TF1 n’avait pas déprogrammé Les feux de l’amour. Heureusement pour Emmanuel Macron, toutes les autres chaînes étaient au rendez-vous ardent qu’il avait fixé (après un report de 24 heures) à 11h ce mercredi matin, après avoir expédié un Conseil des ministres et avant de déjeuner avec Ursula Van der Leyen, présidente de la Commission européenne.
Une heure et demie pour ouvrir le débat des élections législatives des 30 juin et 7 juillet prochains, auquel il ne participera plus directement ou indirectement, puisqu’il a annoncé qu’il refusait le principe d’un débat télévisé avec Marine Le Pen.
Une grande partie de l’intervention présidentielle aura finalement été consacrée à justifier les choix qu’il a imposés à la France depuis 2017. Dans les propositions nouvelles auront émergé l’idée d’organiser une grande consultation sur la laïcité et, plus surprenante au cœur des grands questionnements du moment, celle d’interdire les téléphones portables au moins de onze ans.
Emmanuel Macron :« Gouverner différemment, avec respect, avec calme, avec dignité »
Le président de la République a bien tenté de remettre la balle au centre, mais il n’aura pas convaincu ceux qui attendaient du sang neuf pour l’équipe qui doit défendre ses couleurs dans les prochains jours. Il a cependant reconnu que le scrutin des Européennes du 9 juin avait révélé un sentiment général. « La colère exprimée par nos compatriotes » analyse-t-il s’est traduite par les 50% d’électeurs qui ont choisi les extrêmes pour se faire entendre. Il en déduit « qu’il faudra gouverner différemment, avec respect, avec calme, avec dignité, au service du pays. » Avec une formule quasi brechtienne pour justifier ce virage annoncé : « on ne peut dissoudre les peuples ! »
Pour Emmanuel Macron cette réforme de méthode n’induit en rien un changement de cap et il aura passé de longues minutes à expliquer en quoi sa gouvernance socio-libérale était la seule susceptible d’inscrire le pays dans les enjeux contemporains. Il ne renoncera pas ainsi à la réforme sur le chômage, à la simplification au nom d’une efficacité réclamée des pouvoirs territoriaux, à la poursuite des changements nécessaires en matière de justice ou de sécurité, à l’aide à confirmer aux jeunes des « 1000 premiers jours à vingt ans », à la baisse des impôts, aux retraites indexées sur l’inflation … un chapelet de mesures ou de mutations en cours qu’il égrènera jusqu’à noyer son auditoire dans les détails.
Les extrêmes renvoyées dos à dos
Quid du coup de la bataille qui va faire rage jusqu’au 7 juillet ? Pour le locataire de l’Elysée l’équation est simple. Les Français auront trois possibilités lorsqu’ils retourneront dans les isoloirs. Les extrêmes de droite ou de gauche ou un rassemblement autour de sa majorité actuelle à laquelle il est prêt à voir associé tous les hommes et femmes de bonne volonté qu’ils soient socio-démocrates, républicains, écologistes voire communistes. Emmanuel Macron fait là, patte de velours en concédant que sa politique peut accepter d’être amendée voire enrichie par des idées venues d’un autre camp. Mais il fait la démonstration dans le même temps que cette perspective consensuelle aura ses limites.
Il n’aura pas de mots trop durs par ailleurs pour qualifier la manœuvre entamée par Eric Ciotti allant à Canossa chez Marine Le Pen et Jordan Bardella. Il parle d’un « pacte avec le diable ». Il y va pour le chef de l’Etat des « valeurs de la République ». A l’opposé, mais à l’identique, il fustigera la gauche de Jean-Luc Mélenchon supérieurement coupable à ses yeux pour avoir nourri la bête immonde en réactivant « l’antisémitisme », en ne condamnant pas le terrorisme en Israël, en étant ambigüe sur l’aide à l’Ukraine. Il épargne ce faisant Raphaël Gluksmann qu’il approuve notamment pour ses choix européens.
Il réunit par ailleurs les deux pôles antagoniques dans une même critique : ils conduiront le pays à l’affaiblissement et la ruine. C’est particulièrement aux électeurs du RN qu’il s’adresse et notamment au troisième âge et aux jeunes qui ont voté contrairement à l’habitude le 9 juin pour la liste conduite par Jordan Bardella. Il énumère tout à trac les conséquences d’un tel vote : l’épargne atteinte, les taux en hausse, la note de la France dégradée. Il en appelle dans la foulée « à une prise de conscience et de responsabilité ».
Emmanuel Macron a qualifié sa propre intervention de « moment de clarification ». Un vœu pieu, car jamais la République n’avait traversé une période aussi complexe.
L’intégralité de la conférence de presse d’Emmanuel Macron à revoir en vidéo
EN DIRECT | Suivez la conférence de presse d’Emmanuel Macron au Pavillon Cambon Capucines à Paris. https://t.co/MBP8Cvg9xz
— Renaissance (@Renaissance) June 12, 2024
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