Les tractations électorales pourraient bien reprendre plus vite que prévu. Alors qu’à Marseille de nombreux candidats aux élections municipales ont appelé à suspendre la campagne, la Commission des lois du Sénat annonce jeudi 19 mars avoir adopté le projet de loi d’urgence pour faire face à l’épidémie de covid-19, en y introduisant un amendement qui fixe le dépôt des candidatures de second tour au 24 mars à 18 heures. Soit dans cinq jours. Ce qui a fait bondir le sénateur et candidat à la mairie de Marseille Bruno Gilles.
Second tour des municipales : un dépôt des listes rapide pour le Sénat
Le projet de loi d’urgence pour faire face à l’épidémie de covid-19 suit son chemin. Après être passé entre les mains des sages du Conseil d’Etat pour avis consultatif, il a été examiné par le Sénat ce jeudi 19 mars, qui l’a adopté dans la soirée, non sans y apporter des amendements. Dont l’un qui pourrait avoir des conséquences importantes sur la campagne électorale. « Par dérogation au 2° de l’article L. 255‑4, au troisième alinéa de l’article L. 267 et au second alinéa de l’article L. 224‑14 du code électoral, les déclarations de candidature sont déposées au plus tard le mardi 24 mars 2020 à dix‑huit heures. Elles peuvent être déposées par voie dématérialisée » ont ainsi ajouté les sénateurs au projet de loi initial.
Eviter que les échanges pour d’éventuelles fusions de listes ne s’échelonnent sur plusieurs mois
Commission des lois du Sénat
Un amendement motivé par la Commission des lois du Sénat : « Initialement, les candidats avaient jusqu’au mardi 17 mars 2020, dix-huit heures, pour déposer leur candidature au second tour des élections municipales et communautaires. Le 16 mars dernier, le ministre de l’Intérieur a indiqué que ce délai limite serait reporté, le Gouvernement envisageant de le fixer au dernier mardi précédant le second tour. […] En raison de la crise sanitaire, il convient, certes, de laisser davantage de temps aux candidats pour remplir leur déclaration de candidature. Il convient toutefois de préserver une certaine cohérence entre le premier et le second tour et d’éviter que les échanges pour d’éventuelles fusions de listes ne s’échelonnent sur plusieurs mois ».
“La #ComLoisSénat a examiné le projet du @gouvernementFR en veillant à mettre au premier rang de ses préoccupations la sécurité sanitaire pour lutter le plus efficacement possible contre l’épidémie du #COVID19” – @BasPhilippe, rapporteur de la #ComLoisSénat (@lesRep_Senat) pic.twitter.com/SwAGaKA0RO
— Sénat (@Senat) March 19, 2020
Bruno Gilles : « Je n’ai pas de mots pour dire mon indignation »
La réaction du candidat DVD aux municipales à Marseille Bruno Gilles, lui-même sénateur des Bouches-du-Rhône, est tombée dans la foulée de l’annonce de la Commission des lois du Sénat. Vent debout contre cet amendement, il écrit : « Je n’ai pas de mots pour dire mon indignation d’une telle mesure et je souhaite que l’Assemblée nationale revienne sur cette décision. Tous les Français, sont confinés chez eux pour des raisons sanitaires évidentes et l’on demande aux candidats de poursuivre la vie politique comme si de rien n’était ! ».
Mais quelle indécence ! Mais quel scandale ! Le Sénat ne s’honore pas d’une telle décision
Bruno Gilles
« Comment peut-on demander à des candidats d’aller déposer et de signer en Préfecture leurs listes alors que les experts scientifiques nous annoncent que nous ne sommes qu’au début de la pandémie ? » s’insurge-t-il, ajoutant : « Mais quelle indécence ! Mais quel scandale ! Le Sénat ne s’honore pas d’une telle décision. Après un premier tour qui a vu une abstention record partout en France, et notamment à Marseille, on continue de bafouer la démocratie ». Il dénonce même des « tambouilles politiciennes » et se dit « opposé à ce que la campagne électorale continue dans ce climat où seule compte l’urgence sanitaire ».
Désormais, le projet de loi passera entre les mains de l’Assemblée nationale, où les députés valideront ou retireront cet amendement qui fixe le dépôt des listes de second tour au 24 mars.
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