La société néo-aixoise BiomiTech, fondée en 2017 au Mexique, développe des technologies de dépollution et de décarbonation de l’air grâce aux microalgues. Le Port de Marseille-Fos aurait donné son accord pour accueillir un pilote préindustriel, mais le dossier piétine.
Installée depuis septembre 2022 dans la pépinière cleantech du Technopôle de l’Arbois (Aix), la société BiomiTech cherche à tester sa solution de purification de l’air, baptisée BioUrban, au sein d’un site local à forte pollution. Cette technologie biomimétique carbure aux microalgues et à l’énergie solaire. Elle est capable de reproduire le travail de photosynthèse de centaines d’arbres adultes, en filtrant le CO², le NOx, le CO, mais aussi en capturant la plupart des particules fines. Intelligente et autonome, la borne métallique de BiomiTech est qualifiée de « puit carbone ».
Et le concept fonctionne. Plusieurs petits modèles urbains, destinés à améliorer la qualité de l’air en agglomération, sont déjà actifs sur le continent américain, notamment au Mexique, en Colombie et au Panama. Mais la dernière version développée par les équipes de BiomiTech, plus puissante et volumineuse, est la première marche d’une stratégie d’envergure. Car c’est bien le secteur de l’industrie lourde que vise à terme l’entreprise. Son dernier démonstrateur, prêt à l’essai, est en réalité une sorte de trait d’union entre deux marchés : la ville et l’industrie. Un positionnement que connaît bien le Port de Marseille-Fos.
Ainsi, d’autres unités, plus imposantes encore, sont à l’étude et verront le jour dans les années à venir. Elles seront à échelle semi-industrielles, puis industrielles, et prendront racines à l’intérieur de grands sites d’activité, notamment pétrochimiques. Dans cette optique, la zone de Fos-Berre, située à quelques kilomètres d’Aix, le siège R&D de BiomiTech, ressemble à un terrain de jeu opportun. D’autant que le bassin est aujourd’hui responsable de 25% des émissions industrielles du pays. Selon les dernières études scientifiques relayées par l’observatoire AtmoSud, la pollution de l’air provoquerait jusqu’à 100 000 morts par an en France.
« Le Port est d’accord pour accueillir le pilote »
La société BiomiTech cherche donc un hôte afin de tester son dernier produit sur une période de six mois. « Le Port est d’accord pour accueillir le pilote, nous indique Franck Schenaerts, associé et responsable du pôle France, qui attend toujours une réponse concernant la suite des étapes ». À savoir qui prendra le “lead” sur ce dossier, au sein du Port. Et où pourra-t-il précisément planter son démonstrateur d’environ cinq mètres de haut. L’idée étant de mettre à l’épreuve la technologie BiomiTech dans les meilleures conditions. La société sera épaulée par un prestataire extérieur pour évaluer régulièrement les données. Si cette étude en situation réelle est jugée concluante, BiomiTech envisage de mettre sa solution préindustrielle sur le marché dès cette année.
BiomiTech prêt à changer de cible si le Port ne répond pas
Mais BiomiTech s’impatiente. « Si dans deux mois je n’ai pas de réponse (du Port), on se mettra ailleurs », signale Franck Schenaerts. « L’idéal c’est d’aller chercher la pollution au plus près ». Unique collaborateur local de l’entreprise – les neuf autres sont au Mexique – il regrette la lenteur du traitement de ce dossier. D’autant que des communes à forte circulation automobile, comme Aix ou Marseille, « pourraient faire l’affaire », en mettant un rond point à disposition de BiomiTech par exemple. Si cette configuration n’est pas privilégiée, elle représenterait, selon Franck Schenaerts, une alternative tout à fait propice à l’essai scientifique du pilote industriel. Contacté par la rédaction, le Port n’a pas donné suite à nos sollicitations.
Une collaboration possible avec Eranova ?
BiomiTech cherche toujours à valider certains de ses nouveaux produits, et à connaître le dimensionnement de ses futures installations. L’entreprise travaille pour cela avec l’accélérateur de l’innovation et de l’industrie (CEA). Un acteur que connaît bien Eranova, qui conçoit des polymères… à partir d’algues. Une solution que juge « intéressante » Franck Schenaerts. Pour autant, le dirigeant local n’a pas (encore) pris contact avec la société dont le pilote est installé à Port-Saint-Louis-du-Rhône, à l’ouest du département. En forte accélération, Eranova cherche à lever un million pour s’étendre sur un site de cent hectares, et d’accroître sa production avec une nouvelle usine.
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