Des obligations convertibles pour transformer les PGE
Dominique Gaillard, énonce clairement son projet dans la période de crise de 2020 : « aider les PME et ETI familiales ». Dans le dialogue que France Invest nourrit avec Bercy, la priorité est dans la transformation du PGE. Si l’initiative de la Fédération bancaire française d’émettre 40 000 prêts participatifs à un taux de 3,5 % pour rembourser les PGE est positive, ce dispositif demeure un emprunt qui détériore le bilan, le taux d’endettement et la notation ; ce que Jeannine Roghe, directrice régionale de la Banque de France a confirmé.
France Invest négocie donc un plan, déjà évoqué par Pierre Grand-Dufay en juillet dernier lors de notre Grand débat consacré aux levées de fonds, qui serait géré par les sociétés de gestion de 6 milliards d’euros et qui serait distribué sous forme d’OC ou ORA (2), des Obligations convertibles ou des Obligations remboursables en actions. Le plan ferait l’objet d’une trentaine de mandats pour investir dans les PME avec 8 mandats nationaux, 4 mandats de retournement et des mandats régionaux. Des équipes, voire des regroupements peuvent se constituer, mais elles devront apporter 10% de financements propres. « Ce mécanisme souligne Dominique Gaillard, a le double avantage de conforter les fonds propres et de ne pas être dilutif pour le chef d’entreprise. » Un comité des sages de France Invest fera la sélection.
Près d’un demi milliard investi en 2019 en région Sud
Au niveau régional les chiffres de France Invest donnent en cumul jusqu’en 2018 : 574 entreprises soutenues par le capital-investissement, 58 % soutenues en capital développement, 30 % en capital innovation et 12 % en capital transmission. La croissance du chiffre d’affaires consécutive à un investissement de VC est inférieure d’un point au score national, un chiffre explicable par le fait que les opérations sont plus tournées vers des petites entreprises dans le Sud.
En 2019, 480 M€ ont été investis dans 130 entreprises. Un chiffre en baisse par rapport à 2018, avec 157 sociétés et même 2017 avec un sommet à 172 entreprises soutenues. En montant investi, on note aussi une baisse de 100 millions d’euros par rapport à 2017 ou 2018. Les professionnels sont partagés sur l’explication de ce plafond.
Depuis 2010, la région Sud a dépassé le seuil des 100 entreprises soutenues, en moyenne, un étiage autour de 120 semble se dessiner. Des raisons conjoncturelles, le closing de fonds en 2017-2018, l’absence de grandes opérations pourraient expliquer ces variations de courbes.
La période 2020 sera naturellement atypique. Des opérations sont suspendues par les opérateurs, car la valorisation de l’entreprise est sujette à discussions, parfois tendues, les perspectives des business plans sont challengées chaque jour par l’actualité de la pandémie et les obstacles à l‘internationalisation. Si les télécoms, la santé, l’agroalimentaire gardent la cote, les autres secteurs sont en attente de perspectives. Et les professionnels de la gestion s’interrogent sur l’effet du PGE sur leur métier. Avec de l’argent massif et peu cher pourquoi aller chercher du capital (à 6 à 10%) onéreux et dilutif ?
Liens utiles :
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(1) Taux de Rendement Interne. Le TRI net est le TRI réalisé par un souscripteur sur son investissement dans un véhicule de capital-investissement (FCPR, SCR, Limited Partnership, etc.). Il prend en compte les flux négatifs relatifs aux appels de fonds successifs et les flux positifs liés aux distributions (en cash et parfois en titres) ainsi qu’à la valeur liquidative des parts détenues dans le véhicule à la date du calcul. Ce taux est net des frais de gestion et du carried interest. Il inclut l’impact de la trésorerie, l’effet temps et la valeur estimée du portefeuille. Source EY & France Invest
(2) Une Obligation Remboursable en Actions ou ORA est une obligation dont le remboursement ne peut se faire qu’en actions de la société. Elle est considérée comme du quasi-capital, comme une obligation convertible. A la différence des obligations convertibles, le porteur d’une ORA n’a pas la possibilité d’opter pour le remboursement du titre. A l’échéance, le porteur est remboursé uniquement en actions de la société émettrice. Il n’a pas le choix entre la conversion et le remboursement en espèces.