3e volet de l’interview de Sophie Camard, la maire du premier secteur de Marseille. Gomet’ l’ a interrogée sur les projets dans le 7e arrondissement comme le tramway, la requalification de l’anse des Catalans et la Villa Valmer.
La mairie est entrée en conflit avec le promoteur de l’hôtel de luxe prévu à la Villa Valmer. Elle a arrêté les travaux. Des suites judiciaires sont-elles envisagées ?
Sophie Camard : Je suis très prudente dans mes déclarations. Il y a eu un arrêté interruptif des travaux. C’est désormais dans les mains des avocats et de juristes spécialistes de l’urbanisme. Ce qui est sûr, c’est que la confiance est rompue avec les promoteurs. La balle est dans leur camp. Ils doivent voir sous quelles conditions ils peuvent poursuivre ou pas leur projet. On a essayé de travailler en bonne entente pour modifier le projet et malheureusement ce cas précis fait du mal à la profession en général. On essaye de travailler avec les professionnels sur une charte de l’urbanisme durable pour arrêter ces comportements de cowboys. Je mesure à quel point l’immobilier à Marseille est un grand Far West. On a besoin des promoteurs et des bailleurs sociaux pour construire du logement à Marseille. Il y a beaucoup de jolies choses à faire ensemble. Simplement, il faut qu’on se comprenne pour fonctionner. On ne peut pas voir des coups de force en permanence.
12 millions pour des aménagements sur la plage des Catalans
Dans le même secteur, la Ville porte un projet d’aménagement de l’anse des Catalans. Où en êtes-vous ?
Sophie Camard : Je suis plutôt optimiste pour qu’il aboutisse bientôt. Il y avait notamment un conflit d’usage avec le promoteur Sud Rea et sa résidence (résidence Sea One dessinée par Rudy Ricciotti en cours de construction sur la partie nord de la plage, NDLR) mais on est sur le point d’aboutir. L’idée est de rouvrir les arcades qui sont aujourd’hui quasiment bouchées, d’apaiser la circulation et de réhabiliter la tour du Lazaret. On a réussi à baisser le prix total en étalant notamment certains aménagements. Pour la tour du Lazaret, on devrait aussi obtenir des financements. Quand on dit 12 millions d’euros pour une plage, je comprends que certains habitants s’interrogent alors il faut bien expliquer.
Un peu plus loin sur le littoral, vous avez résilié la convention de l’association des Amis du Vallon des Auffes qui gère un local d’animation sur le port. Pouvez-vous nous en expliquer la raison ?
Vallon des Auffes : « Il est hors de question d’abandonner ce site et on va mettre une vraie surveillance professionnelle pour la baignade et les activités. »
Sophie Camard
Sophie Camard : Je tiens à rappeler que ce n’est pas à la mairie de se plier aux associations. Elles ont une convention avec nous et elles doivent déjà avoir des statuts, un bureau et des comptes à jour. Leur adresse de siège social n’est même pas bonne puisque les premiers courriers nous sont revenus. Les relations sont plus que compliquées avec cette association. Mais au final, nous ne faisons qu’appliquer les consignes de sécurité que la Métropole nous a demandé d’appliquer. Il faudrait déclasser la zone appelée « la piscine » du domaine portuaire car officiellement, la baignade y est interdite. Après, des kayaks et des paddle passent par le chenal d’entrée et sortie des bateaux ce qui est dangereux. Enfin, une société commerciale tenait la buvette alors que la convention stipule en gras que les activités commerciales sont interdites. Aujourd’hui, on a dans les tuyaux un appel à projets et on reçoit beaucoup de demande. Je souhaite que ce lieu soit un espace public sans privilège pour certains. Nous sommes en train de travailler sur un dispositif de médiation, d’animation et de prévention sur le Vallon des Auffes. Il est hors de question d’abandonner ce site et on va mettre une vraie surveillance professionnelle pour la baignade et les activités.
Côté mobilité, la Métropole a programmé une nouvelle ligne de tramway entre la préfecture et les Catalans. Quel est votre position sur le sujet ?
Transports : « Je privilégie par exemple le tramway du boulevard National raccordé à la future gare Saint-Charles qui desservira un quartier enclavé »
Sophie Camard
Sophie Camard : J’ai du mal à voir clair sur ce projet. Parfois, on me dit : c’est lancé, d’autres fois, on me répond que les vraies études n’ont pas commencé. L’un des problèmes concerne le véritable impact sur la circulation des voitures. Depuis la piétonnisation du Vieux-Port, la circulation a été reportée sur le bas de l’avenue de la Corse, notamment pour l’entrée du tunnel via la rampe Saint-Maurice. Cet axe croise le tracé du tramway, il y a donc un risque d’embouteillage à ce niveau là. Donc encore une fois, je souhaite avoir les études pour savoir où vont passer les voitures et combien de trafic automobile va réellement enlever ce tramway. Il existe des alternatives comme un bus en site propre électrique avec une voie réservée. Il faut savoir que le tramway est un mode de transport lourd qui est utile uniquement sur une certaine distance avec une certaine masse de voyageurs. Il risque aussi de poser certains problèmes techniques. Les architectes des bâtiments de France s’inquiètent par exemple de l’avenir de la fontaine de la préfecture. Je suis pour les tramways, il n’y a pas de problème. Mais je privilégie par exemple le tramway du boulevard National raccordé à la future gare Saint-Charles qui desservira un quartier enclavé et qui prendra à coup sûr beaucoup d’usagers.
Notre grande interview avec Sophie Camard
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« A Marseille il y a trop de collectivités » (4/4)