Dans son bureau des Docks Villages à Marseille, des centaines de sacs en tissu griffés « à la bonne porte » sont entreposés derrière Olivier Buyse. Ce sont les premiers outils de communication pour le réseau immobilier qu’il a co-fondé en septembre 2021 pour favoriser l’employabilité des femmes de plus de 45 ans.
Guitariste dans sa jeunesse, il n’a « pas réussi dans la musique ». A 22 ans, Olivier intègre l’industrie pharmaceutique puis grimpe les échelons pour devenir responsable des ventes, puis responsable des comptes clefs notamment pour les laboratoires Roche. Mais, en 2018, le professionnel retourne sur les bancs de l’école pour suivre une formation de « management général » à Kedge Business School Marseille. C’est la rédaction de son mémoire en binôme qui le met sur la piste d’un projet entrepreneurial : la création d’un réseau immobilier engagé pour les causes féminines.
La raison d’être au cœur du projet
Cette préoccupation émane de son expérience personnelle. « Quand je me suis retrouvé sur le marché de l’emploi à 51 ans, je pensais avoir le meilleur réseau et que ça allait être simple de trouver du boulot. En fait, c’était tout le contraire. Personne ne l’avouera jamais mais passé 45 ans, l’entreprise n’investit plus pour vous. » observe le fondateur en tapotant sur son clavier. Ayant beaucoup d’amies femmes, il se rend compte que pour elles « c’est encore pire ». Il les nomme au détour d’un terme sociologique : « les déclassées ». Ces femmes ne sont « ni retraitées, ni actives », mais se retrouvent mises à l’écart du monde du travail passé 45 ans, même après une reconversion professionnelle. Études à l’appui.
Alors, pour contrer cette réalité, Olivier et son associé créent le réseau immobilier « à la bonne porte » pour qu’elles puissent trouver un job sans discrédit. Ce nom rassure, il est étudié pour que chacun, y compris les hommes, se sentent accueillis. « Tout le monde peut postuler avec un statut d’autoentrepreneur, qu’il soit expérimenté ou novice dans le métier » insiste Olivier Buyse. D’ailleurs, les deux cofondateurs n’y « connaissaient rien » à l’immobilier avant de se lancer. Pour gagner en légitimité et mieux connaître le secteur, ils se sont associés à un directeur d’agences immobilières [dont le nom n’a pas souhaité être communiqué] à Nice « qui sait que son modèle est mort à terme » confie l’entrepreneur.
Si le modèle des agences physiques tend à s’éteindre, il est encore « ultra-concurrentiel ». Voilà pourquoi, le réseau devait être « disruptif, apporter une nouveauté » assure Olivier. Pour l’être, les cofondateurs décident d’inscrire dans les statuts une« raison d’être » dès le départ comme l’indique loi Pacte de 2019, et fondent leur différenciation sur la mission d’encourager l’employabilité des seniors et notamment des femmes.
Une part des ventes reversée aux associations
En amont du dépôt des statuts, les associés créent une communauté de sept associations dont Force femmes, SOS cancer du sein, Ressources, le Centre d’information sur les droits des femmes et des familles (CIDFF), l’incubateur les premières sud ou l’association Point Rose de Nathalie Paoli, l’ancienne directrice de la communication de l’Olympique de Marseille. Dès le départ, Olivier sait que« à la bonne porte » reversera une partie des bénéfices des ventes à des associations engagées pour les femmes. Il crée alors le mandat Exclu’Solidaire, le premier mandat de reversement solidaire exclusif immobilier. En vendant son appartement ou sa maison par le biais d’un mandataire du réseau, chaque vendeur particulier pourra choisir la cause qu’il souhaite soutenir financièrement. Cette somme, établie à 250 euros par les cofondateurs, sera versée par le réseau après la vente. « Ce chiffre ne sort pas du chapeau. Il vient d’une étude de marché sérieuse » assure Olivier qui dessine le schéma de son business model sur son tableau Velleda.
En plus des 250 euros reversés aux associations, « à la bonne porte » récupérera 5% du prix de vente des biens. Sur ce pourcentage, « entre 70% à 95% des bénéfices seront reversés aux mandataires immobiliers ». Par exemple pour un bien de 500 000€, les frais d’agence sont environ de 4%. Sur ce pourcentage, entre 70 et 95% seront reversés aux mandataires immobiliers. Ainsi, sur les 20 000€ perçus par la société, les mandataires toucheront entre 14 000 et 19 000€ et la cause choisie par le vendeur bénéficiera systématiquement de 250€.
Néanmoins, ce système de mandat demande une latence de trésorerie. « Il faut six mois pour rentrer un chiffre d’affaires entre le recrutement d’un mandataire et la vente du bien » estime Olivier Buyse. C’est pourquoi, les cofondateurs se sont associés à trois investisseurs pour lever des fonds [dont le montant n’a pas souhaité être avancé]. Au global, les fondateurs disposent d’une enveloppe de 400 000 euros pour développer leur business avec une garantie de prêt accordée par la Banque Publique d’Investissements (BPI).
Objectif : 500 mandataires en cinq ans
Chaque conseiller disposera de « mandats exclusifs » (uniquement détenus par le réseau) pour vendre des biens immobiliers sur tout le territoire français. « Nous avons déjà une personne sur Nice, une à Orange et bientôt une sur Lyon » admet l’entrepreneur. Si les premiers embauchés sont des hommes, Olivier entend recruter rapidement des femmes, comme l’indique sa promesse de marque. Selon ses prévisions, la société au capital social de 22 000€ atteindra son seuil de rentabilité avec le recrutement d’une trentaine de mandataires d’ici fin 2022. « D’ici 5 ans, nous envisageons d’avoir embauché 500 mandataires » espère Olivier Buyse, confiant de la progression de son réseau d’envergure nationale.
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