Ce samedi 17 mai 2025 se déroulait le 3ᵉ congrès inter-régional d’Horizons au parc Chanot de Marseille. L’occasion pour les jeunes adhérents ainsi que les 300 élus de la droite et du centre de soutenir Édouard Philippe, ex-Premier ministre et maire du Havre, fondateur et président du mouvement. Justice et autorité ont été les thèmes phares de ce congrès organisé autour du pouvoir régalien.
Mais Horizons mise aussi sur les municipales. Et les jeunes d’Horizons, regroupant 6 000 des 36 000 adhérents du parti, pourraient être un atout dans cette conquête.
Côté représentants locaux, le bal est ouvert par Patrick de Carolis, maire d’Arles, et Isabelle Savon-Campagnola, conseillère régionale : « Quand Édouard Philippe a décidé de créer son parti et qu’il a dit ‘’je veux m’appuyer sur les maires’’, j’ai dit ça c’est un bon point pour lui », affirme Patrick de Carolis avant de souligner la promotion de la culture et de la jeunesse mise en avant par le parti, surtout dans un contexte de montée en puissance des IA.
De son côté, Isabelle Savon-Campagnola met en lumière la création des 47 comités municipaux en l’espace de deux ans sur le département. « Chez Horizons, la jeunesse n’est pas qu’un décor, elle est actrice. (…) C’est avec notre jeunesse que nous bâtirons une nation plus forte, plus ambitieuse, plus confiante », ajoute-t-elle.
Ensuite, Marine Cazard, cheffe du pôle Jeunes Horizons, estime avec son franc-parler que « cela fait 30 ans qu’on voit et qu’on connaît les problèmes de la France, et qu’on ne fait rien ».
Laurent Marcangeli, ministre de l’Action publique, appuie de son côté sur le rôle de l’autorité dans un contexte où la société française tend de plus en plus à se « barbariser » selon lui.
Aujourd’hui « l’autorité de la chose publique est remise en cause, il y a trop de violence dans notre société. (…) L’autorité, elle commence notamment en défendant celles et ceux qui sont porteurs de ce service public auquel nous tenons tant. (…) Il faut aussi l’autorité de la chose votée ».
À ce propos, Laurent Marcangeli évoque notamment l’exemple de la loi votée pour protéger les jeunes des dérives des réseaux sociaux : promulguée par le Président le 7 juillet 2024 et votée à l’unanimité par le Sénat et l’Assemblée, elle n’est pourtant pas applicable à cause de la réglementation européenne.
Horizons : « Si on veut gagner le haut, il faut d’abord gagner le bas »
Une table-ronde consacrée aux municipales est ensuite animée par Anthony Borré, premier adjoint au maire de Nice : « Si on veut gagner le haut, il faut d’abord gagner le bas. (…) Si on veut gagner l’élection présidentielle, nous ne la gagnerons pas si nous n’avons pas des élus locaux de qualité qui s’engagent et qui croient en un projet de société », explique-t-il en introduction. Proximité, ruralité, empathie et sincérité sont ensuite les maîtres mots des prises de parole afin de combattre l’individualisme et la division.
Christian Estrosi, maire de Nice, a aussi souhaité mettre en lumière la diversité des alliances au sein du parti : « Derrière Édouard Philippe, avoir déjà cette vision de dépassement où nous soyons capables autour de cette immense majorité de militants Horizons, savoir qu’il y a dans cette salle des Républicains, des MoDem, des Renaissance, des Radicaux, des UDI, et que vous avez voulu d’ores et déjà montrer ce que nous démontrons avec Renaud, que sans rassemblement républicain, aucune victoire future ne sera possible ».
Christian Estrosi évoque notamment le narco-trafic, les violences, la délinquance et la mafia, en exprimant sa volonté d’« avoir un temps d’avance sur la délinquance, et ne plus laisser la délinquance avoir un temps d’avance sur ce que représente l’État dans son pouvoir dit régalien ». Pour cela, obtenir davantage de moyens est essentiel : reconnaissance faciale, expulsion des squatteurs, reconnaissance des fichés S sur le territoire, mise en place de couvre-feux pour les mineurs… Enfin, il a mis l’accent sur l’importance de respecter l’uniforme qui est là pour les protéger (les policiers) : « Protégeons ceux qui nous protègent », conclut-il.
Renaud Muselier, président du conseil régional de Provence-Alpes-Côte d’Azur, confirme la nécessité d’être unis : « On a besoin d’être ensemble. On a besoin de faire ce groupe politique pour gagner les élections ». Il faut, selon lui, faire des alliances, rappeler l’unité, respecter les partenaires, additionner les forces… « Si nous sommes unis, nous gagnons », déclare-t-il clairement.
« Il n’y a aucune idée qui pourra prospérer dans la division », ajoute alors Martine Vassal, présidente du Conseil départemental des Bouches-du-Rhône et de la métropole d’Aix-Marseille-Provence, avant de rappeler les valeurs de la droite : « Nous n’avons pas honte de dire que ce qui nous anime, ce sont les valeurs de respect, de travail, ce sont nos valeurs cardinales. (…) Ma droite, elle est fière de la France, elle est profondément républicaine, elle est profondément laïque. Parce que ma droite à moi, elle est ferme avec ceux qui détruisent et elle est juste avec ceux qui construisent ».
En clôture, Édouard Philippe prend la parole en dénonçant l’injustice : « L’injustice divise : rien ne sera fait de grand et de sérieux dans notre pays si nous ne remettons pas la justice au cœur de notre action ».
« La France s’engourdit, à force de reculer, à force de se dérober, à force de s’oublier, à force de s’apitoyer au lieu de se battre pour affronter les vrais problèmes, elle s’abandonne », explique-t-il en introduction de son discours.
Edouard Philippe : « L’immigration, ça n’est pas le communautarisme »
« Oui, Marseille a toujours été une ville d’immigration, (…) mais elle ne peut pas et elle ne doit pas être une ville de communautarisme. L’immigration, ça n’est pas le communautarisme », précise Édouard Philippe avant d’évoquer Albert Cohen et Missak Manouchian, épousant les valeurs du pays sans limite. L’immigration, « ce sont des milliers de gens qui sont devenus français en donnant d’eux-mêmes, de leur travail, de leur effort, de leur amitié ». Il poursuit : « La France n’acceptera jamais d’être réduite à une addition de communautés. (…) La République ne doit trier qu’en fonction du mérite de la loi, d’un côté ceux qui la respectent et de l’autre ceux qui ne la respectent pas », ajoute-t-il.
« Sans justice efficace, pas d’ordre, pas de confiance, pas de lien social. Or notre justice va mal et le pays devient de plus en plus violent. La justice ne sait plus juger vite, parfois même bien. Elle ne sait plus être comprise », affirme l’ex-Premier ministre. Pour illustrer cela, Édouard Philippe n’hésite pas à chiffrer ses propos :
- Chaque jour en France, c’est environ : 3 meurtres ou assassinats, 600 cambriolages, 23 vols avec arme, 700 vols dans les véhicules, 1 000 escroqueries.
- Entre 2016 et 2024, le nombre de victimes d’homicides a augmenté de 20 %.
- 80 % des commerçants déclarent avoir subi un vol à l’étalage l’année dernière.
- La France détient le record de l’Union européenne pour le nombre d’homicides par an, soit 3 fois plus que l’Italie.
« L’insécurité, ça n’est pas un sentiment, c’est une réalité quotidienne. (…) Notre société subit une forme d’ensauvagement », en déduit-il, avant d’évoquer le fait que professeurs, élus et forces de l’ordre sont devenus des cibles dès lors qu’ils sont des symboles de l’autorité.
Une délinquance étrangère croissante
Édouard Philippe souligne ensuite que la petite et moyenne délinquance explose en France, et souvent chez les plus jeunes :
- En 2024, les mineurs de 13 à 17 ans étaient responsables de 35 % des vols violents sans arme.
- En 2023, près de 17 % des condamnations pour délits ou crimes concernaient des étrangers.
- En 2023, 52 % des mises en cause pour vols ou violences dans les transports en commun étaient étrangers.
Pourtant, « les étrangers représentent environ 8 % de la population française », précise-t-il. « Un étranger, lorsqu’il est accueilli en France, doit être irréprochable envers les Français et la France, sinon il doit être reconduit dans son pays, et je ne vois pas au nom de quoi il pourrait en aller autrement », conclut-il.
Edouard Philippe : une justice trop lente…
« La justice n’est pas, je crois, à la hauteur, elle est à la fois lente et bien souvent perçue comme hypocrite », affirme Édouard Philippe. Il évoque notamment le procès de Kim Kardashian, qui intervient huit ans après les faits. Il rappelle aussi que le délai entre l’infraction et le jugement est de presque 3 ans en France (35 mois), et 18 mois de plus s’il y a appel. Selon lui, « ces délais sont complètement déraisonnables » et sont toujours « subis par la victime » : « On livre nos concitoyens à l’injustice ». Selon lui, c’est probablement la faute des cours suprêmes européennes qui « créent le droit au lieu d’appliquer les textes », avec trop de nouvelles lois et de normes qui se multiplient et se chevauchent. C’est la faute d’une procédure qui est « devenue folle en matière administrative, civile, pénale ».
Édouard Philippe évoque alors la condamnation de Marine Le Pen à une peine d’inéligibilité, et critique la réaction du parti : « La loi est la loi, et si elle est mal faite, il faut la changer, mais pas critiquer les juges lorsqu’ils l’appliquent ».
Il souligne enfin l’importance de faire de la justice quelque chose qui nous unit, comme elle l’a fait lors des attentats de 2013, ou plus récemment avec le procès de Mme Pélicot.
…et inefficace
« Près de 40 % des condamnés ferme ne vont jamais en prison, et le taux de récidive des criminels augmente depuis 20 ans. La France, qui a l’une des criminalités records en Europe, présente un taux d’incarcération inférieur à la moyenne européenne. Nous sommes devenus le pays de la sanction incertaine et de la peine virtuelle, donc de l’impunité. (…) Les moyens de la justice demeurent insuffisants par rapport à la moyenne européenne », explique Édouard Philippe.
Le président d’Horizons déjà bien en campagne évoque ensuite la justice sociale, celle-ci « ne s’achète pas, et les Français en ont assez que la justice sociale soit toujours pour les autres. La justice sociale, ça n’est pas tout recevoir sans jamais rien donner, ça n’est pas réclamer toujours plus de droits en oubliant nos devoirs, ça n’est pas ruiner l’État ou abîmer la planète pour que nos enfants paient la facture plus tard ». Selon l’ex-Premier ministre, il faut « refonder notre modèle social pour qu’il protège les plus fragiles en améliorant la vie des travailleurs : les Français aspirent à travailler plus et pour cela il va falloir travailler plus ».
Edouard Philippe : Je ne suis pas là pour défendre la pureté de la droite française
Il termine enfin sur son positionnement sur l’échiquier politique : « La question ne sera donc jamais de savoir si nous ne sommes pas assez à droite, trop à droite, trop de gauche, ou pas assez au centre. Si nous pensons le dépassement de l’identité, la structuration binaire ou la tripartition de la vie politique française, la seule question c’est celle de la France. (…) Je ne suis pas là pour défendre la pureté de la droite française, je suis là pour défendre la France, les Françaises et les Français ».
Selon un sondage LCI Toluna Harris Interactive diffusé mardi 20 mai (*) , Edouard Philippe est celui qui a le plus de chances d’être au second tour de la présidentielle 2027 dans le camp de la droite. Il obtiendrait en effet 21% des intentions de vote. Bruno Retailleau, lui, obtiendrait seulement 12% des voix.
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(*) Enquête réalisée en ligne le 19 mai 2025, après l’élection de Bruno Retailleau à la présidence de la formation politique Les Républicains auprès d’un échantillon de 1217 personnes représentatif de la population Française âgée de 18 ans et plus.