Alors que le monde est entré « dans une nouvelle ère », marquée par des « événements historiques qui bouleversent l’ordre mondial », Emmanuel Macron a pris la parole, ce mercredi 5 mars, lors d’une allocution au 20 heures de TF1. Un discours très solennel, quelques jours après que Donald Trump a décidé de suspendre l’aide américaine à l’Ukraine et à la veille d’un Conseil européen extraordinaire consacré à la défense, qui a largement fait réagir la classe politique.
Laurent Jacobelli (RN) : « Emmanuel Macron joue sur les peurs »
A droite, si les Républicains restent plutôt discrets, sans surprise, le Rassemblement national tire à boulets rouges sur le chef de l’État. « Emmanuel Macron joue sur les peurs et se sert de la guerre en Ukraine pour accélérer son agenda fédéraliste et pousse le cynisme jusqu’à se servir de cette tragédie pour excuser les futures casses sociales et déficits abyssaux. La même technique que pour la covid », accuse sur son compte X le député Laurent Jacobelli.
« Emmanuel Macron prend conscience, en dernier, que le monde d’aujourd’hui est celui de la puissance », tacle, lui, Jordan Bardella, le président du RN, alors qu’Eric Ciotti (UDR) appelle à un référendum : « Les Français doivent être consultés face à ce coup d’état permanent de la Commission européenne avec la complicité du Président Macron. »
Jean-Luc Mélenchon (LFI) : « A bas la guerre ! »
A gauche, sans surprise non plus, les réactions les plus vives émanent des rangs LFI. « Ceux qui nous ont mis dans l’impasse et ont idéalisé les USA ne doivent plus être suivis. A bas la guerre ! », tonne Jean-Luc Mélenchon.
Sur la même ligne, le député LFI des Bouches-du-Rhône, Manuel Bompard, fustige Emmanuel Macron d’avoir entretenu « l’illusion d’une issue militaire à la guerre en Ukraine » en nous enchaînant « aux intérêts américains », lui reprochant maintenant de vouloir « nous faire peur pour imposer au peuple une nouvelle salve de sacrifices sociaux », alors que Mathilde Panot, la présidente du groupe à l’Assemblée nationale, accuse le président de la République de proposer « du sang et des larmes au peuple français pour une économie de guerre ».
« Non à la marche à la guerre, oui à la sécurité collective » répond de son côté le secrétaire national du Parti communiste Fabien Roussel. « Depuis des années, le PCF appelle à sortir de l’Otan et à construire notre propre sécurité européenne. Nous y sommes. »
Olivier Faure : « les avoirs russes doivent être saisis »
Face à cette opposition dure, socialistes et écologistes, favorables au soutien à l’Ukraine, se montrent plus mesurés mais vigilants. « Le soutien à l’Ukraine est un impératif » et « viser l’autonomie stratégique de l’Union européenne doit être l’objectif » souligne Olivier Faure, le Premier secrétaire du PS. « S’en donner les moyens ne peut pas passer par de nouveaux sacrifices pour les Français, la dégradation de nos services publics et l’abandon de la transition écologique. L’Europe n’est pas endettée, elle peut emprunter. Les avoirs russes doivent être saisis. Il faut enfin en appeler au patriotisme fiscal et faire contribuer les ultra riches. C’est ce que Roosevelt eu le courage de faire pour financer une économie de guerre. »
« Abandonner l’Ukraine à la Russie avec un accord de cessez-le-feu rédigé par Donald Trump ne garantit en rien la paix. C’est au contraire la garantie de voir Poutine nous déclarer à nouveau la guerre en s’attaquant à d’autres pays frontaliers », juge de son côté Marine Tondelier qui appelle à « plus de solidarité » : « Sans augmenter les impôts des plus riches, Emmanuel Macron ne pourra ni financer cet effort de guerre ni le faire accepter à la population. » Estimant que c’est « désormais une urgence vitale », la secrétaire nationale d’EELV juge que « la politique des petits pas ne suffit plus, l’Union européenne doit faire un bond de géant ».
Renaud Muselier : « Qui veut la paix, prépare la paix »
A l’inverse, évidemment, le gouvernement et le camp macroniste font bloc derrière le chef de l’État. « Quand Emmanuel Macron rappelle que la patrie a besoin de l’engagement de tous, le RN et la France Insoumise, fidèles à leurs habitudes, trouvent à redire pour se défiler », tacle Prisca Thévenot, l’ancienne porte-parole du gouvernement Attal, qui exhorte chacun à être « à la hauteur de notre histoire ! »
Mêmes mots chez Renaud Muselier, le président Renaissance de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur : « Le Président Emmanuel Macron a eu le ton juste, à la hauteur de l’Histoire. Qui veut la paix, prépare la paix : nous devons contribuer à ce réarmement national. La France doit être forte, l’Europe unie, pour ne pas se laisser dévorer par l’aigle américain et l’ours russe ! »
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