« Nous avons un moteur productif performant, mais il est petit. En France, on fait trop de petites choses », déplorait Nicolas Bouzou, invité à commenter les chiffres du baromètre Eco’Experts Paca lors du congrès régional des experts-comptables qui se tenait à Marseille au parc Chanot les 8 et 9 septembre 2016. Une allusion à la taille des PME françaises qui ont du mal à grandir, et cela particulièrement en région Paca : «Les petites entreprises de la région restent petites. Or d’habitude en économie, ce qui est petit devient grand ». Pourtant, les nombreux atouts de la région devraient faciliter sa réussite : et l’économiste de citer l’avantageuse position géographique proche du littoral, le niveau exceptionnel d’infrastructures , ou encore le dynamisme des « start-up » locales…
Alors, qu’est-ce qui manque pour assurer le décollage économique des entreprises provençales ?
« La clustérisation, la mise en réseaux fonctionnent bien », suggère Nicolas Bouzou, « mais pas comme dans les pôles de compétitivité, qui n’ont pas donné suffisamment de résultats du point de vue de l’export. Il faut faire travailler ensemble des entreprises qui ont un intérêt commun, mélanger les grandes entreprises et les start-up ». Selon l’économiste, cette rencontre peut être favorisée par des orientations politiques adaptées.
« Ensuite, je veux qu’on arrête de parler d’innovation. Ce n’est pas différenciant, tout le monde en parle », propose l’observateur de l’économie. [pullquote] Marseille a des cartes à jouer dans le développement durable et la santé. [/pullquote]« Il faut réhabiliter la notion de progrès, et cela on peut le faire car nous avons beaucoup de start-up dans le développement durable et la santé, et ce sont des innovations qui améliorent le monde ». Avant de souligner que Marseille, avec son éco-système de la santé notamment, a une carte à jouer dans ce domaine.
Et surtout, croire en l’avenir, ne pas baisser les bras. « Une grande partie des dirigeants ont démissionné et croient qu’il n’y aura plus jamais de croissance en France. C’est faux, les pays voisins le démontrent ». Ce pessimisme français se reflète pourtant au niveau régional, [pullquote] Une grande partie des dirigeants ont démissionné et croient qu’il n’y aura plus jamais de croissance en France. C’est faux! [/pullquote]avec une baisse des investissements des entreprises de 1% et une difficulté à l’export qui inquiètent particulièrement l’économiste : dans une période de mutations technologiques exceptionnelles et de taux d’intérêt historiquement bas, de tels chiffres semblent incompréhensibles.
“Il faut draguer l’argent” pour que les entreprises grandissent ici
Pour aider les entreprises à passer le cap, Nicolas Bouzou estime que la question des financements est un véritable enjeu, pas en phase d’amorçage où les dispositifs abondent, mais plutôt lorsque les entreprises ont besoin de lever de 10 à 100 millions d’euros. Autant de pistes attentivement étudiées par la Région. Destinataire du baromètre économique des experts-comptables, elle est responsable des orientations du territoire en matière économique et en a fait une de ses priorités, avec la mise en place du guichet unique du financement des entreprises, le fonds FIER ou encore les douze opérations d’intérêt régional…
La simplification encore attendue
La simplification des formalités administratives a également été abordée lors de ce congrès, avec le passage du secrétaire général du conseil de la simplification des entreprises. « Le statut juridique de l’indépendant doit être repensé. Il faut qu’il puisse choisir son régime fiscal et social et rester salarié s’il le souhaite », a souligné Mohamed Laqhila, président du conseil régional de l’ordre des experts-comptables.