L’injonction est paradoxale pour les développeurs d’énergies renouvelables. La Programmation pluriannuelle de l’énergie, la “PPE” pour les intimes, portant sur la période 2019-2028 lancée par les pouvoirs publics, devrait notamment permettre de porter la part des énergies renouvelables à 33 % de la consommation finale d’énergie de la France en 2030, Mais en même temps, il devient de plus en plus difficile de trouver des territoires susceptibles d’accueillir des installations rentables. Tous les développeurs du solaire tiennent une cartographie précise de la solarisation des bâtiments, des délaissés routiers, et des parcs de stationnement extérieurs. Concurrence entre les acteurs et lenteurs subsistantes malgré l’adoption de la loi relative à l’accélération de la production des énergies renouvelable freinent les ENR.
Terre d’énergie développement : une pouponnière pour projets ENR
Cette période de démarches, de consultations, d’études et d’immobilisation foncière a un coût. Tenergie, l’opérateur de Fuveau qui détient 1500 centrales solaires et parcs éoliens et la Banque des Territoires du groupe Caisse des dépôts s’associent pour créer « Terres d’énergie développement », une société détenue à 51 % par Tenergie et 49 % par la Banque des territoires. Cette plateforme au service des territoires, sera dédiée aux projets solaires et éoliens en France, dotés d’un fort ancrage local. Terres d’énergie développement répondra également aux consultations des acteurs privés. « Nous souhaitons, explique Nicolas Jeuffrain, président de Tenergie, dans un communiqué, apporter une réponse très concrète aux acteurs qui veulent s’engager à nos côtés et les aider à faire émerger et à démultiplier le développement de projets d’énergies renouvelables exemplaires ».
François Trabucco, le directeur général de Tenergie explique à Gomet’ que « l’impératif est d’aller vite. Si l’on veut suivre les objectifs du PPE, il faut quadrupler la cadence et démultiplier les forces, explique-t-il. Et il nous faut plus de moyens. Nous acceptons en étant à peine majoritaire dans cette nouvelle société de diluer les bénéfices pour accélérer les projets. Nous sommes société à missions, nous levons des moyens, mais nous restons indépendants. C’est une offre vertueuse de 300 à 500 000€ par an. Une fois la faisabilité du projet atteinte, nous vendons l’installation potentielle à une foncière énergétique (1). Nous en avons déjà créé notamment avec la Banque des territoires CDC, une foncière détient elle-même plusieurs sociétés de projets. »
Du côté de la Caisse des dépôts et de sa marque Banque des territoires, cet investissement direct en fonds propres relève du pôle ENR, département transition énergétique et écologique de la Banque des Territoires dirigé par Élise Stoffaës.
Nous faisons de l’equity d’intérêt général
Banque des territoires
Dans le communiqué, elle déclare : « Tenergie et la Banque des territoires décident d’unir leurs forces de manière inédite en créant Terres d’énergie développement, plateforme de développement de projets d’énergie renouvelables au service des territoires. » Malek Prat, à la communication de la CDC, revendique de faire de « l’equity d’intérêt général avec deux milliards investis sur 410 projets. »
(1) La Banque des Territoires et Tenergie sont déjà associés dans les foncières énergétiques Terres d’énergie, plateformes de production d’énergie renouvelable, qui disposent de plus de 1 350 centrales de production sur le territoire français.