A la suite du rachat d’Alteo à la barre du tribunal, le groupe guinéen UMS a nommé le 21 janvier dernier l’un de ses administrateurs Alain Moscatello au poste de président de l’usine de Gardanne. Il répond en exclusivité aux questions de Gomet’ sur son plan pour relancer Alteo.
Pouvez-vous nous présenter les activités du groupe United Mining Supply ?
Alain Moscatello : Le groupe United Mining Supply (UMS) a été fondé en 2002 en Guinée par Fadi Wazny. A la base, nous sommes une société logistique spécialisée dans l’accompagnement des sociétés minières et industrielles en Guinée. On transporte les marchandises et les personnes et on offre également des services sur les sites miniers. En 2014, nous avons créé le consortium SMB Winning avec nos partenaires : l’armateur singapourien Winning Shipping et le producteur chinois d’aluminium Shandong Weiqiao. Ce consortium a remporté des appels d’offres pour l’exploitation de mines de bauxite et de fer en Guinée et on exporte environ 40 millions de tonnes de bauxite chaque année essentiellement vers la Chine.
Comment êtes-vous entré en contact avec l’ancien propriétaire d’Alteo, HIG, avant la reprise ?
A.M : Au départ, les administrateurs du groupe m’ont demandé de rechercher de nouveaux acheteurs pour la bauxite que nous produisons et j’ai naturellement contacté Alteo pour leur proposer nos produits. Entre temps, Alteo a été placé en redressement judiciaire mais on a continué de suivre le dossier de près. Rapidement, on a découvert le potentiel de la société et souhaité faire une offre. En juin 2020, avec l’aide du cabinet KPMG, nous avons monté un dossier pour un rachat de l’activité partielle. Cela nous a permis d’accéder à la data room, d’avoir tous les documents mais très vite, on s’est rendu compte qu’une offre sur une seule partie de l’usine n’était pas pertinente pour des raisons de compétitivité et aussi parce que dans ce cas-là la garantie environnementale ne s’appliquait pas forcément. Mais c’est finalement HIG qui nous a contactés. Ils nous ont dit que notre offre ressemblait beaucoup à un plan de continuation et nous ont proposé de racheter leurs parts. C’est donc ce qu’on a fait. Le plan de continuation a des inconvénients, on conserve les dettes, mais permet également de conserver un bon équilibre de la société avec l’ensemble des activités.
Vous dites conserver l’ensemble des activités mais finalement vous abandonnez la transformation de la bauxite via le procédé Bayer. Pourquoi ?
A.M : Le procédé Bayer coûte cher à une entreprise. Lorsque l’usine Alteo appartenait à de grands groupes comme Pechiney ou Rio Tinto, ce n’était pas grave. Ces coûts étaient absorbés dans un plus grand ensemble. Mais lorsque l’usine se retrouve indépendante, l’entreprise qui la gère ne peut plus supporter ces dépenses. En plus, Alteo a dû faire de gros investissements pour réduire son impact environnemental et on aurait dû continuer à investir des millions. Ce n’était plus tenable financièrement. Ce changement va redonner de la vitalité à l’usine qui va pouvoir se concentrer sur ce qu’elle fait de mieux : des alumines de spécialités.