L’équipe du festival Marsatac organisait vendredi à la Vieille-Charité une du cycle lancé par Safer autour de l’impact des dispositifs de prévention des violences sexistes et sexuelles en milieux festifs. L’occasion de partager les résultats de l’enquête de Institut d’études et de sondages Gece et surtout de préparer – collectivement – avec les associations, les partenaires institutionnels, les festivals, les acteurs de la formation ou encore de la sécurité, l’émergence d’un nouveau secteur d’activité porteur d’enjeux de bienveillance, d’inclusion et de diversité sur les événements. Interview de Justine Noël, la responsable de Safer.
Pourquoi avoir organisé une rencontre avec les professionnels du secteur festif sur les violences sexuelles et sexistes ?
Justine Noël : Après quatre ans d’expertise sur le terrain et plus de 215 événements accompagnés, Safer en collaboration avec l’institut GECE a mené une étude auprès de 10 000 festivalier-ères et sept festivals en 2024, afin d’évaluer la perception des dispositifs de lutte contre les VSS (violences sexistes et sexuelles) en milieu festif et identifier les attentes en matière de prévention des VSS (voir la synthèse).
Il en est ressorti des points importants :
- La sécurité et des espaces d’accueil bienveillants en festival deviennent des critères de choix majeurs, surtout pour les jeunes et les femmes.
- Les organisateurs sont appelés à institutionnaliser des dispositifs comme Safer sous peine de perdre une partie de leur public.
- Ce sujet interroge directement la responsabilité des festivals dans le climat social actuel, et soulève une attente générationnelle forte autour du respect et de la sécurité.
Aujourd’hui, 28% des publics choisissent les festivals déployant un dispositif de lutte contre les VSS. Dans un contexte économique marqué par l’inflation, les festivals sont de plus en plus fragilisés. Certains organisateur·ices ont travaillé à mettre en place des politiques d’engagement sociétal. Ces initiatives semblent renforcer l’adhésion et la participation des publics aux valeurs des festivals qui les adoptent.
Mais qu’en est-il des dispositifs de lutte contre les violences sexistes et sexuelles (VSS) déployés sur le territoire ? Une attention accrue à la sécurité des publics pourrait-elle devenir un levier d’attractivité ? Pourrait-elle favoriser le retour des publics, leur fidélisation, ou encore attirer de nouveaux participant·e·s ?
Suite à cela, nous avions la volonté d’initier un échange entre professionnels du secteur afin de faire évoluer nos pratiques et ce secteur d’activité récent qui manque encore de légitimité et de cadre réglementé.
Quels enseignements vous tirez de cet événement ?
Justine Noël : Le cycle de rencontres s’est déroulé en deux temps forts de travail réunissant plus de 80 particpant·es du secteur de la culture et des pouvoirs publics qui ont pu échanger et travailler sur les leviers et freins rencontrés lors de la mise en place de dispositifs de lutte contre les VSS sur les événements. L’occasion de soulever de nombreuses difficultés à sa mise en oeuvre : manque de formation des agents de sécurité, de financements, de dialogue entre opérateurs et opératrices de prévention avec le juridique, les secours, les institutions… mais aussi d’établir une discussion entre pouvoirs publics et professionnels du secteur musique sur les prochaines actions qui permettraient de réduire ces difficultés. Plusieurs pistes d’amélioration ont été évoquées afin de permettre une meilleure fluidité dans les rapports entre toute la chaîne de prise en charge : prévention, organisations, police, juridique, sociale et santé.
À ce titre, une première collaboration inédite aura lieu au Festival Marsatac entre Safer et le Barreau de Marseille pour renforcer la prévention et l’accompagnement des victimes, face aux violences sexistes et sexuelles. Cette initiative, née d’une volonté commune entre deux acteurs marseillais engagés du territoire, marque une étape importante dans le rapprochement entre le monde juridique et les lieux festifs.
Quelle suite à donner à ces échanges et à l’étude présentée ?
Justine Noël : Ce cycle donne lieu à l’écriture d’un livre blanc, co-écrit avec les participant·es de ce cycle et les partenaires engagés sur le sujet. Il regroupe les constats et enjeux à venir ainsi que les préconisations qui pourraient permettre à faire le pas d’après pour des événements plus safe pour les publics et dans un principe de structuration d’un secteur et de reconnaissance des professionnel·les assurant la sûreté, la prévention et la prise en charge des victimes ou témoins de VSS. Il sera présenté lors d’un temps de rencontres pro au MaMA Festival du 15 au 18 octobre prochain.
Lien utile :
La 27e édition du festival Marsatac se déroule vendredi 13 et samedi 14 juin à à Marseille Parc Borély.
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