Les agriculteurs sont sous pression à cause de l’utilisation des pesticides. Un arrêté de mai 2017 les contraints d’ailleurs à traiter leurs effluents phytosanitaires, notamment issus du lavage des machines, par des procédés reconnus efficaces par le ministère de la Transition écologique. La société Adequabio de Pertuis fait partie des acteurs reconnus par l’Etat. Son fondateur Daniel Garcia a développé une technologie de dégradation des pesticides dans les effluents liquides grâce à des bactéries photosynthétiques « que l’on trouve dans la nature », explique-t-il à Gomet’. Cet ancien chercheur du CEA a commencé à travailler sur ce projet en 2013 dans le cadre du programme européen Life-Phytobarre qui finance son développement jusqu’en 2017. « Au final, on est parvenu à éliminer plus de 95% des produits chimiques avec nos bactéries », avance Daniel Garcia. Fort de ses bons résultats, il lance Adequabio en février 2018.
Des petits agriculteurs et des grands groupes comme LVMH
Son premier produit baptisé Phytobarre a déjà séduit une quinzaine de clients. Il s’agit d’un bassin fourni par les établissements Barre, un partenaire installé du Lot-et-Garonne, dans lequel Adequabio place ses bactéries. « Elles se développent en dégradant les produits chimiques et le liquide s’évapore au fur et à mesure. Il n’y a aucun rejet dans la nature et aucun besoin d’énergie pour faire fonctionner la station », explique Daniel Garcia. Parmi ses clients, Adequabio compte des petits exploitants agricoles mais aussi des grands comptes comme Moët & Chandon (LVMH) qui s’est équipé sur ses vignobles de Champagne. Les collectivités commencent même à s’intéresser à sa solution. « Les communautés de communes essaient de mettre en place des stations de traitement collectives pour les agriculteurs. On a répondu à plusieurs appels d’offres », avance Daniel Garcia. La société a déjà vendu 50 Phytobarres lui permettant de réaliser un chiffre d’affaires de 100 000 euros en 2019. « Et nous avons de plus en plus de demandes. Une cinquantaine de clients sont dans le pipe mais il faut qu’on grossisse pour pouvoir y répondre », avoue le dirigeant.
Une levée de fonds pour conquérir le marché français, voire européen
Adequabio compte aujourd’hui quatre salariés et souhaite rapidement recruter un directeur commercial et un responsable de chantier. A l’horizon 2024, l’objectif est d’atteindre les 10 collaborateurs. Pour y parvenir, Adequabio s’est lancé dans un processus de levée de fonds. Elle recherche 400 000 euros auprès d’investisseurs et espère boucler ce tour de table l’année prochaine. Pour développer ses ventes, la société a également mis en place un réseau de distributeurs partenaires en Nouvelle-Aquitaine et dans le Pays de la Loire. « Nous serons bientôt présent aussi en Bretagne et en Normandie », annonce Daniel Garcia. Il vise même l’export avec de nouvelles demandes en Belgique et au Portugal. « La réglementation est en train de se durcir dans ces pays. Ils s’intéressent donc à notre procédé », explique le chef d’entreprise.
D’autres applications pour les bactéries d’Adequabio avec le programme Vespa
En parallèle du développement commercial de phytobarre, le chercheur continue de travailler sur d’autres applications de ses bactéries. Il est notamment à l’origine du programme Vespa financé par l’Ademe avec le CEA, le centre technique interprofessionnel des fruits et légumes (CTIFL) et la chambre d’agriculture. « On teste notre technologie sur d’autres effluents issus des serres ou encore des moulin à huile d’olive. En plus, le CEA la couple avec une culture de microalgues qui permettrait de faire de l’engrais par exemple », précise-t-il. Adequabio commence même à s’intéresser aux effluents industriels « mais pour l’instant, c’est encore trop tôt pour en dire plus », prévient Daniel Garcia.
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