En ce 18 mars, journée du recyclage, et à l’approche des 3e Rencontres du vélo et des mobilités douces organisées par Gomet’ qui se tiendront à Aubagne les 17 et 18 mai prochains, Gomet’ donne la parole à Emmanuelle Champaud, directrice de la stratégie et accueils clients de Stations Bees et de Cycloplanet, pour évoquer le recyclage en matière de vélo.
Le 18 mars est la journée du recyclage. Ça tombe bien, car dans le secteur du vélo, c’est une vraie mutation qui s’opère. Pendant des années, la France était le pays d’un triste record du vélo « jetable ».
En 2019, une étude de l’Ademe avait calculé que plus de la moitié de vélos et trottinettes mis sur le marché étaient jetés (29 000 tonnes sur les 56 000 tonnes vendues chaque année). Mis à part pour les connaisseurs, nous étions donc les champions du vélo acheté dans une grande surface, utilisé durant la saison estivale …. puis oublié dans un garage et enfin amené à la déchèterie. Pourtant, un vélo est un assemblage relativement simple de pièces qui peuvent être sophistiquées, dont la plus grande masse est composée de métaux. C’est donc un objet qui s’adapte parfaitement au cycle des 3 R l’économie circulaire : Réparer, Réutiliser, Recycler.
Avec l’arrivée du vélo électrique, la donne change profondément et durablement. Quand un vélo coûte quelques milliers d’euros (sans quoi n’ayez guère d’illusions sur sa fiabilité et sa durée de vie), son achat ressemble plus à un investissement qu’à un caprice passager. Dès lors :
- nos critères de choix vont intégrer, outre sa performance, confort d’usage etc, les critères de solidité et de réparabilité ;
- les professionnels reprennent toute leur importance, pour le conseil et pour l’entretien ;
- les marques, leur réputation et la qualité de leur service après-vente deviennent primordiaux (cf les déboires des propriétaires de vélos dont les pièces trop spécifiques sont longues à recevoir ou impossibles à remplacer) ;
- à budget équivalent, chacun de vous a le choix entre un vélo neuf d’une certaine gamme ou un vélo reconditionné d’une gamme supérieure.
L’autre évolution concomitante à cette valorisation du secteur est la structuration du marché du reconditionné. Comme dans le marché automobile, c’est la fluidité du marché de l’occasion qui dynamisera le marché du neuf. Depuis peu, la filière du vélo reconditionné est très dynamique avec, aux deux extrémités, des acteurs plus complémentaires que concurrents :
- les places de marché, aux levées de fonds conséquentes qui ont, de fait, créé « l’argus » du vélo électrique ;
- les vendeurs-réparateurs de vélos électriques, magasins de proximité, véritables « médecin de famille » des vélos de leurs clients.
Deux différences notables distinguent ces deux circuits :
- Acheter, réparer et revendre son vélo dans un magasin de proximité évite les transports par camion vers les giga-ateliers des plate-formes « pure-players ». Quand on fait le choix d’une mobilité zéro émissions comme le vélo, on peut souhaiter une certaine cohérence.
- Et puis les Vélocistes participent à la vie locale de centre-ville, ils sont attendus et appréciés par les cyclistes, les collectivités et les acteurs du tourisme car ils participent à l’éco-système local de la vélorution dans toutes ses dimensions : pistes cyclables, plans vélos des entreprises, mobilité à vélo des collégiens et lycéens, cyclotourisme.
Ainsi, le vélo électrique, déjà emblématique de l’économie de la fonctionnalité (vélo partagés type vélib ou leasing sur quelques années), est en passe de devenir emblématique de l’économie circulaire. L’avenir est bien dans la collaboration de ces 2 types d’acteurs, les plate-formes et les magasins de proximité.”
Emmanuelle Champaud
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