Promouvoir le « Made in Provence » sans prendre dans ses valises un des fleurons de ce territoire. La tâche aurait peut-être été bien plus difficile sans un des symboles et des icônes de l’art de vivre en Provence : le savon de Marseille. Et c’est par kilos que le petit cube a débarqué au Japon, dans les bagages de l’entrepreneur marseillais Jean-Baptiste Jaussaud (Photo Une) et de son équipe, dignes représentants la Grande Savonnerie de Marseille.
Le fondateur du futur Musée du savon de Marseille, le MuSaMa, qui devrait ouvrir ses portes au printemps prochain, au 1er, rue Henri-Fiocca (1er arr.) dans un bâtiment haussmanien, fait partie de la délégation qui est actuellement au Japon, à Kyoto, Osaka et Kobé. Le patron de la Compagnie générale des savonneries et des huileries (CGSH), société spécialisée dans les produits locaux provençaux (savon de Marseille, huile d’olive, parfum de Grasse…) part avec des objectifs précis. Le premier : faire la promotion de l’axe industriel pour exporter le savon de Marseille. Dans ce but, « nous allons rencontrer des importateurs pour vendre du savon de Marseille au Japon ». L’export représente à l’heure actuelle 15 à 20% du chiffre d’affaires de la CGSH, soit 500 000 euros pour l’activité savon. « On grandit à l’export et on continue nos efforts », explique Jean-Baptiste Jaussaud, à l’occasion de la signature du bail du MuSaMa. Avant de se rendre au Japon, il était d’ailleurs en Biélorussie « pour convaincre de nouveaux acheteurs et conquérir de nouveaux marchés ».
L’autre axe qu’il entend développer sur place, c’est la filière touristique : « Là on va « vendre », le MuSaMa. On va rencontrer 80 professionnels du tourisme pour lesquels je vais faire une conférence sur le savon de Marseille et sur le MuSaMa, avec pour objectif de leur vendre des voyages, de les faire venir et d’être un portail sur la destination Marseille. » Il s’agit d’être convainquant auprès des Japonais. Même s’ils prisent la Provence, le contexte économique actuel là-bas leur est moyennement favorable, puisque leur inflation va plus vite que les taux de change. « Leur voyage ici leur coûte donc plus cher mais nous, nous volons leur montrer qu’on rajoute du service et que ça vaut toujours le coup de venir visiter Marseille. »
La visite au Japon sera aussi le cadre d’ateliers avec le maître savonnier, Sylvain Dijon, de la Grande Savonnerie, afin que les Japonais fabriquent leurs propres savons, « et qu’ils comprennent qu’il y a tout un artisanat et un savoir-faire derrière, et ça mérite d’en savoir plus, soit en achetant le produit et en se l’appropriant, soit en venant à Marseille, pour découvrir l’histoire de ce produit. » La boudineuse comme on l’a surnomme dans le métier a été envoyé sur place par avion ; soit près de 200 kilos de matériel destiné à la fabrication de savon de Marseille.
Les Japonais représente une « cible » de choix. « Il a beaucoup d’arguments spécifiques pour les Japonais qui sont très portés sur l’artisanat d’art, la tradition, les produits naturels… Je vais mettre en avant tous ces arguments. Ils adorent la Provence, les produits provençaux et les produits qui ont de l’histoire. » Un public qui aura même droit, en avant-première, à la visite virtuelle du MuSaMa, une bulle de technologie qui allie tradition et modernité.
Les temps forts de la mission Japon
L’ouverture du Forum de l’innovation, le mardi 6 décembre, au Knowledge Capital, a été marquée par les discours du ministre français de l’industrie, Christophe Sirugue, et des représentants de la région et métropole sur l’attractivité des territoires français. Didier Parakian, adjoint en charge de l’économie, des relations avec le monde de l’entreprise et prospectives, est intervenu dans ce cadre. L’après-midi même il s’est rendu, avec Dominique Vlasto, adjointe maire, déléguée au tourisme, congrès, croisières et promotion de Marseille au grand magasin Hankyu. La journée devait se terminer par une soirée de gala animée par les chefs marseillais, Frédéric Charlet, du Bistrot du cours, et Ippei Uemura (Tabi no Yume), sponsorisée par la Ville de Marseille, en partenariat avec l’Office de tourisme.
Deux grands témoins participent également à la mission Japon et interviendront dans la journée du mercredi 7 décembre : le professeur Nicolas Lévy, généticien, directeur du département génétique médicale à la Timone (enfants (APHM) et Fabrice Coquio, président d’Interxion France, référence européenne en gestion de data centers. « La France, terre d’innovation médicale : quelles opportunités pour les entreprises japonaises ? » a fait notamment l’objet d’une conférence, clôturée avec le Cluster Eurobiomed, qui a exposé ses missions, ses ressources et ses solutions dédiées aux sociétés et aux organismes de recherche de la filière santé pour les aider à innover, à se financer, à se développer et à atteindre leurs objectifs stratégiques et commerciaux pour, in fine, améliorer la prise en charge et la vie des patients.
Deux groupes japonais ayant investi à Marseille (Toyoko Inn et Tajima) ont également apporté leurs témoignages aux potentiels investisseurs japonais présents sur ce forum.
L’innovation au cœur de l’attractivité de la France et de ses territoires a été au centre de séminaires, avec les paroles d’experts, témoignages d’investisseurs et une intervention sur les secteurs d’excellence de Mathieu Vis, de Provence Promotion. Sans oublier les rendez-vous BtoB pour tous les partenaires de la délégation. Dominique Vlasto et Maxime Tissot, directeur de l’Office de tourisme de Marseille ont développé, quant à eux, l’offre innovante au service du tourisme. Le séjour à Kobé est l’occasion d’animations et de dégustations autour de produits provençaux, coordonnées par l’Office du tourisme, suivie d’un cocktail déjeunatoire offert par la Ville de Marseille à « La Maison de Provence ». Au programme également la visite du cluster santé, le plus grand du pays.
Reportage réalisé en partenariat avec la Ville de Marseille.