivation et un sentiment d’injustice parmi les agents, dus à un manque de moyen et une absence de progression dans leur carrière. Ils ont perdu leur fierté. », déplore Olivia Fortin, contactée par Gomet’.
Organisation de la Ville : associer les agents à la refonte du service public
Conformément à sa promesse de campagne, la Ville maintient régulièrement un dialogue social avec les syndicats pour obtenir des remontées de terrain et avancer conjointement sur les dossiers. Mais au-delà des syndicats, l’objectif est également de donner la parole au personnel.
Lors du conseil municipal du 8 avril, la Ville a ainsi exprimé sa volonté de permettre aux agents de s’impliquer dans la refonte de la fonction publique en prenant part à la rédaction d’un projet d’administration. « Il s’agira d’un document cadre pour récapituler l’ensemble des valeurs de notre administration et synthétiser nos politiques publiques. Près de 800 agents se sont déjà portés volontaires pour prendre part à la rédaction du projet », se réjouit Olivia Fortin. Ce document devrait voir le jour d’ici septembre, selon l’adjointe. Davantage sur le long terme, la municipalité a mis en place depuis une semaine un laboratoire d’innovation interne, qui doit permettre aux agents de s’exprimer sur le fonctionnement de leur service et proposer des solutions : « Les agents sont en première ligne toute la journée : ce sont eux qui connaissent les problèmes et les solutions », conclut l’adjointe.
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