Dans l’événementiel, outre le travail sur la croissance externe, vous avez fait évoluer les activités du périmètre actuel ?
Jean-Christophe Serfati. Oui, j’ai d’abord rationalisé afin d’optimiser les marges. Comment ? Il faut d’abord se demander ce que l’on fait, notre légitimité ou pas de le faire. Est-ce que l’on produit en marque blanche ? Moi, comme je veux capitaliser sur ma marque, j’ai décidé de faire de moins en moins de marque blanche, voire plus en faire du tout. Dans l’événement sportif, à terme, avec nos propres événements et ceux que nous allons acquérir, nous voulons devenir une sorte d’ASO (Amaury Sport Organisation) régional.
Quels seraient les événements qui vous aimeriez organiser ?
J-C. S. Aujourd’hui, on fait le Tour de La Provence, les 10 km de La Provence et Le Provençal. Après, il y a plein de choses à faire du type triathlon, marathon,« Mud day »… On regarde plusieurs dossiers. Je ne peux pas en dire plus car nous sommes tenus à la confidentialité.
Sur le numérique, comment les choses avancent ?
J-C. S. Notre équipe est en place. Il s’agit désormais d’aller chercher une audience forte, supplémentaire. Il faut motiver les commerciaux et leur donner envie de vendre plus de digital avec des formats plus importants, une audience et un inventaire accrus. Concernant les abonnements, nous réfléchissons à différentes offres. Il y a aussi toute la question de la monétisation du contenu. On teste des modèles. Notamment « l’advert payment » où nous avons de très bons résultats.
Vous avez également lancer un incubateur baptisé La Provence Innovation. En quoi cela consiste ?
J-C. S. C’est de l’intelligence artificielle au service de la data avec un objectif que l’on peut résumer ainsi : nous avons deux millions de visiteurs, et bien l’enjeu est que chaque visiteur dispose de son propre site internet, personnalisé selon ses besoins et goûts. En fait, cela consiste à tracer tout le parcours client, traiter la donnée puis en faire des algorithmes, pour qu’au final le lecteur, lorsqu’il se connecte retrouve ce qui l’intéresse. Pour l’instant, nous sommes au stade de la nurserie. Nous avons notamment un accord avec Aix Marseille Université, pour essayer d’avoir des pépites qui viennent travailler avec nous sur nos problématiques. On pourrait à terme entrer au capital de ces start-up et voir comment nous pouvons pousser leurs solutions auprès d’autres groupes de presse, au niveau national voire international.
Comment vous comptez attirer ces pépites ?
J-C. S. Aujourd’hui, nos avons des locaux disponibles et tout équipés. Ensuite, pour une start-up il ne s’agit pas que de créer un algorithme ou un logiciel, il faut pouvoir le tester, accéder au marché. Nous pouvons les aider. Nous disposons de services communication et marketing, de back-office. On peut amener tout le soutien d’un groupe industriel à des start-up qui travaillent sur des projets qui nous correspondent.
Concernant les effectifs, est-ce que leur nombre va évoluer ?
J-C. S . Non. Nous sommes, aujourd’hui avec la Corse, 930 personnes. Nous avons besoin de tout le monde.
Des prochains mouvements sont-ils à prévoir dans l’actionnariat de La Provence ?
J-C. S. Le Groupe Bernard Tapie a 89%, le groupe belge Nethys détient 11% du capital. Il était prévu que ce dernier monte dans l’actionnariat. Il y a aujourd’hui un différend sur l’évaluation de l’entreprise. C’est en cours. Si les deux groupes tombent d’accord, Nethys pourrait monter à hauteur de 34%.
Quels sont sont vos objectifs en matière de chiffre d’affaires, de résultats ou de répartition des activités ?
J-C. S. Je vais m‘atteler dans les semaines qui viennent à construire le budget 2018 avec une perspective à trois ou quatre ans. Nous savons que le papier est inexorablement amené à baisser. Mais nous pouvons plus que compenser cette perte avec des transferts vers nos autres activités numériques avec les abonnements et les téléchargements, et le pôle event. L’objectif reste d’avoir une progression dès l’année prochaine de notre chiffre d’affaires (entre + 5% et + 10%) avec un excédent brut d’exploitation en croissance également. Le chiffre d’affaires 2017 avoisinera pour La Provence les 70 millions d’euros avec un résultat qui sera moins bon que l’année dernière mais toujours largement positif. Nous travaillons à une transformation globale de l’entreprise sans oublier que 90% de nos revenus sont toujours issus du papier. J’ai un slogan dans ce que nous vivons : « les mains dans le cambouis, mais aussi la tête dans les étoiles. »
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