Sur le mur de la salle de classe, l’image d’une valise passée au rayon X est projetée. A l’intérieur on distingue plusieurs objets pêle-mêle : une pochette, un poupon, que l’élève, au tableau, s’empresse de déplacer de la valise d’un geste du doigt. « Félicitations, vous venez de déjouer un attentat ! » s’exclame le formateur, sous les applaudissements des spectateurs, dont l’ex-ministre de l’Intérieur et actuel président du Grand Port maritime de Marseille Christophe Castaner. C’est sur ce genre de tableau interactif que les jeunes pourront désormais se former aux métiers de l’aéroportuaire.
Fondée en 2001, la société Camas Formation, détenue par le spécialiste de la gestion des risques Apave Group, disposait déjà d’un site sur le périmètre de l’aéroport Marseille-Provence. Mais ce site a dû être déménagé quelques kilomètres plus loin, en raison des travaux d’extension de l’aéroport. Pas question, pour son président Philippe Bernand de laisser filer un des leaders de la formation aux métiers de l’aéroportuaire. « Cela n’aurait aucun sens que Camas Formation soit en dehors de notre périmètre », souligne-t-il dans son discours d’inauguration.
C’est donc dans un local flambant neuf de 260 m², équipé de quatre salles et d’écran interactifs, que Camas Formation ambitionne de continuer à former quelque 7 000 jeunes par an aux métiers tels que steward, hôtesse de l’air, mais aussi agent d’escale, agent de piste, de sûreté. Au total, près de 300 formations sont dispensées par Camas dans quelque vingt centres de formation dans le monde, dont le CFA de Marignane et un autre centre à L’Estaque, à Marseille.
L’aéroportuaire, un secteur qui peine à recruter depuis la crise covid
Une implantation d’autant plus stratégique pour l’aéroport Marseille-Provence qui souhaite « mettre l’humain en avant », selon son président Philippe Bernand. Cette ambition est toutefois paradoxale avec les difficultés de recrutement qui touchent le secteur. Travail en horaires décalés, manque de reconnaissance, déplacements fréquents ou forte exigence concernant les métiers de l’accueil et de la sécurité. « Aujourd’hui, les gens ont changé leur rapport au travail. Ils ne veulent pas travailler le week-end ou de nuit. En tant que professionnels de la formation, nous devons revenir là-dessus et montrer à quel point nos métiers sont attractifs », plaide Christel Barel, fondatrice de Camas Formation.
Actuellement, près de 5 000 personnes travaillent sur la plateforme aéroportuaire de Marignane. Mais compte tenu d’un « turnover » beaucoup plus accru et des Jeux olympiques prévus en 2024, les besoins viennent vite à manquer : « Aujourd’hui, les offres d’emploi abondent de toute part. Les jeunes passent rapidement à autre chose s’ils n’ont pas un retour rapide. Par conséquent, les recrutement durent plus longtemps », constate Philippe Bernand.
Au sein de l’aéroport, la question de la formation est indissociable du recrutement, dans la mesure où la grande majorité des cursus se réalise dans le cadre d’un contrat d’apprentissage. Un sujet sur lequel « on n’a pas assez mis l’accent en France », reconnaît l’ancien ministre de l’Intérieur Christophe Castaner.
Les métiers de l’aéroportuaire, transposables dans la logistique
Pour attirer davantage, Camas Formation veut mettre en avant les atouts du secteur, parmi lesquels la possibilité de faire carrière, mais aussi de se reconvertir dans d’autres secteurs : « Les métiers de l’aéroportuaire sont tout à fait transposables dans la logistique, par exemple, avec les métiers du transport de marchandise règlementées », souligne ainsi Philippe Maillard, directeur général du group Apave. Un argument convaincant puisque l’Apec, dans son enquête annuelle, prévoit une forte proportion de recrutement à des postes de cadres dans le secteur de la logistique en Provence-Alpes-Côte d’Azur.
Autre argument pour attirer les élèves : la gratuité de la formation dispensée par Camas. « Nous fonctionnons beaucoup avec les aides de l’Etat. Les formations sont aussi financées par l’alternance ou le CPF, pour les personnes en reconversion professionnelle », explique Ludovic Rozières, directeur général de Camas.
Enfin, trois nouvelles formations viendront s’ajouter prochainement au catalogue de Camas : un BTS GTLA (Gestion des Transports et Logistique Associée) en apprentissage, un diplôme d’Etat sur l’accueil et une formation hôtesse de l’air / steward certifiée par la Direction générale de l’aviation civile.
Liens utiles :
> Plus d’infos sur le site de Camas Formation
> Le projet de téléphérique entre la gare de Vitrolles et l’aéroport se concrétise (enfin)
> Aéroport Marseille-Provence : les émissions indirectes dans le viseur