Métropole Aix Marseille Provence acte II. La réélection de Martine Vassal jeudi 9 juillet à la présidence de la Métropole ouvre la voie à un nouveau mandat de six ans. Pour quoi faire ? Le premier discours prononcé après l’élection envisage une réforme de la jeune institution avec la volonté de redonner du pouvoir aux communes et aux conseils de territoire. Un archaïsme que dénonce Jacques Boulesteix, astrophysicien de renom et citoyen engagé (il fut le président d conseil de développement de Marseille Provence Métropole et président du fonds Paca Investissement) dans la tribune (*) qu’il a fait parvenir à Gomet’ après le conseil métropolitain d’installation de la nouvelle gouvernance.
Une fois de plus la Métropole est prise en otage et servira de vache à lait aux communes. C’est unique en France. 650 millions d’euros d’aide aux communes, plus que tous les investissements d’intérêt métropolitain. Un syndicat de maires, appuyé par une droite clientéliste, se redistribue le budget métropolitain le confort communal (ronds-points, multiples salles municipales ou complexes sportifs, …). 23 maires, essentiellement de petites communes, vice-présidents ! Avec Martine Vassal, le clientélisme institutionnel est porté à son comble, que ce soit au Département ou à la Métropole.
Il y aurait pourtant tant à faire ! Métropole la moins mobile et la plus polluée de France, Métropole la plus inégalitaire, un retard considérable dans les transports, dans les équipements structurants… Les élections municipales qui viennent de se dérouler, ont très peu abordé le sujet de la Métropole.
C’est pourtant une grosse affaire, de 4,8 milliards d’euros annuels au bas mot. Aucun programme, aucune proposition majeure, les maires ont préféré s’épancher sur la couleur de la fontaine du village que sur les solutions aux problèmes quotidiens que leurs administrés vivent dans ce large espace métropolitain où ils travaillent, font leurs achats, pratiquent le sport, étudient ou se cultivent. Les métropolitains souffrent. Ils souffrent de ne pouvoir se déplacer facilement, de la pollution croissante, des inégalités sociales et territoriales. Pense-t-on vraiment qu’un syndicat de maires à la tête de la Métropole peut relever ces défis ? Cela fait des décennies que ça dure… Le contraste avec les métropoles de Lyon, Strasbourg, Bordeaux, Paris, Nantes est cruel.
Nous méritons tous, aussi, en tant que citoyens, un débat démocratique sur les orientations et les choix métropolitains.
Jacques Boulesteix
Cette métropole devrait être celle des expérimentations. Son territoire, son “archipel”, ses problèmes, ses retards en font une espace de choix. La démocratie locale y est très peu développée. Nous savons que tant qu’une élection au suffrage direct n’en élira pas les représentants, elle sera phagocytée par des intérêts trop locaux. La somme des intérêts particuliers ne fait pas l’intérêt général. En démocratie, les légitimités ne se nuisent pas, elles s’additionnent. Celle des communes est claire. Leurs compétences, leurs pratiques démocratiques doivent être développées. Les communes sont essentielles. Mais nous méritons tous, aussi, en tant que citoyens, un débat démocratique sur les orientations et les choix métropolitains. Allons-nous continuer de jouer petit bras quand tant d’autres territoires font preuve d’innovation dans la participation, l’implication des citoyens, les projets nouveaux ?
Il serait urgent que les habitants comprennent l’importance de l’institution métropolitaine et ne l’abandonnent pas exclusivement à des édiles qui défendent d’abord des intérêts locaux.
Jacques Boulesteix,
astrophysicien,
auteur de “Entre peur et raison, La métropole Aix-Marseille-Provence” (éditions de l’Aube, 2015),
ancien président du conseil de développpement de Marseille Provence Métropole.
(*) Gomet’ Media, attaché à la vitalité du débat local, publie régulièrement des tribunes de contributeurs extérieurs. Ces points de vue n’engagent pas la rédaction.