Pour comprendre François, il suffit de l’écouter. Les vaticanistes cherchent souvent midi à quatorze heures. Et si l’on veut être au fait de ses pensées profondes, il les livre souvent sans barrière dans l’avion qui le ramène à Rome. Décryptage.
1. Le pape avait annoncé un voyage placé sous le signe du sort des migrants.
Il n’a pas dérogé. Recevant SOS Méditerranée, saluant dans ses interventions ceux qui sauvent des vies en mer, il a clairement pris le contrepied de ceux qui accusent les sauveteurs d’attirer des migrants et de contribuer au grand remplacement. Le message papal et évangélique est très politique et ceux qui croient s’en débarrasser avec une pirouette rhétorique en seront pour leur frais. « C’est le règne de la terreur, a-t-il répété dans l’avion vers Rome. Les migrants ne souffrent pas seulement parce qu’ils sentent le besoin de s’en sortir, mais aussi parce que le règne de la terreur fait d’eux des esclaves. Nous ne pouvons pas ne pas voir les choses et les renvoyer en arrière comme une balle de ping-pong. C’est pourquoi je répète le principe selon lequel les migrants doivent être accueillis, accompagnés, promus et intégrés. Si vous ne pouvez pas les intégrer dans votre pays, accompagnez-le, intégrez-les dans leurs pays, mais ne les abandonnez pas aux mains de ces cruels trafiquants d’êtres humains. »
2. Une génération François
Alliant son combat pour l’écologie depuis l’encyclique Laudato si et son appel à servir les plus humbles, à défendre les migrants, à combattre l’esclavage et l’indifférence, François a conquis un public nouveau, une génération prête à le suivre et à s’engager. Sans pour autant renier le passé. On notera avec intérêt qu’il a salué le premier prêtre-ouvrier dominicain français, Jacques Loew, qui travaillait comme docker sur le port de Marseille alors que le Vatican a longtemps combattu cet engagement des prêtres.
3. En 48 h, il a révolutionné l’Église catholique de France
L’Eglise était engluée dans des affaires de pédophilie et obnubilée par le mariage pour tous. Il a remis l’église au centre du village, l’Évangile dans son propos le plus simple et le plus clair au cœur de la foi. Mentionnant à peine le président de la Conférence des évêques de France dans une formule protocolaire, il a adoubé le cardinal Aveline et ses orientations, il a fait de l’archevêque de Marseille la personnalité centrale du catholicisme français. Avec un appui populaire incontestable.
4. Marseille est une ville qui invente
Les rencontres du pape avec le peuple de la cité phocéenne l’ont conforté dans sa conviction (que Jean-Marc Aveline avait su lui souffler) : « Marseille est une culture de la rencontre ! a-t-il réaffirmé dans l’Airbus italien, on l’a vu lors de la rencontre avec les représentants des différentes confessions – musulmans, juifs, chrétiens coexistent, il y a coexistence, c’est une culture de l’aide. Marseille est une mosaïque créative, c’est une culture de la créativité. Un port qui est un message à l’Europe : Marseille accueille, elle respecte et fait la synthèse sans nier l’identité des peuples. »
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