La Région, le Grand Port et la Métropole ont réaffirmé leur soutien à la filière hydrogène à l’occasion du salon « Meet4Hydrogen », organisé à Marseille les 21 et 22 mars.
Après une première édition organisée à Toulon, en 2022, le salon « Meet4Hydrogen – HyPorts », une convention d’affaires dédiée aux applications maritimes, fluviales et portuaires de l’hydrogène, était de retour dans la région les 21 et 22 mars au Stade Vélodrome de Marseille. Près de 600 participants, dont 400 congressistes et une centaine de décideurs, se sont donnés rendez-vous pour parler business, et trouver de nouveaux partenaires.
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La région marseillaise dispose d’un vivier important de start-up innovantes dans le secteur hydrogène (Sakowin, HySilabs, Hynova etc.). Le territoire se présente également comme une terre d’accueil des pionniers de l’hydrogène « vert » (H2V Fos, GravitHy, Hyvence etc.). Reste encore à maîtriser la production de cette ressource à échelle industrielle, et surtout à moindre coût.
Parmi les atouts principaux de Marseille-Fos : le savoir-faire des industriels locaux en matière de transport des flux, le potentiel de stockage à Manosque combiné à un réseau de cavités salines déjà en place. Ainsi que le projet de pipeline d’hydrogène à 2,5 milliards, baptisé « H2 Med ». Un hydrogénoduc dont la mise en service à horizon 2030 reliera le Portugal à l’Allemagne, en passant par Fos.
Marseille-Fos en nouveau laboratoire de l’hydrogène vert
L’hydrogène renouvelable est identifié par l’État et l’Europe comme une solution idoine pour réduire les émissions de l’industrie et du transport. Dans le cadre du plan national France 2030, au moins 9 milliards seront alloués au développement et à la structuration de la filière tricolore. Un écosystème est d’ailleurs en train de se former dans la métropole marseillaise, et particulièrement dans la zone de Marseille-Fos.
Ce bassin d’activités concentre aujourd’hui près de 20% des émissions de CO² françaises selon Anne-Marie Perez, la déléguée régionale de France Hydrogène. Marseille-Fos a récemment été désigné par l’État comme l’une des deux zones à décarboner de façon prioritaire (Zibac) – un titre assorti de plusieurs millions d’euros qui financeront des études de faisabilité.
Ce programme doit notamment permettre aux investisseurs, et aux collectivités, de définir une « trajectoire de décarbonation » sur l’ensemble du bassin. Dans les années à venir, si le Lab territorial dont le lancement est prévu mercredi 29 mars à Istres, parvient à fédérer industriels, pouvoirs publics, associations et riverains, Marseille-Fos pourrait devenir un laboratoire vitrine de la décarbonation industrielle.
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Des assises de l’hydrogène le 12 décembre à la Région
En fin d’année, la Région Sud va organiser ses premières assises de l’hydrogène. Elles auront lieu le 12 décembre prochain à Marseille, à l’Hôtel de Région. À cette occasion, un nouveau dispositif hydrogène régional sera présenté. Renaud Muselier, le président de la Région Sud, précise que ce schéma sera « fabriqué et financé » l’année prochaine.
Il soutiendra au moins 25 projets déjà en cours sur le territoire. « J’ai demandé au président de la filière, Philippe Boucly, de le coprésider avec moi à la Région », poursuit l’ancien député européen. Pour répondre aux nouvelles directives européennes, ce dispositif s’inscrira dans le sillage du futur plan hydrogène français, qui devrait être présenté dans les mois à venir.
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Depuis quelques années, la Région Sud prépare la nouvelle « révolution » hydrogène. La collectivité vient de créer un comité stratégique dédié au développement et à la structuration de la filière l’hydrogène, et prévoyait déjà en 2021 de mobiliser au moins 50 millions d’euros en six ans sur ce dossier.
« Nous avons une opportunité unique de conjuguer développement économique et actions en faveur de l’environnement », lance mercredi Renaud Muselier devant un auditoire de professionnels convaincus. La Région veut faire de Provence-Alpes-Côte d’Azur « le premier hub hydrogène euro-méditerranéen ».
Neuf millions d’euros pour lancer la « Zibac » en avril
Du côté de la Métropole Aix-Marseille Provence, on porte le même message, ou presque. Avec toujours cette volonté affichée de devenir une plateforme stratégique – un hub – de l’hydrogène vert, mais « à moyen et long terme », précise Jean-Pascal Gournès, le conseiller métropolitain en charge de l’industrie.
Fier de rappeler que Marseille-Fos est lauréat de l’appel à projets Zibac, celui qui est également maire de Meyreuil précise que le programme sera officiellement lancé le 9 avril prochain, « avec neuf millions d’euros de budget déjà engagés pour une trentaine d’études de faisabilité cofinancées par l’État ».
Zone de Marseille-Fos : la H2 Med dépendance ?
Au sujet du projet d’interconnexion sous-marine H2 Med, Jean-Pascal Gournès indique que « ce dispositif pourrait, à terme, être complété par la création, dans la zone portuaire de Fos, d’un terminal d’import-export par bateau, de l’hydrogène et de ses dérivés ».
À terme, le réseau global H2 Med aura la capacité de transporter jusqu’à deux millions de tonnes par an d’hydrogène renouvelable, ce qui représente près de 10% de la consommation prévue en Europe d’ici sept ans.
Le pipeline doit, selon l’élu, « apporter une solution pour décarboner massivement (…) car notre territoire ne peut assumer, en termes de foncier et de capacité électrique, l’accueil de l’ensemble des projets de production d’hydrogène vert ». Les besoins sont considérables.
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D’ailleurs le Grand Port maritime (GPMM) estime qu’en matière de foncier, il faut encore trouver 300 hectares à artificialiser. L’ensemble des projets liés à l’hydrogène devraient également nécessiter une puissance électrique phénoménale, et beaucoup d’eau, sur un territoire où la sécheresse frappe fort.
Pas de quoi décourager Hervé Martel, le président du directoire du Grand Port : « la transition énergétique, ça peut être une conviction politique, c’est aussi un atout de compétitivité pour le port ». Là où les autres acteurs locaux parlent de hub méditerranéen, lui voit en Marseille-Fos un potentiel « mondial ».
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