Le Fonds Maghreb, un dispositif conçu pour accompagner les entreprises françaises dans leur développement vers les pays du Maghreb a fait un point d’étape sur ses opérations jeudi 5 décembre, dans les locaux de Bpifrance à Marseille. À ce jour, près de 300 demandes ont été enregistrées au niveau national, avec environ un tiers des dossiers actuellement en phase de qualification.
Cette étape permet de vérifier la conformité des critères d’éligibilité, notamment la solidité financière des entreprises, la pertinence des projets soumis et leur alignement avec les objectifs régionaux du fonds. Un point essentiel est la part française du chiffre d’affaires, qui doit représenter au moins 20%.
« Les prêts ne sont accordés qu’aux entreprises françaises dont l’activité principale ne relève pas de la simple négociation internationale », précise Luc Prévost, chargé de Bpifrance Game Export pour la région Sud. Il ajoute : « Nous allons même plus loin en vérifiant que la création de valeur ajoutée est effectivement française. »
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Les dossiers étudiés au cas par cas
Le Fonds Maghreb, lancé officiellement le 12 juin 2023, a été annoncé par le président Emmanuel Macron lors du sommet Forum des mondes méditerranéens organisé en février 2022 à Marseille. Doté d’une enveloppe initiale de 100 millions d’euros, il vise à renforcer les liens économiques entre la France et les pays du Maghreb, en cohérence avec la politique de partenariat euro-méditerranéen. Le fonds soutient des initiatives durables et à forte valeur ajoutée.
Il s’adresse principalement aux entreprises matures, avec au moins trois ans d’ancienneté, bien que des exceptions puissent être faites pour des start-up à fort potentiel ou des sociétés positionnées sur des marchés de niche. Ces entreprises doivent démontrer leur capacité à générer des retombées économiques significatives et des synergies transfrontalières. Les entreprises intéressées peuvent désormais postuler à partir d’un formulaire en ligne, disponible depuis le lancement, sur le site de Bpifrance. Il invite à préciser des éléments clés : pays ciblé, produits ou services concernés, objectifs stratégiques et financiers, ainsi que la structure organisationnelle de l’entreprise.
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Selon Nora Aïdouni, responsable du développement export pour la zone Moyen-Orient et Afrique du Nord et en charge du dispositif, au-delà des critères d’éligibilité standardisés, « les dossiers sont également étudiés au cas par cas, en tenant compte des spécificités des projets, de leur potentiel de développement et des impacts socio-économiques attendus. » Chaque dossier est examiné avec une attention particulière, notamment ceux des entreprises cherchant à renforcer leur trésorerie pour développer leur capacité opérationnelle et multiplier leurs actions sur les marchés cibles.
55 millions d’euros destinés à l’investissement
Le Fonds Maghreb est financé par Bpifrance à hauteur de 100 millions d’euros, répartis en deux volets : 55 millions d’euros destinés à l’investissement, notamment via des prises de participation dans des entreprises souhaitant ouvrir des filiales dans la région, et 45 millions d’euros dédiés à des dispositifs de financement et de garantie, tels que l’assurance prospection, l’assurance crédit, et le crédit export.
En plus de l’accompagnement financier, le fonds propose un accompagnement extra-financier, incluant des conseils sur l’export, des mises en relation avec des partenaires stratégiques et sectoriels, ainsi que des informations régionales fournies par le réseau Team France Export et la communauté Bpifrance.
Fonds Maghreb : un intérêt croissant pour la région
Selon Nora Aïdouni, le Fonds Maghreb suscite un réel intérêt sur le terrain, notamment grâce aux solutions financières proposées, comme les avances remboursables, qui permettent de renforcer la trésorerie des entreprises afin d’initier des démarches d’internationalisation. Elle souligne également que « beaucoup d’entreprises découvrent à peine les solutions disponibles », malgré la notoriété de Bpifrance. L’objectif est donc de connecter cet écosystème existant et de fournir aux entreprises un maximum d’informations sur les marchés et les opportunités dans les pays du Maghreb.
Luc Prévost met en lumière certaines spécificités régionales : « Sur les dossiers que nous voyons passer, une grande partie des demandes concernent l’assurance prospection. Le secteur de l’oil and gas est très présent, avec des entreprises cherchant à exporter leurs prestations de services auprès de grands acteurs locaux, » comme le géant étatique Sonatrach en Algérie.
Il note également une réelle émulation en région Provence Alpes côte d’Azur, où le Maghreb est souvent perçu comme un marché domestique. « Cela s’explique largement par la typologie de la population marseillaise : sur un million d’habitants, 300 000 sont d’origine algérienne. Aujourd’hui, le business avec le Maghreb passe par une vision presque domestique : il existe une forte acculturation aux méthodes de travail locales. » À Marseille en particulier, cette familiarité avec la culture et le fonctionnement des marchés maghrébins représente un véritable atout, facilitant les échanges et les collaborations avec les acteurs locaux.
Trois ans après, aucun crédit engagé
De plus, depuis mars 2022, dans le cadre de son accompagnement avec le Fonds Maghreb et d’autres activités en Afrique, Bpifrance a renforcé sa présence localement avec l’ouverture d’un nouveau bureau en Afrique du Nord, situé à Casablanca, sa neuvième antenne à l’étranger. Mais près de trois ans après l’annonce de sa création, aucune opération n’a encore été engagée. Karim Amellal, ambassadeur pour la Méditerranée et initiateur du fonds, joint par Gomet’ tente de rassurer : « une dizaine de projets ont d’ores et déjà été sélectionnés et vont être financés. »
Liens utiles :
> Le formulaire et les critères du Fonds Maghreb sur le site Bpifrance
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