Pour la nouvelle émission de Planète Locale, programme diffusé lundi 9 octobre, sur BFM Marseille Provence, avec Gomet’ en partenaire, Sophie Hébrard de BFM Marseille Provence et Julie Rampal-Guiducci (Gomet’) recevaient Véronique Tourel-Clément, déléguée générale de l’Union des ports de plaisance Provence-Alpes-Côte d’Azur et Monaco (Upaca). Le sujet du jour : les ports de plaisance et la protection de l’environnement.
Vous êtes déléguée générale de l’Union des ports de plaisance de la région Sud. Avant de parler des projets environnementaux, comment définit-on un port de plaisance par rapport à un grand port ?
Véronique Tourel-Clément : Un port de plaisance, c’est un port qui accueille majoritairement des bateaux de plaisance. Dans notre région il y en a 147 avec, à plus de 90%, une activité de plaisance. Ils accueillent une flotte d’une taille bien moindre que celle des cargos que l’on voit dans un grand port maritime où il y a de l’activité de commerce, du passager, etc. Dans un port de plaisance, on trouve plutôt des voiliers, des bateaux à moteur, des petites embarcations. Mais il y a parfois dans des grands ports des yachts de la “grande plaisance” comme à Antibes, St-Tropez ou Cannes…
On parle beaucoup de l’électrification du Grand port maritime de Marseille et de tous ces projets pour moins polluer. Mais ça concerne aussi les ports de plaisance. Est-ce que cette électrification se développe sur les ports de plaisance de la région ?
V T.C : Alors sur les ports de plaisance de la région effectivement on pense beaucoup à l’électrification mais on pense notamment à un panel de solutions pour décarboner l’activité. Dans ce panel, il y a l’électrification mais il n’y a pas que cela. Sur l’électrification, le retour de bon nombre de plaisanciers, c’est la question de l’autonomie des batteries : le fait de partir du port c’est bien, d’y revenir c’est encore mieux ! Pour l’instant, on se retrouve avec très peu de bateaux qui marchent avec des batteries électriques, mais nous avons des infrastructures qui peuvent les accueillir. Nous avons une loi depuis le 1er janvier 2022 qui oblige le port à réserver 1% des places à des bateaux électriques. Nous sommes prêts mais on attend de voir quand même un peu la maturité des choses. Parce que souvent, on a été les premiers à mettre en œuvre des infrastructures, des investissements économiques parfois assez lourds, pour des usages qui n’étaient pas au rendez-vous. On fera de plus gros investissements si on voit que cela prend beaucoup plus d’ampleur. Nous avançons de concert avec les industries nautiques. On parle aussi d’hydrogène, d’éthanol donc peut-être que la solution est plutôt dans la multiplicité des modes de propulsion que dans un seul. Affaire à suivre …
Et quel rôle peut jouer l’Upaca a court terme pour que les plaisanciers respectent l’environnement ?
V T.C : Nous faisons beaucoup. En général, cela passe par le gestionnaire de port. L’Upaca est un organisme professionnel créé par les gestionnaires de port qui fonctionne comme un syndicat professionnel. Ce sont les gestionnaires de port qui parlent le plus souvent directement aux plaisanciers. L’Upaca présente aux gestionnaires tout ce qui existe au niveau réglementaire pour préserver l’environnement, essentiellement dans le port. Ensuite on peut être aussi des sensibilisateurs à la protection, à la biodiversité, à l’environnement. Nous faisons respecter les obligations réglementaires dans le port. Au-delà ce n’est plus notre périmètre de légitimité.
Vous avez mis en place une certification “port propre”, en quoi cela consiste-il ? Comment les ports peuvent l’obtenir ?
V T.C : Nous sommes les seuls au monde grâce à la Région Sud et à divers partenaires comme l’Agence de l’eau, l’Ademe et la Direction inter-régionale de la Méditerranée a avoir mis en place une certification qui s’appelle “port propre”, dès 2008, faite pour les gestionnaires de ports de plaisance et c’est à eux d’entrer dans un référentiel de 17 critères.
Pouvez-vous citer quelques exemples de ces critères ?
V T.C : Traiter tous les déchets solides et liquides pour qu’il n’y ait aucun rejet dans le milieu naturel, former son personnel, sensibiliser les plaisanciers au respect de l’environnement. C’est aussi se préoccuper de tous les déchets que l’on peut avoir sur les aires de carénages. Quand on met le bateau sur une aire de carénage pour faire de la maintenance, il y a des hydrocarbures, des huiles, des peintures,… Il faut des zones propres. Au-delà du réglementaire nous devons être dans l’excellence environnementale.
Sommes-nous de bons élèves dans la région en terme de respect de l’environnement dans les ports, et précisément à Marseille ?
V T.C : Nous sommes de bons élèves dans la région parce que tout simplement la certification vient de chez nous, vient aussi de l’Upaca. Je suis ingénieure en environnement. Donc mon embauche il y a 20 ans était vraiment dans cet objectif environnemental. Donc oui, les ports sont de bons élèves puisque sur plus de 110 ports certifiés en France, nous en avons comptons 73 dans la région. Ensuite, sur Marseille nous avons toutes les sociétés nautiques de l’Estaque qui sont certifiées “ports propres”. Ce qui veut dire que même une société nautique, avec des associatifs et des bénévoles peut obtenir cette certification. L’anse de la Réserve (gérée par la CCI AMP, ndlr), à l’entrée du Vieux-Port, est également certifiée. Et ensuite les différentes sociétés nautiques dans le Vieux-Port sont dans la démarche “port propre.” Elles n’en sont pas encore à la certification mais je pense que c’est en train de bien se mettre en ordre de marche.
Comment ont évolué les ports de plaisance ? Est-ce que les habitants du département ont toujours un bateau comme avant ? On a vu le phénomène des locations de bateaux. Est-ce que le nombre de bateaux de plaisanciers a augmenté ou diminué ?
V T.C : Le nombre est resté le même si ce n’est les usages qui ont un peu évolués. Avant 2020 et le Covid, c’était l’évolution de la location un peu “airbnb”, “l’ubérisation” de la location de bateaux. On se retrouve maintenant avec un équilibre autour de 30% de bateaux de location entre particuliers. Mais cela pose d’autres soucis comme la connaissance de la mer, l’assurance dans un port de plaisance, le respect de l’environnement. Mais il y a bien sûr toujours des propriétaires historiques.
Propos recueillis par
Sophie Hébrard de BFM Marseille Provence
et Julie Rampal-Guiducci de Gomet’.
Lien utile :
Planète Locale dans les archives de Gomet’