Il aura fallu plus de six heures aux élus du conseil municipal avant d’aborder le rapport 26 concernant la feuille de route économique de la Ville. Ce nouveau document stratégique « pragmatique » présenté par l’adjoint à l’économie de Marseille, Laurent Lhardit, a fait coulé l’encre entre la Ville et l’opposition allant jusque sur le terrain glissant des transports en commun.
« Il est temps d’assumer le statut qui est déjà le nôtre, celui d’une ville qui est entrée dans la compétition des grandes capitales mondiales pour opérer les transitions climatiques, environnementales, sociales et économiques (…) Cette feuille de route défend le développement, la création d’emplois et elle confirme le soutien total de la Ville au monde économique », affirme l’adjoint applaudit par ses collègues de la majorité.
> Les grandes lignes de la feuille de route économique de la Ville de Marseille
Cet enthousiasme n’est pas du goût d’Alain Gargani, élu régional de l’opposition et président de la CPME Sud. « Vous nous tracez là une feuille pavée de bonnes intentions », convient le chef d’entreprise. Et de reprendre : « Dans ce rapport il n’y a aucune action concrète ni aucun moyen financier en regard, sauf les 10 millions [inscrits pour le port, Ndlr] que vous nous resservez depuis un an et demi que vous n’avez toujours pas dépensé… Vous avez peut-être des oursins dans les poches ? », questionne-t-il.
Le port toujours un sujet sous tensions
Ces 10 millions d’euros concernent la participation de la Ville à la transition écologique du port de Marseille-Fos, votée au dernier conseil municipal le 15 septembre, qui était déjà une source de tensions. En séance de pré-conseil, Laurent Lhardit nous a précisé que six millions d’euros de cette enveloppe étaient attribués, dont trois fléchés sur l’électrification des quais et trois autres pour le projet du terminal de Mourepiane afin de protéger les habitants des nuisances sonores. Quatre millions restent donc à dépenser.
La conseillère régionale en charge de l’économie et du port, Isabelle Campagnola-Savon, lui emboîte le pas : « Je n’avais jamais vu une seule collectivité se pencher sur des compétences qui ne sont pas les siennes. » Cette phrase fait bondir la majorité municipale. La conseillère municipale du Printemps Marseillais Olivia Fortin rappelle que la compétence d’une Ville est une compétence générale. C’est à dire qu’une municipalité peut proposer des axes économiques prioritaires pour le développement des entreprises et de l’emploi, bien que l’économie est une compétence régionale.
Le métro revient sur le tapis
Si Alain Gargani reconnaît la « bonne idée » du partenariat avec les agences d’attractivité de la Métropole Aix-Marseille, Provence Promotion, et de la Région Sud, Rising Sud, il soulève le manque de précisions inscrites en face de cette ligne stratégique : « Savez-vous combien d’emplois créent Provence Promotion ? Est-ce que vous allez abonder financièrement l’agence ? » Une question qui reste en suspens.
L’adjoint en charge du sport, Sébastien Jibrayel, intervient à son tour : « L’économie à Marseille a besoin de transports, il faut que la Métropole nous accompagne en développant des transports dans les quartiers Nord », demande l’élu. S’en suit un monologue enflammé de Benoît Payan sur son désaccord avec la fermeture du métro à 21h30 en semaine par la RTM pour cause de travaux. L’édile demande même à la présidente du réseau, Catherine Pila, de « changer » son fournisseur Alstom, opérateur du nouveau métro automatisé Neomma.
« Vous êtes en admiration béate devant des sachants, mais ce sont d’abord des fournisseurs. Posez leur la question pourquoi à Lyon c’est possible de faire des travaux plus tard et pas à Marseille ? Ils sont en train de vous enfumer ! Car ça coûte moins cher de faire des travaux plus tôt le soir que la nuit. Bon je n’ai pas à faire votre boulot ! », conclut Laurent Lhardit après une heure de débats. Les “chicayas” sont définitivement de retour…
Lien utile :
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> La FNAUT convaincue par les explications de la Métropole sur la fermeture du métro