L’IHU Méditerranée Infection de Didier Raoult publie vendredi 3 avril un nouveau point de situation sur l’épidémie de covid-19 à Marseille. Dans son communiqué, l’Institut annonce avoir réalisé 54 957 tests sur 29 613 patients dont 20 987 Marseillais, soit 2,5% de la population de la ville. « Ceci en fait la population la plus testée au monde », se félicite Didier Raoult sur Twitter.
Depuis le début de l’épidémie, 2,5% des Marseillaises et Marseillais ont été dépistés.
— Didier Raoult (@raoult_didier) April 3, 2020
Ceci en fait la population la plus testée au Monde.
Cela est notamment possible grâce au civisme dont ils font preuve tout au long du processus de dépistage de l’IHU.https://t.co/BN3pc2MH42
Pour prouver son affirmation, l’IHU présente un graphique comparant le nombre de tests à Marseille avec ceux réalisés en Corée du Sud, en Italie, aux Etats-Unis et au Royaume-Uni. Selon ces données, aucun de ces pays n’aurait atteint les 10 000 tests par million d’habitants. La Corée du Sud arrive en troisième position avec 7 500 tests derrière l’Italie avec 8 000 tests « où actuellement, le nombre de prélèvements a augmenté de manière très spectaculaire », précise l’IHU.
Sur les 20 987 Marseillais testés, près de 3500 étaient porteurs du virus, soit un taux de 16,6% de positifs. « Cela montre bien l’utilité de ce dépistage. Nous avons testé de façon équivalente des Marseillais de tous les arrondissements, qui ont des taux de positivité à peu près comparables. Le nombre de décès, actuellement, chez les patients résidant à Marseille, est de 26, soit une mortalité de 0.7% par Covid chez les patients positifs et 30 décès par million d’habitants », commente l’institut. Et Didier Raoult d’ajouter que « le taux de nouveaux positifs est désormais, sur les derniers jours, stable ».
Didire Raoult : haro sur les études cliniques randomisées
La veille, le directeur de l’IHU publiait également une tribune dans le quotidien du médecin intitulée « L’éthique du traitement contre l’éthique de la recherche ». Un pamphlet contre les études comparatives randomisées, « poussées à la fois par l’industrie pharmaceutique et par un nouveau groupe de chercheurs spécialistes d’analyses des data produites par les autres, que sont les méthodologistes », dénonce l’infectiologue. Il lui oppose sa propre méthode basée sur « l’observation anecdotique et les observations de séries correctement analysées ».
Ainsi, il attaque une fois de plus l’essai Discovery mené dans plusieurs pays d’Europe qui doit déterminer d’ici quelques jours l’efficacité de plusieurs traitements sur le coronavirus, dont l’hydroxychloroquine : « Dès l’annonce officielle des autorités chinoises de l’efficacité des médicaments du groupe de la chloroquine ou de l’hydroxychloroquine, se posait la question de la légitimité de l’utilisation d’une branche placebo d’expérimentation. C’est-à-dire un groupe sans médicaments, dans l’essai Discovery. Ceci, sur le plan de l’éthique du soin, n’était pas tenable (…) On ne peut pas dire que pour pouvoir sauver les malades, il faut des essais randomisés, car ceux-ci sont pratiqués d’une façon bien récente pour des domaines extrêmement précis pour lequel leur contribution à la santé globale du monde reste pour l’instant à démontrer », estime le professeur Raoult.
En conclusion, il appelle à lancer un grand débat en France sur l’éthique du monopole des études randomisées, « une réflexion sur la morale du choix entre le soin et l’expérimentation », résume-t-il. Pour imager son propos, il cite l’exemple de l’évaluation du microbiote digestif du patient infecté par le virus du sida : « Il fallait proposer au patient un délai de 7 jours de droit de retrait pour revenir chercher sa crotte, afin de pouvoir changer d’opinion, ou celle d’imposer des essais randomisés. Ces recommandations ne sont plus de l’éthique mais une dérive déconnectée, et de la recherche, et de la priorité du soin sur la recherche. Et, je crois être aussi un chercheur ! », conclut-il.
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