AtmoSud a convié la presse à son siège marseillais jeudi 21 juillet, en début d’après-midi, pour un point pédagogique et chiffré sur le pic de pollution actuel. En pleine canicule, l’observatoire de surveillance de la qualité de l’air en région Provence-Alpes-Côte d’Azur veut clarifier les causes et conséquences de cette dégradation, et rappelle que des solutions existent.
Dans les grandes villes du département, l’indice de pollution de l’air actuel est mauvais. Après avoir prolongé la procédure d’alerte de niveau 2, la préfecture des Bouches-du-Rhône a mis en place depuis lundi 18 juillet la circulation différenciée à Marseille et à Avignon. Pour Dominique Robin, le directeur d’AtmoSud, « la situation ne va pas s’améliorer dans les jours à venir », notamment au vue des fortes chaleurs attendues. Selon l’observatoire, la majorité des polluants précurseurs, exacerbés par la canicule, sont émis sur la zone littorale par trois secteurs : le transport routier, le maritime et l’industrie.
Un constat qui fait écho à la pétition publiée mardi par la Ville de Marseille (23 000 signataires jeudi 21 juillet). La collectivité demande une « interdiction des escales pour les navires les plus polluants durant les pics de pollution ». Dans son exposé, Dominique Robin commente cette sortie médiatique et politique. « Il faut tout de même saluer les efforts des acteurs du secteur maritime », nuance-t-il. Le directeur d’AtmoSud rappelle la stratégie d’électrification pour le branchement des navires à quai initiée par la Région Sud en 2017, et les efforts des compagnies, notamment ceux de La Méridionale sur les combustibles. Dans les mois à venir, l’observatoire va se pencher plus en détails sur la pollution maritime.
AtmoSud encourage la politique Crit’Air
Selon les données d’AtmoSud, les émissions polluantes du transport routier et du maritime sont équivalentes sur le territoire Aix-Marseille. L’observatoire agréé par le ministère de la Transition écologique et solidaire défend la circulation différenciée. Le dispositif est mis en place depuis lundi de 8 heures à 20 heures dans le centre-ville de Marseille – comme un avant-goût de la ZFE-m prévue pour septembre. D’après l’observatoire, 80% des trajets routiers effectués dans la cité phocéenne sont inférieurs à quatre kilomètres. Et Dominique Robin assure que les véhicules les plus polluants (vignette Crit’Air 4-5), ceux concernés par cette mesure restrictive, représentent 20% des rejets d’oxyde d’azote à Marseille et à Avignon.
Si le directeur d’AtmoSud soutient la circulation différenciée, il redoute toutefois « un écart entre théorie et pratique ». Le quotidien La Provence évoquait mercredi une trentaine de contrôles à Marseille sans verbalisation – sur le papier, l’absence de vignette est sanctionnée d’une amende de 68 euros. Interrogée par la rédaction, la préfecture n’a pas communiqué de nouveaux chiffres sur les contrôles effectués. AtmoSud encourage par ailleurs les usagers à lever le pied, car la vitesse est un facteur majeur de dégradation de la qualité de l’air. L’observatoire a d’ailleurs constaté en 2020 une baisse drastique des émissions, notamment pendant les confinements.
Les vagues de chaleur amplifient la pollution de l’air
En pleine canicule, le sujet de la pollution de l’air est plus que jamais au cœur des débats. Les pics d’ozone et de particules fines interviennent surtout en été quand le thermomètre s’affole. AtmoSud explique que le soleil, la chaleur, les vents modérés provoquent la transformation des polluants émis par l’activité humaine en pollution “photochimique” – un mélange d’ozone et de particules (ultra)fines. Ces dernières pénètrent plus facilement l’organisme. Elles affectent principalement le système respiratoire et le système cardiovasculaire. Selon les dernières études scientifiques, la pollution de l’air provoquerait entre 67 000 et 100 000 morts par an en France.
En 2100, Marseille aura le climat d’Alger.
AtmoSud
Et si la proximité aux sources d’émission compte, il ne faut pas oublier que les particules migrent vers les terres. Dominique Robin explique d’ailleurs que l’intensité de la pollution à l’ozone est plus forte dans l’arrière-pays, surtout pendant les heures chaudes. Ainsi la concentration horaire maximale sur une journée est souvent plus mauvaise à Avignon et à Aix-en-Provence qu’à Marseille.
Selon le groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), à horizon 2050-2100, la région méditerranéenne sera de plus en plus aride, les canicules seront plus fréquentes et les réactions photochimiques plus nombreuses. Avec des sols de plus en plus secs, une hausse des températures et la présence de vent, les grosses particules se détachent du sol et s’envolent dans l’atmosphère. Pour rappel, les incendies liées aux épisodes de sécheresse sont très polluants. Selon les chiffres fournis par AtmoSud, un hectare de forêt brûlé libère autant de CO² qu’un véhicule thermique roulant pendant 260 kilomètres.
Document source : dossier de presse AtmoSud
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