Le thème de la sécurité continue d’occuper les esprits à Marseille, tant du côté habitants, des commerçants que des élus. Mercredi 21 mai 2025 dernier se déroulait la présentation par la Ville de Marseille du dispositif de tranquillité du quartier de la Porte d’Aix. Lancé en janvier 2025 à Noailles, le plan de tranquillité du centre-ville s’est récemment étendu au quartier de la porte d’Aix. Depuis le 4 mars, la police municipale et la brigade de nuit, appuyées par le Centre de Supervision Urbaine (CSU), interviennent nuit et jour pour apaiser le secteur. Le but : améliorer le quotidien des riverains et des commerçants en luttant contre les nuisances.
Une stratégie adaptative
« On adapte la stratégie au secteur. (…) Chaque jour on adapte le dispositif en fonction des résultats » précise tout d’abord Céline Lefléfian, directrice de la police municipale et de la sécurité.
Benoît Payan, maire de Marseille prend la parole : « C’est important d’être partout dans la ville. On a commencé par Noailles avec une présence policière extrêmement forte » où « tout a changé », souligne-t-il avant d’affirmer que l’objectif était aujourd’hui le même dans le quartier de la porte d’Aix. « Ici, on est dans un arrondissement où on a une présence policière de la police nationale qui n’est pas la plus performante qui soit. Mais même si ça n’est pas le travail de la police municipale, moi je souhaite qu’elle soit présente », ajoute le maire en précisant l’installation prochaine d’une caméra 360 degrés à la porte d’Aix.
Puis, Benoît Payan met l’accent sur l’augmentation des effectifs policiers, toujours dans une volonté d’établir une proximité avec les habitants : « On est aujourd’hui 650 policiers municipaux (…) et nous recrutons 100 policiers chaque année, donc il y en aura 800 à la fin de l’année prochaine. (…) Vous avez une police municipale qui ressemble à Marseille et qui est respectée par la population. (…) Il n’y a pas d’autre police municipale de France qui avance comme la nôtre et qui fabrique un tel continuum de sécurité ». Son objectif : des policiers municipaux qui sont « proches de la population » avec un « travail coordonné » avec la population.
La parole aux commerçants
« Ça fait 31 ans que je suis là, et je crois que ça commence à aller mieux », évoque un commerçant optimiste. Les avertissements ces dernières années dans le quartier ont été nombreux.
D’autres mettent l’accent sur la présence cordiale des forces de l’ordre et des élus qu’ils n’hésitent pas à féliciter : « C’est la première fois que le maire de Marseille vient pour la sécurité du quartier. À un moment on était complètement abandonnés et il n’y avait plus de sécurité » explique Ahmed, un commerçant, avant d’ajouter : « Ils (les policiers, ndlr) font un travail extraordinaire. » « On est tous en sécurité. (…) Je n’ai jamais vu la police venir ici comme ils le font ici. (…) Les anciens, quand ils venaient ici, ils ne venaient que pour les élections. (…) C’est le seul maire de cette Terre qui vient sans les élections, qui vient voir, qui se déplace en civil », ajoute une autre commerçante. En revanche, bien que ce soit « chouette qu’ils viennent voir un peu », une passante remarque qu’« en général, c’est bien aussi de venir sans les journalistes, c’est plus intéressant » explique-t-elle.
Des efforts attendus sur la propreté et le stationnement
Certains déplorent néanmoins le manque de propreté au sein du quartier. Le maire explique : « On a aussi pensé à une opération de réaménagement plus grande du centre-ville pour que les gens se sentent bien dans l’espace public ». Il admet qu’« il n’y a pas de toilettes publiques, pas de points d’eau… » et accuse : « la ville de Marseille est la seule ville qui n’est pas bien nettoyée dans la Métropole (…) Marseille est pourrie, j’en ai honte », déplore-t-il.
Enfin, plusieurs se plaignent des PV et des contraventions liées aux places de parking, en dénonçant des places de stationnement trop peu nombreuses dans le quartier : « Je viens à 7h du matin pour trouver une place. On vient ici pour faire des affaires, on gagne un peu moins qu’ailleurs, et on se retrouve avec un PV de 135 euros » déclare un commerçant.
Un dispositif renforcé et en cours d’extension
« C’est une présence humaine 7/7 avec le traitement de la petite délinquance qui s’y organise. Nous le devons aux Marseillais et Marseillaises, et commerçants. (…) Plusieurs dizaines de personnes ont déjà été interpellées et remises au commissariat devant un EPJ par la police municipale, plusieurs centaines de paquets de cigarettes qui ont été saisis, de la marchandise sauvette aussi. Et prise en charge des individus en état d’ébriété » explique Yannick Ohanessian, l’adjoint à la sécurité au Maire de Marseille.
Centre-ville, hyper-centre puis étalement avec moyens supplémentaires en période estivale et médiateurs en soirée, il rappelle les moyens mis en place et l’augmentation de l’effectif de la police municipale doublé : 2020, 400 policiers et fin 2026, 800. Aujourd’hui, 650 policiers municipaux, soit 250 en plus. Et de préciser les arrondissements concernés : « Oui on va s’étendre : le 1er, le 2e, le 3e, le 4e, 5e, le 6e, le 7e, ça sera le grand centre-ville qui sera concerné par cette opération ».
Résultats concrets à la porte d’Aix
Enfin, Céline Lefléfian, dresse un bilan sans détour des opérations menées récemment sur la place et la porte d’Aix. « Nous faisons face à une accumulation de problématiques : ventes à la sauvette, concurrence déloyale, sentiment d’insécurité lié aux incivilités, à la consommation d’alcool sur la voie publique, aux rixes, sans oublier les trafics de stupéfiants et de cigarettes », explique-t-elle.
Face à cette situation, un dispositif musclé a été mis en place, avec une présence renforcée sur le terrain : patrouilles en VTT, scooters, motos, brigades à pied, appuyées par le CSU (. Jusqu’à cinq équipages ont été mobilisés aux heures de pointe, matin et soir, sans compter la brigade de nuit. « Nous sommes maintenant revenus à trois équipages, car la situation s’est apaisée », précise Céline Lefléfian.
En un mois, 54 interpellations ont été réalisées pour des faits variés. Parmi celles-ci :
- 10 pour ventes à la sauvette,
- 17 liées à des produits fortement taxés, des stupéfiants ou des substances vénéneuses,
- 4 pour contrefaçons,
- 14 pour infractions au code de la route (permis, assurance, refus d’obtempérer, etc.),
- et 10 pour d’autres délits.
Une saisie notable a marqué cette période : un individu interpellé en possession de 800 euros en espèces, 27 bonbonnes de cocaïne et 83 barrettes de résine de cannabis.
« Cette stratégie de mobilité et de réactivité nous permet d’agir vite et efficacement sur le terrain », conclut la directrice, soulignant l’importance d’un dispositif dissuasif et adaptable.
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