Les extrêmes, comme toujours dans l’Histoire, sont le reflet de l’état de nos sociétés.
Ils prospèrent lorsque nous négligeons les valeurs qui nous unissent, quand la classe politique tend à oublier l’intérêt général au profit de sa seule survie, quand nous mettons sous le tapis les sujets dont le traitement impose du courage et de la ténacité.
Ils paradent lorsque le désarroi, allié à l’inculture, à l’égoïsme et à l’envie, leur permettent d’exploiter les peurs et de désigner des boucs émissaires : immigration et Union Européenne pour les uns, patrons et finance pour les autres, faciles exutoires de nos faiblesses, de nos erreurs, et miroirs de nos lâchetés.
Un RN qui a appris à faire passer du vitriol pour de l’eau tiède !
En France, nous avons régulièrement rencontré l’extrême droite.
Florissante mais brève avec le Boulangisme ou le Poujadisme, profonde, majoritaire et soumise avec Vichy, sanglante avec l’OAS, vociférante avec le Front National, haineuse avec Reconquête, habile avec le RN qui a appris à faire passer du vitriol pour de l’eau tiède !
Quant à l’extrême gauche, les excès de la Terreur, puis les exemples terrifiants du stalinisme, du maoïsme, d’Action Directe ou des khmers rouges, pour ne citer qu’eux, nous ont largement alerté sur ses idéaux dévoyés et sanglants. Il n’en demeure pas moins que ses graines restent vivantes, et que la violence verbale délirante de mouvements comme LFI ouvrent naturellement le chemin à la violence physique, première étape vers un terrorisme qui justifie tous les moyens par une fin onirique.
Outre que les extrêmes, de droite comme de gauche, se nourrissent de crises (réelles et/ou fantasmées) dont la verbalisation exacerbée leur sert de vitrine et de miroir aux alouettes, ils ont également en commun des discours dont le vacarme et l’habileté sont inversement proportionnels au silence et à l’amateurisme apparent des programmes ! A l’image inversé de l’équilibre de l’iceberg.
Erreur, manœuvre ou clairvoyance stratégiques d’un Président fragilisé, ces législatives n’en demeurent pas moins la manifestation ultime de notre démocratie
Nous allons voter les 30 juin et 7 juillet.
Erreur, manœuvre ou clairvoyance stratégiques d’un Président fragilisé, ces législatives n’en demeurent pas moins la manifestation ultime de notre démocratie, et l’occasion pour nos concitoyens de dessiner le modèle de société qu’ils souhaitent.
Un choix rendu difficile par une offre politicienne largement tonitruante sur la forme, mais majoritairement illisible et inaudible sur le fond.
Les 30 juin et 7 juillet, nous ne voterons pas pour Macron, Bardella ou Mélenchon, nous voterons pour la préservation de notre vivre ensemble, national et européen. Pour la défense des valeurs et engagements qui ont fait la prospérité, la liberté, la sécurité, la paix, et la solidarité qui caractérisent l’espace communautaire exceptionnel dans lequel nous vivons.
Espérons que la dictature de la réaction émotionnelle et des « opinions » simplistes cède le pas à la réflexion
Espérons que l’immédiat n’étouffe pas le futur, que l’individualisme exacerbé et instrumentalisé ne s’impose pas sur la nécessité du collectif, que l’envie cesse d’être confondu avec le besoin.
Si nous connaissons en effet une période de crises répétitives et épuisantes, ce ne sont pas celles-ci, ni les maladresses successives de la Présidence actuelle, qui sont responsables de l’incohérence et de la fragmentation notre Pays, et qui ont fait le succès du RN comme de LFI. Elles ont agi comme révélatrices d’erreurs, de faiblesses et de compromissions que nos gouvernances, donc nos votes, ont laissé prospérer ces dernières décennies !
Alors oui, les extrêmes peuvent poser de bonnes questions, et séduire avec celles-ci. Mais l’Histoire nous rappelle qu’ils ne sont, ni sur le fond, ni sur la forme, en mesure d’y apporter des réponses crédibles et humaines.
Sous les paillettes de leurs discours populistes et démagogiques, sachons reconnaitre en filigrane des projets de sociétés idéalisées, fondées sur la dictature d’une élite fantasmée (prolétarienne, raciale, culturelle, confessionnelle, …) dont la brutalité inhérente est justifiée car mise au service d’une cause considérée comme universelle et incontestable.
Alors oui, les extrêmes font bouger le monde, mais les modérés le font durer, et l’on ne peut, pour citer Jaurès, « aller à l’idéal sans passer par le réel » !
Les 30 juin et 7 juillet, nous ne voterons pas pour des partis à bout de souffle ou une alliance évidemment éphémère
Les 30 juin et 7 juillet, nous ne voterons pas pour des partis à bout de souffle ou une alliance évidemment éphémère, nous devrons élire des hommes et des femmes qui sauront défendre la diversité de leurs convictions en respectant celles de l’Autre, qui reconnaitront nos institutions, qui privilégieront la possibilité du compromis plutôt que l’affrontement permanent, qui auront les yeux ouverts sur les réalités du Monde, qui comprendront que la survie de notre Nation passe par plus (et mieux) d’Union Européenne, qui accepteront avec détermination l’hypothèse de devoir se battre pour protéger nos valeurs et notre liberté.
Ni le RN, ni LFI (ou leurs ersatz) ne répondent à ces exigences vitales !
Yves Delafon
Chef d’entreprise.
Chroniqueur régulier dans les colonnes de Gomet’