A06 est le nom de code d’un des plus grands projets d’éolien en mer mis sur le marché, celui d’éolien flottant en Méditerranée. Depuis le 23 mai à 12 heures les 13 groupements attendaient la décision du gouvernement français sur ces deux parcs éoliens du Golfe du Lion, l’un au large de la Région Sud, l’autre de la Région Occitanie. Les 13 groupements qui avaient déposé des dossiers ont été retenus. Tout ce que l’Europe compte de majors en matière d’énergies renouvelables et d’éolien s’est positionné sur la ligne de départ.
De la Suède à l’Italie, de l’Allemagne à l’Espagne en passant par la France dont Bourbon à Marseille (voir notre précédent article), les équipes d’ingénieurs et de financiers entrent dans la phase de dialogue compétitif, une période où chaque groupement peut améliorer son offre en discussion avec le donneur d’ordre en l’occurrence le ministère de la Transition écologique et Réseau de transport d’électricité (RTE) pour le volet raccordement. Le choix de sélectionner… sans sélectionner ouvre cette opération à toutes les technologies, mais va compliquer la phase de choix final, avec deux options : un opérateur pour les deux parcs ou deux opérateurs distincts.
L’analyse des 13 consortiums candidats pour l’éolien flottant en Méditerranée démontre l’enjeu industriel sachant que chaque parc demande un investissement de plus d’un milliard d’euros.
- Consortium formé par les groupes BlueFloat Energy, Madrid, Sumitomo Corporation (Tokyo) et Akuo Energy (Paris)
- Éolienne Occitanie Grand Large et Éolienne Méditerranée Grand Large, deux sociétés de projet d‘EDF Renouvelables et Maple Power (joint-venture d’Enbridge et CPPIB, Londres).
- Groupement BayWa r.e de Munich et Elicio (Belgique). Nous avions souligné les ambitions en région Sud du bavarois BayWare présent à Peynier.
- Océole, est un partenariat formé par trois acteurs des énergies renouvelables : Equinor, développeur de projets éoliens flottants, Q Energy France acteur de l’éolien en mer et soutenu par Green Giraffe société de conseil financier spécialisée dans les énergies renouvelables.
- Iberdrola, est une entreprise espagnole spécialisée dans la production, la distribution et la commercialisation d’électricité et de gaz naturel. Son siège social est situé à Bilbao, au Pays basque.
- Ocean Winds, basée à Madrid, est une co-entreprise dédiée à l’éolien en mer, créée, et détenue à 50/50, par Engie et Edpr Engie et EDP Renováveis.
- RWE – Bourbon (Marseille) est un groupement que nous avons évoqué. Christian Daumarie patron des projets éoliens offshore de Bourbon Subsea Services a expliqué pour Gomet’ pourquoi le logisticien phocéen est allé chercher le géant allemand de l’énergie RWE.
- Les Moulins du Leonis, est un consortium composé de Shell et EnBW Shell et EnBW (Karlsruhe) .
- Archipel Énergie Marine, associe de Qair, TotalEnergies et Corio Generation. Dans un communiqué Total Énergies s’engage à « favoriser l’économie locale afin de permettre aux territoires de bénéficier pleinement des retombées positives en termes d’activités et d’emplois ».
- Consortium wpd (Bremen) est un producteur d’électricité renouvelable fondé en 1996 en Allemagne qui développe, finance, construit et exploite des parcs éoliens (terrestres et en mer) et solaires photovoltaïques dans 28 pays.
- Vattenfall, (Solna, Suède)créé en 1909 est détenu à 100 % par l’État suédois. Implanté dans sept pays européens (Allemagne, Danemark, Finlande, France, Pays Bas, Royaume Uni et Suède), Vattenfall compte 14 millions de clients et emploie près de 20 000 salariés.
- Cobra Instalaciones y Servicios, S.A. basé à Madrid compte 21 595 salariés dans 50 pays
- Eni Plenitude est la nouvelle filiale verte qui regroupe les activités d’Eni dédiées aux énergies renouvelables, la recharge de véhicules électriques, les services énergétiques et la fourniture d’énergie aux particuliers. Elle emploie près de 2 000 salariés et est cotée en Bourse à Milan,
Chaque société participera à l’élaboration d’un projet de cahier des charges avec les services de l’État jusqu’à la fin de l’année. Une fois cette période de dialogue concurrentiel achevée, le Gouvernement choisira un ou deux lauréats à l’automne 2023. La programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) avait prévu d’attribuer, dans le cadre d’une procédure de mise en concurrence, deux parcs éoliens flottants de 250 MW et éventuellement, des extensions, chacune de 500 MW, à partir de 2024. L’éolien flottant a été préféré puisque les parcs sont fléchés sur des zones de profondeur supérieure à 50 mètres. Les parcs comportent chacun une vingtaine d’éoliennes flottantes, avec leurs systèmes d’ancrage, un poste électrique en mer et le raccordement au réseau. Leur extension représenterait une trentaine d’éoliennes supplémentaires, soit une cinquantaine au total par parc avec une puissance de 750 MW (consommation de 2,9 millions d’habitants) .
Eolien en Méditerranée : limiter les impacts sur la pêche, informer régulièrement le public
Une procédure de débat public s’est tenu de juillet à octobre 2021, elle a permis de délimiter deux zones sur les quatre présélectionnées : une première située au large de la Narbonnaise, à plus de 22 km des côtes, tandis que le second parc devrait être localisé au large du Golfe de Fos à plus de 22 km des côtes, sous réserve des résultats des études environnementales en cours. L’État s’est engagé à prendre en compte les contributions du public, à demander aux futurs développeurs des parcs de proposer des mesures pour limiter les impacts sur la pêche, à poursuivre les études techniques et environnementales sur les zones retenues en concertation avec les acteurs de la façade méditerranéenne, et à informer régulièrement le public sur l’avancement des projets grâce à une communication sur le site internet dédié aux éoliennes en France : www.eoliennesenmer.fr
Le ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires Christophe Béchu, se félicite « de cette nouvelle étape franchie dans la conduite de l’opération du Golfe du Lion. Ce type d’opérations est le modèle et l’incubateur des parcs éoliens en mer de demain, dont nous avons besoin pour compléter notre mix énergétique et répondre aux objectifs de la programmation pluriannuelle de l’énergie dans le respect de nos exigences environnementales. »
La CRE recommande aux pouvoirs publics de réduire ces délais au regard des enjeux en matière de transition énergétique et de sécurité́ d’approvisionnement.
Commission de régulation de l’énergie
Par contre la CRE, la Commission de régulation de l’énergie, déplore dans son avis du 22 juin les délais trop longs et trop lents : « La CRE constate qu’ils prévoient tous une mise en service des deux projets entre 2030 et 2032, alors que la désignation des lauréats interviendra vers mi-2023. (…) Ces délais de mise en service des parcs éoliens en mer sont plus longs que dans les autres pays européens. La CRE recommande aux pouvoirs publics de réduire ces délais au regard des enjeux en matière de transition énergétique et de sécurité d’approvisionnement. Enfin, il apparaît que les cahiers des charges des projets éoliens en mer sont maintenant stabilisés, la phase de dialogue portant désormais sur des aspects techniques moins dimensionnant. De façon à accélérer la procédure d’attribution, la CRE recommande aux pouvoirs publics d’étudier l’opportunité d’un passage à une procédure plus standardisée d’appel d’offres pour les prochaines mises en concurrence relatives à l’éolien en mer posé et flottant. »
Quelles retombées pour notre région?
Enfin si l’on peut se réjouir de l’intérêt européen pour ces parcs éoliens, et donc pour notre région, l’enjeu est dans l’implantation des industriels de production et d’assemblage des éoliennes, des services de maintenance, des postes de pilotage et de gestion sur notre littoral. Le risque est de voir passer les trains… sans retombées effectives. La Région Occitanie a fortement investi sur Port La Nouvelle. Pour Carole Delga présidente, « L’ambition est de positionner Port-la-Nouvelle comme un hub de la logistique pour l’éolien en mer flottant » et la Région Occitanie y a investi 234 millions d’euros.
Les équipements de Fos et ses espaces portuaires sont-ils suffisamment attractifs pour les investisseurs éoliens européens ?
Document source:
RAPPORT DU MINISTÈRE DE LA TRANSITION ÉCOLOGIQUE, ÉTABLI CONJOINTEMENT AVEC RTE, CONSÉCUTIF AU DÉBAT PUBLIC PORTANT SUR UN PROJET D’ÉOLIENNES FLOTTANTES EN MÉDITERRANÉE ET LEUR RACCORDEMENT
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