Depuis 12 années, Caroline Pozmentier-Sportich est l’élue en charge de la sécurité à Marseille. Ayant fait le choix de rejoindre Yvon Berland aux élections municipales, elle s’est confrontée à l’équipe sortante. Avec la continuation des mandats municipaux au-delà du 22 mars, elle pilote une délégation sensible, et affirme sa volonté d’aller au bout de son mandat pour assumer ses responsabilités avec les services municipaux. Pour Gomet’, elle fait le point, le 27 mars, sur le rôle de la ville et de sa police contre la pandémie.
Comment la police municipale et l’administration phocéenne contribuent-elles au respect des règles de confinement ?
Caroline Pozmentier-Sportich : La police municipale, depuis plusieurs semaines est sur le pont, avec un engagement exemplaire et je tiens à l’assurer de tout mon soutien. Nos policiers travaillent en totale coopération avec la Sécurité publique sous l’autorité du Préfet de Police, Emmanuel Barbe, qui lui-même est sur le terrain. Les programmations des services se font en fonction des effectifs et le commandement opérationnel des patrouilles est assuré ainsi que la gestion des transmissions radio avec les équipages de voie publique.
Depuis le 24 mars, à l’instar des policiers nationaux, ils peuvent verbaliser le non-respect des règles de confinement, ils ont œuvré jusque-là en faisant du rappel à l’ordre et en appui sur des points prévus sur la ville en coordination avec la Direction départementale de la Sécurité publique.
Le maire et moi-même sommes informés en temps réels des difficultés et des dispositifs qui les concernent afin que les services puissent s’adapter systématiquement aux situations au cas par cas.
Après la fermeture des plages et de la quasi-totalité des équipements municipaux, près de 70 écoles et crèches en relation avec le recteur ont été réservées aux personnels soignants et récemment des places ont été proposées par le Maire aux enfants des policiers. Depuis le 18 mars le stationnement est gratuit dans les rues.
Les dispositifs de vidéosurveillance sont-ils en fonctionnement ? Ont-ils été épargnés par l’attaque informatique qui a frappé le réseau de la Ville de Marseille ?
Caroline Pozmentier-Sportich : Le centre de supervision fonctionne 24 heures sur 24 et n’a pas été victime de la cyberattaque qui a paralysé la plupart des dispositifs, mais pas celui-ci. Le système d’information lié à la vidéoprotection est sur un réseau à part, comme cela a été préconisé par la réglementation, et en conséquence, fort heureusement, il n’a pas été touché.
Les opérateurs du centre sont en poste, selon un roulement, qui leur permet de travailler en toute efficacité et d’orienter les patrouilles, d’apporter les informations indispensables aux agents opérationnels de la Ville, de l’État et de la Métropole.
Nous sommes en guerre et nous devons donner à tous ceux qui combattent les meilleurs moyens pour protéger et accompagner la population et les forces de l’ordre.
Le drone de la police nationale vous semble-t-il un outil pertinent ?
Caroline Pozmentier-Sportich : Le drone est un moyen donné aux dispositifs à l’échelle d’une ville très étendue comme Marseille et il complète l’apport de la vidéoprotection et des policiers et pompiers sur l’espace public.
L’autorisation des marchés en plein air relève d’une autorisation du Maire : est-elle envisagée, sous conditions, pour les marchés de paysans ou pour les poissonniers du Vieux Port ?
Caroline Pozmentier-Sportich : Le principe est l’interdiction en application des mesures du gouvernement : les marchés alimentaires sont arrêtés et sans dérogation. Le marché aux poissons n’a pas de dérogation et ce matin la police municipale m’a confirmé que les dispositions étaient respectées par les professionnels.
Mais il faut être conscient que les Marseillais, selon où ils vivent, doivent avoir accès aux commerces d’alimentation, quand les règles sanitaires, comme la distance entre les personnes, sont respectées. Tout comme dans les transports en commun où les transportés ne doivent pas être plus de 15, nous devons avoir une offre plus adaptée, plus large aux lignes qui desservent certains sites, pour permettre aux Marseillais d’aller faire leurs courses.
Le couvre-feu vous semble-t-il une mesure efficace ?
Caroline Pozmentier-Sportich : Le Maire a pris un arrêté interdisant la vente à emporter dès 20 heures jusqu’à 6 heures du matin à l’exception des « drives » et des livraisons à domicile. C’est une bonne décision, qui aide les commerces qui continuent leur activité avec les moyens du bord pour faire respecter les règles sanitaires de distance en particulier et éviter les attroupements nocturnes.
Le couvre-feu doit être envisagé au cas par cas. Il faut éviter les attroupements et je vous assure que les Marseillais dans leur immense majorité se sont imposé le couvre-feu et surtout, respectent les règles de confinement.
Si certains persistent et mettent en danger la majorité, la répression devra s’intensifier et si le couvre-feu est adapté nous en discuterons avec le Préfet. Le couvre-feu est efficace oui, mais dans le cadre d’un dispositif global et avec des moyens adaptés. Ce qui est primordial c’est la bonne information des Marseillais et la Ville s’y emploie afin de mettre en place au plus tôt un « Allô Mairie » pour renseigner et orienter.
Dans cette période de prolongement du mandat des conseils municipaux, comment est gérée la crise au niveau municipal, votre délégation n’est pas remise en cause ?
Caroline Pozmentier : La campagne est suspendue. Je travaille avec les services et je ne souhaite qu’une seule chose : continuer à agir dans le cadre de ma délégation comme je n’ai cessé de le faire depuis 12 ans et ceci, jusqu’à la fin de mon mandat. Je gère ma délégation, confinée, mais comme je l’ai toujours gérée, dans un travail d’équipe avec les services. J’entretiens avec les services de l’État des relations de partenariat qui nous permettent aujourd’hui d’agir de concert dans cette situation de crise historique.
Il y aura un après Coronavirus, le temps des campagnes reviendra ! Mais aujourd’hui, nous devons rester debout, loin des polémiques stériles et des récupérations politiques. Les cadres de la Ville sont à la manœuvre et nous devons leur assurer toute notre considération. Restons unis pour préparer l’avenir proche et être prêts ensemble à affronter l’après Coronavirus.
Didier Raoult : « Respectons-le et respectons-nous les uns les autres »
Vous me donnez l’occasion de souligner l’hommage que je rends jour après jour, aux personnels soignants, aux médecins et au grand chercheur marseillais Didier Raoult. Je n’ai vu aucun responsable politique, ayant de l’éthique, se permettre d’utiliser le mot « charlatan » à son égard. Peut-être ce mot insultant à son égard a-t-il permis à certains de communiquer sur leur propre situation. Un peu de hauteur ! Respectons-le et respectons-nous les uns les autres.