Lorsque, à la fin du mois de mai 2022, bruissait la rumeur de la création de nouveaux cardinaux par le pape François, une centaine de mitrés, comme les appelait affectueusement Monseigneur Pontier, pensaient ou espéraient peut-être en se rasant, un coup de téléphone du nonce apostolique. Ce fut Marseille et ce fut Jean-Marc Aveline qui fut choisi pour devenir cardinal, pour faire partie de ce collège cardinalice qui désignera le moment venu à la majorité des 2/3 le successeur du pape François. Une surprise pour lui-même, dit-il mais une étape, cohérente avec son parcours.
Jean-Marc Aveline est un enfant d’Algérie né à Sidi-Bel-Abbès. Il a quitté la rive sud à l’âge de 4 ans en 1962, fit un court séjour à Paris, puis ses parents se sont installés à Marseille dans les quartiers nord. Mais cette terre d’Algérie, ses origines andalouses l’on construit. Lors des cérémonies de béatification des moines de Tibhirine, il retourne à Oran le 8 décembre 2018 et il en est troublé : « L’heure tournait et le soleil déclinait écrit-il. Et moi, j’étais toujours là, perdu dans mes pensées et dans mes larmes au milieu de l’esplanade ! Oui, j’étais bien à Santa Cruz, là-même où jadis ma mère, écolière, montait en pèlerinage avec les Enfants de Marie et mon père, apprenti, avec la Jeunesse ouvrière chrétienne !(…) Une histoire avec ses souvenirs heureux et ses cicatrices douloureuses.. »Dans sa jeunesse heureuse à Marseille, il a déjà ressenti l’appel à une vie consacrée, mais il poursuit ses études, d’abord au lycée Victor Hugo, puis il fait ses prépas de maths sup et maths spé au lycée Thiers. À la veille d’entrer dans une école d’ingénieurs, il fait le choix du séminaire à Avignon de 1977 à 1979. Il est ordonné prêtre le 3 novembre 1984 et poursuit ses études. Il apprend le grec et l’hébreu, il passe une licence et une maîtrise en théologie à l’Institut catholique de Paris avec en plus une licence de philosophie à Paris et s’engage dans un travail de doctorat sur la pensée de Paul Tillich.
En 2020, Jean-Marc Aveline est nommé à Rome membre du Conseil pontifical pour le dialogue inter-religieux
Choix surprenant, car il s’agit d’un théologien majeur du protestantisme, émigré aux États-Unis depuis 1933 à cause de son opposition au régime nazi. dire “lieutenant” de l’évêque, et puis en 2013, il est nommé par le pape évêque auxiliaire de Marseille, auprès de Monseigneur Georges Pontier. Son travail sur le dialogue inter-religieux avec l’islam, avec le judaïsme, est repéré à Rome et il devient consulteur du Conseil pontifical pour le dialogue inter-religieux de 2008 à 2013. Première reconnaissance romaine qui sera suivie d’autres. Il a aussi présidé le Conseil pour les relations inter-religieuses à la Conférence des évêques de France (CEF). En 2020, il est nommé à Rome membre du Conseil pontifical pour le dialogue inter-religieux.
Événement exceptionnel, il est nommé dans sa ville, Marseille, le 26 janvier 2014 à la succession de Monseigneur Pontier comme évêque et archevêque. Ouvert, affable, manifestement heureux des missions qui lui sont confiées, il est le plus bergoglien des évêques de France dit-on et le pape en personne lui donne parfois des missions délicates, comme celle qu’il a eue l’an dernier de faire une « visite fraternelle » à son collègue, le très traditionnel Monseigneur Rey de Toulon pour bloquer les ordinations de quatre prêtres et six diacres. Sous ses rondeurs et sans perdre son sourire, il sait faire preuve de décision, d’ambition et de fermeté.Il a obtenu de François, une visite éclair à Marseille, qui participera le 23 septembre aux Rencontres méditerranéennes, l’événement rassemble des évêques, des jeunes, des maires de toutes les rives de la Méditerranée, pour échanger sur les crises politiques, les inégalités économiques, les migrations humaines et le changement climatique. Une consécration pour l’évêque phocéen qui prône une « Méditerranée heureuse » voire une « théologie de la Méditerranée » où Marseille s’intègre pleinement.
Jean-Marc Aveline : un intellectuel, un philosophe, un théologien
Un théologien du courant que l’on appelle libéral, non pas au sens économique, mais au sens théologique, c’est-à-dire qui met l’accent sur la liberté du chrétien face à Dieu et sur sa capacité à interpréter lui-même les textes bibliques. De ce travail sur Tillich, il retiendra la réflexion du théologien sur les relations inter-religieuses, sur la conviction que « la foi chrétienne devait entrer en dialogue créatif avec la pensée théologique des autres religions ». Il obtient un doctorat commun en théologie et philosophie à l’Institut catholique de Paris et à l’Université Laval, à Québec.Jean-Marc Aveline est un intellectuel, un philosophe, un théologien. Et s’il met en avant souvent son expérience pastorale, S’il aime le contact et l’action auprès des populations marseillaises, il est un homme de réflexion et de mesure. Il cisèle ses écrits, mesure au trébuchet ses propos, cherche ses multiples références et délivre toujours un message maîtrisé dans une langue riche, souple et colorée. Fort de ses diplômes en doctorat canonique, il devient professeur de théologie au séminaire inter-diocésain de Marseille, puis à la Faculté de théologie de l’Université catholique de Lyon. En 1992, il fonde à Marseille l’Institut des sciences et théologie des religions, dirige l’institut Saint Jean qui deviendra l’Institut catholique de la Méditerranée, rattaché à la Catho de Lyon. En 1996, il devient vicaire épiscopal, c’est-à-dire “lieutenant” de l’évêque, et puis en 2013 il est nommé par le pape évêque auxiliaire de Marseille, auprès de Monseigneur Georges Pontier.Son travail sur le dialogue interreligieux avec l’islam, avec le judaïsme, est repéré à Rome et il devient consulteur du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux de 2008 à 2013.
Mgr Aveline : une « Méditerranée heureuse » voire une « théologie de la Méditerranée »
Première reconnaissance romaine qui sera suivie d’autres. Il a aussi présidé le Conseil pour les relations interreligieuses à la Conférence des évêques de France (CEF). En 2020 il est nommé à Rome membre du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux. Événement exceptionnel, il est nommé dans sa ville, Marseille, le 26 janvier 2014 à la succession de Monseigneur Pontier comme évêque et archevêque.Ouvert, affable, manifestement heureux des missions qui lui sont confiées, il est le plus bergoglien des évêques de France dit-on et le pape en personne lui donne parfois des missions délicates, comme celle qu’il a eue l’an dernier de faire une « visite fraternelle » à son collègue, le très traditionnel Monseigneur Rey de Toulon pour bloquer les ordinations de quatre prêtres et six diacres. Sous ses rondeurs et sans perdre son sourire, il sait faire preuve de décision, d’ambition et de fermeté.Il a obtenu de François, une visite éclair à Marseille, qui participera le 23 septembre aux Rencontres méditerranéennes, l’événement rassemble des évêques, des jeunes, des maires de toutes les rives de la Méditerranée, pour échanger sur les crises politiques, les inégalités économiques, les migrations humaines et le changement climatique. Une consécration pour l’évêque phocéen qui prône une « Méditerranée heureuse » voire une « théologie de la Méditerranée » où Marseille s’intègre pleinement.
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