C’est l’autre annonce (en plus de celle consacrée au fonds de 100 millions) d’Emmanuel Macron lors de la cérémonie d’ouverture du Forum des mondes méditerranéens, qui s’est tenu à Marseille ces 7 et 8 février. Le chef de l’Etat entend créer une « Académie des talents de la Méditerranée » qui accueillerait les artistes, chercheurs ou artisans des deux rives de la Méditerranée.
L’échéance est imminente, puisqu’une première promotion doit voir le jour d’ici septembre 2022, révèle l’ambassadeur de France en Méditerranée Karim Amellal, interrogé par Gomet’. S’il précise que cette académie se veut « itinérante », afin de se déplacer d’une rive à l’autre de la Méditerranée, ce projet sera piloté depuis Marseille, au sein du campus de l’Agence française de développement (AFD) situé aux Docks, à la Joliette (2e). En effet, l’académie est portée par l’AFD et ses partenaires : « C’est un projet que nous mûrissons depuis le Sommet des Deux rives de 2019, en lien avec la délégation interministérielle de la Méditerranée (Dimed), qui est rattachée au Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères », relate auprès de Gomet’ Isabelle Perrody, la responsable du projet au sein de l’AFD.
#ForumMed @EmmanuelMacron évoque le lancement de l’Académie des Talents de la #Méditerranée, un prog. du #CampusAFD
— Agence Française de #Développement (AFD) 🇫🇷 🇪🇺 (@AFD_France) February 7, 2022
“Ils pourront créer des réseaux, développer leurs idées, acquérir de nvlles compétences, prouver que notre #Méditerranée sait se rassembler & conjuguer ses talents” pic.twitter.com/CM7dgoTbyz
Startup Brics, programme spécialisé dans la mise en lumière des innovations dans les pays émergents, est le partenaire privilégié d’AFD pour ce projet. Le programme initié par Samir Abdelkrim aidera l’AFD à concevoir et développer le projet, qui est encore au stade de l’élaboration. « Plus que des formations, ce sera un véritable accompagnement en digital et en présentiel pour les talents », précise Samir Abdelkrim à Gomet’. « L’idée sera de faire travailler ensemble une promotion de “change makers”, sur des sujets qui concernent les deux rives de la Méditerranée, comme l’égalité femmes-hommes ou l’environnement » ajoute-t-il. D’autres partenaires publics comme privés prendront part au projet, comme la Région Sud, le Centre pour l’intégration en Méditerranée (CMI) ou encore l’Institut des futurs souhaitables.
Une académie « hybride et itinérante »
L’accompagnement permis par l’académie sera dispensé en format hybride, la plupart du temps en virtuel, mais avec des temps de rencontre en présentiel. « Il est primordial pour nous que la promotion puisse se rencontrer pour échanger », explique Isabelle Perrody. Une première rencontre sera ainsi organisée à Marseille au sein du campus de l’AFD, situé dans le bâtiment des Docks. Aucun aménagement n’est pour l’heure prévu : « La première promotion sera composée de quinze talents, et nous disposons de la place nécessaire sur le campus », assure-t-elle. Deux autres rendez-vous en présentiel auront lieu de l’autre côté de la Méditerranée « dans des institutions ou tiers-lieu partenaires » qui restent à identifier.
La quinzaine de talents, âgés entre 20 et 40 ans, sera recrutée par le biais d’un appel à candidature lancé « d’ici quelques semaines », précise Isabelle Perrody. Si le périmètre de la future académie a vocation à recouvrir la zone « 5 + 5 » de la Méditerranée (Italie Portugal, France, Espagne, Malte / Algérie, Maroc, Tunisie, Lybie, Mauritanie ), la priorité sera donnée dans un premier temps aux pays de la rive sud, de préférence francophones. Au fil du temps, le projet à vocation à prendre de l’ampleur. Pour l’instant, le budget se chiffre à près d’un million d’euros, financés intégralement par l’AFD. Cependant, le coût total du projet reste à estimer. Le président de la République a également annoncé un programme de boursiers en lien avec l’académie, dont ni le montant ni le financement n’a pour l’heure été dévoilé. « Il pourrait servir à financer notamment les déplacements d’une rive à l’autre pour les étudiants », projette Isabelle Perrody.
Les projets artistiques à l’honneur
Ce n’est pas tout : « les candidats seront choisis sur la base d’un projet ou d’une idée de projet en lien avec la Méditerranée, avec une attention particulière accordée aux projets artistiques », spécifie Isabelle Perrody. Le cursus, qui s’étalera sur six mois, sera découpé en quatre axes, dont un consacré à l’accompagnement dans la concrétisation du projet de départ. Cet accompagnement se matérialisera par l’apprentissage d’une méthodologie puis sur la mise en relation des talents avec des bailleurs pour investir, précise la chargée de projets pédagogiques de l’AFD. Les autres axes concernent la compréhension de l’environnement méditerranéen – Histoire, cultures, enjeux, … -, le développement des “soft skills” (capacité à diriger, intelligence relationnelle, créativité, etc.), et enfin l’imagination commune d’un récit futur pour la Méditerranée. Ce récit pourra être publié et à vocation à inspirer. « Nous ne pouvons pas dire pour l’heure quelle sera l’utilisation concrète de ce récit et s’il pourra servir d’appui au gouvernement pour établir sa politique en Méditerranée », nuance cependant Isabelle Perrody.
A Marseille, des projets similaires à cette « académie des talents de la Méditerranée » ont déjà vu le jour, par exemple au sein de l’Institut des études avancées d’Aix-Marseille Université (Iméra), situé à proximité du Parc Longchamps (4e). Chaque année, l’Iméra accueille une trentaine de scientifiques et artistes internationaux, avec notamment un programme axé sur la Méditerranée. De même, la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) Aix-Marseille Provence planche en concertation avec l’Elysée sur la création d’un lieu appelé Africagora à Marseille, qui ouvrira ses portes courant 2022 et aura vocation à accueillir entrepreneurs et artistes. « Notre objectif n’est pas de créer un énième projet, mais de travailler avec ce qui existe déjà », explique Isabelle Perrody qui insiste sur le fait que « l’académie est tournée vers la jeunesse et a pour but d’aboutir à du concret, pas de rester uniquement sur une formation théorique ».
Document source : le discours du président de la République
au Forum des mondes méditerranéens :
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