Depuis la confirmation par l’ex-Premier ministre Michel Barnier de l’organisation des Jeux par les régions Auvergne-Rhône-Alpes et Sud, en octobre dernier, la course contre la montre est lancée. Avant même cette confirmation, le président de la région Sud Renaud Muselier avait prévenu la SNCF : il faudra que les infrastructures ferroviaires, notamment la Ligne Nouvelle, soient prêtes d’ici la date butoir de 2030, même si leur terme était prévu bien après.
Ces accélérations concernent en particulier la ligne des Alpes, entre Marseille et Briançon, mais aussi la future ligne Nouvelle Provence-Côte d’azur, qui doit accentuer les liaisons en Marseille et Nice.
En plus de ces lignes, doit éclore à l’horizon 2029 un pôle d’échange multimodal à la gare de Briançon, qui accueillera trains, bus, cars et navettes olympiques et a ainsi vocation a être « un hub du cluster olympique.»
La SNCF a dû mettre les bouchées double pour restreindre le calendrier. A l’occasion d’une conférence de presse, mercredi 26 mars, le vice-président transports de la Région Jean-Pierre Serrus et les dirigeants régionaux de la SNCF ont fait le point sur les dernières avancées et les défis qu’il reste à relever.
La ligne des Alpes et la LNPCA en ligne de mire
« Ce qu’on aurait dû faire en 15 ans, il faudra le faire en cinq ans. […] Il est hors de question que nous rations un rendez-vous qui en plus d’être international est le gage d’un héritage qui sert diablement les populations. Toutes les conditions sont réunies pour que nous réussissions » insiste Jean-Pierre Serrus.
Côté opérationnel, concernant le cas de la ligne des Alpes, plusieurs facteurs entrent en ligne de compte : « Nous avons anticipé sur les études préliminaires et de faisabilité. Ensuite, il a fallu agir sur le plan industriel en trouvant les meilleurs compromis possibles. Aujourd’hui, nous sommes en capacité de nous adapter à plusieurs scenarii d’investissement », détaille le directeur régional de la SNCF Karim Touati, qui prévient tout de même : « il faudra s’attendre à des suspensions de service pour réaliser les travaux », sans pour autant préciser quelles portions de lignes seront impactées, ni le calendrier.
Autre ligne majeure dans l’optique des JO, la ligne Nouvelle Provence-Côte d’azur qui vise à améliorer la liaison entre Marseille et Nice, avec la promesse d’un train tous les quarts d’heure. Dans le courant de l’année 2025, la Région prévoit ainsi des travaux sur la gare Marseille Blancarde, ainsi que la construction d’un bâtiment et d’un parking pour les activités tertiaires de la SNCF à proximité de la gare Saint-Charles. Les travaux doivent également se poursuivre pour la future gare Nice aéroport soit fin prête en 2028. La gare Saint-Charles, elle, devra néanmoins attendre 2035 …
Ligne Marseille-Briançon : un financement complémentaire de 200 millions d’euros à l’étude
Pour aller plus vite, la Région comme la SNCF pourrait avoir besoin d’une rallonge financière. Des discussions seraient en cours avec le ministère des Transports en ce sens, affirme Jean-Pierre Serrus. Actuellement, le budget alloué dans le contrat de plan Etat-Région (CPER) 2023-2027 est de 151 millions d’euros répartis entre les cocontractants, dont 20 millions engagés par la Région en 2025. La collectivité souhaiterait augmenter ce budget de 200 millions d’euros environ, pour qu’il avoisine, in fine, les 400 millions d’euros.
« Lors de l’adoption du CPER, nous n’avions pas inclus les JO mais nous avions convenu de la possibilité d’un avenant dans la loi de finances. Aujourd’hui, les modalités pratiques de cet avenant sont en cours de discussions. L’avantage des JO, c’est qu’on a une date fixe, il faudra donc que ça se décide vite », explique le vice-président régional en charge des transports.
Malgré les retards de livraison, l’ouverture à la concurrence des TER se poursuit
Dans l’attente de la concrétisation de ces projets, la Région poursuit l’ouverture à la concurrence des TER. Depuis le début de l’année, la ligne Cannes-Nice-Menton est opérée par Sud Azur, une filiale de la SNCF. En juin prochain, l’opérateur Transdev (filiale de la Caisse des Dépôts) commencera à opérer sur la ligne Marseille-Toulon-Nice. Avec un léger couac au démarrage : en effet, Transdev n’aura reçu, à cette date, que huit des seize rames qui doivent circuler, en raison de retards du côté du constructeur Alstom. Transdev sera donc contraint de louer dans l’intervalle les rames manquantes à d’autres régions … et donc auprès de SNCF Voyageurs.
« Il y aura bien huit machines opérationnelles le 29 juin. Trois autres arriveront en juillet, et enfin les cinq dernières entre août et octobre. […] tout cela est complètement neutre pour les finances de la Région et le fournisseur devra faire face à des pénalités », veut rassurer Jean-Pierre Serrus.
Les candidatures pour le troisième lot concernant justement la ligne des Alpes sont actuellement toujours à l’étude. Un appel d’offres pour le lot 4, à l’Ouest de la région, sera lancé dans le courant de l’année prochaine.
40 millions d’euros investis en 2025 pour les gares régionales
A côté des chantiers en vue des JO, la SNCF prévoit aussi d’autres investissements à plus court terme : en 2025, 40 millions seront ainsi dans les gares régionales pour renforcer l’accessibilité, l’intermodalité, rallonger les quais – notamment à Cassis, La Garde et Mandelieu. En outre, la SNCF vise 100% de ses gares équipés de solutions de stationnement pour les vélos en 2025.
Outre les JO, la Région vise à plus long terme le déploiement de son réseau de Serm (service express régionaux métropolitains), aussi appelé RER métropolitain, qui doit combiner plusieurs modes de transports. Quatre Serm sont à ce jour envisagés pour mieux desservir le territoire d’Avignon, d’Aix-Marseille, l’aire toulonnaise et enfin l’aire Nice Cote d’azur. La future LNPCA doit faire partie de ce réseau de Serm.
« Une conférence de financement pour définir un modèle économique doit se tenir dans quelques mois », affirme Jean-Pierre Serrus, qui appelle l’Etat et l’Union européenne à « faire la preuve que c’est un projet prioritaire et pas une variable d’ajustement », dans un contexte budgétaire incertain au niveau national.
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