Cela valait bien une visite de ministre. Deuxième producteur européen de plastique PVC, Kem One a inauguré ce lundi 24 mars sa toute nouvelle unité d’électrolyse qui doit lui permettre, après deux ans de travaux et 200 millions d’euros d’investissement, d’augmenter sa productivité, tout en réduisant son empreinte carbone.
« Un moment important et émouvant », comme l’a souligné Alain Consonni, le directeur du site, en présence de Paolo Barbieri, le directeur général du groupe, et, donc, de Marc Ferracci, le ministre de l’Industrie et de l’Energie, en déplacement à Fos pour marquer le soutien de l’État aux filières de l’acier et de la chimie et qui, comme pour Marcegaglia un peu plus tôt dans la journée, s’est félicité de ces investissements. « La filière chimique, comme la filière sidérurgique, est absolument essentielle à notre souveraineté industrielle. Elle est indispensable à toutes les chaînes de valeur, de l’automobile à la défense, c’est une industrie des industries et je veux ici souligner l’importance stratégique du site de Kem One de Fos et ses investissements majeurs en matière de décarbonation », a souligné Marc Ferracci.
Le plus gros investissement de l’histoire de Kem One
Sur son site de Fos, Kem One, société française basée à Lyon mais contrôlée par le fonds de capital-investissement américain Apollo, fabrique du chlorure de vinyle monomère (CVM). Le procédé est connu : par électrolyse du sel, on obtient du chlore – mais aussi de la soude, revendue, et de l’hydrogène, en partie réutilisée sur site comme énergie. Le chlore sert ensuite à produire du PVC, une fois combiné avec de l’éthylène, un gaz acheté à l’extérieur et stocké sur place dans une cuve géante d’une capacité de 30 000 m3, soit 17 000 tonnes, pour laquelle le groupe a investi 80 millions d’euros en 2022.
Le projet Elyse, le plus important investissement de l’histoire du groupe avec ses 200 millions d’euros, financé à hauteur de 10 % par l’État dans le cadre de son vaste plan France Relance, consiste en la conversion d’une salle d’électrolyse diaphragme, utilisé depuis 1976, en une salle d’électrolyse à membrane bipolaire de toute dernière technologie pour la production de chlore, de soude caustique et d’hydrogène, comme cela a déjà été fait sur le site de Lavéra.
Un appontement créé pour l’approvisionnement en sel
Le chantier, qui a duré deux ans, a nécessité un grand arrêt, réalisé fin 2024, a rappelé Olivier Thomas, le directeur technique, et « a mobilisé jusqu’à 1 800 personnes par jour durant cinq semaines », à comparer aux 300 salariés du site. Il comprend aussi la réalisation d’un nouvel appontement, en plus du terminal ethylénier opéré directement par les équipes de Kem One, afin de réceptionner le sel acheminé, depuis cette année, depuis les Salins de Giraud, et non plus uniquement depuis son site de Vauvert. La nouvelle grue de déchargement de sel a été mise en service en avril dernier, ainsi qu’une unité de traitement de ce « nouveau » sel (ou dissoluteur) dans la foulée.
Kem One espère réduire de 50 000 tonnes ses émissions annuelles de CO2
Grâce à Elyse, Kem One espère désormais réduire de près de 16% sa consommation annuelle d’électricité et de 36% sa consommation de gaz naturel, tout en diminuant de 50 000 tonnes ses émissions annuelles de CO2. Une technologie qui doit lui permettre également de pérenniser à Fos la production d’hydrogène bas carbone dont il est devenu le premier producteur français (15 000 tonnes par an en combinant les deux sites de Lavera et Fos). « C’est un investissement énorme pour une entreprise à l’échelle de Kem One, qui se dote aujourd’hui d’une technologie de pointe, dans ce qui se fait de mieux au monde », a souligné Olivier Thomas. Lequel, avec Alain Consonni, n’a pas manqué de rappeler au ministre les trois matières premières essentielles à leur activité : le sel, l’éthylène et, bien sûr, l’électricité, pour des industries électro-intensives, voire hyper-intensives comme la leur.
« Garantir un prix de l’électricité compétitif dans un horizon temporel suffisamment long » (Marc Ferracci)
« Il faut pouvoir garantir un prix de l’électricité compétitif dans un horizon temporel suffisamment long. Nous attendons donc que se concrétisent les négociations entre EDF et les industriels électro-intensifs sur des contrats à terme », leur a répondu Marc Ferracci, qui a redit son soutien à la réalisation de la ligne THT entre le Gard et la ZIP de Fos.
« Une autre problématique de cette industrie est que la concurrence internationale s’exerce souvent de manière déloyale. L’État français agit auprès de l’Europe pour protéger des molécules critiques dans le cadre du “Critical Chemicals Act” qui doit être discuté dans les semaines qui viennent », leur a-t-il aussi glissé.
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