L’association régionale des Entreprises du Patrimoine Vivant (EPV) de la région Sud a célébré jeudi 30 novembre, à la préfecture la remise de 15 nouveaux labels EPV mettant ainsi à l’honneur le savoir-faire français et régional et l’excellence d’une sélection d’entreprises industrielles ou artisanales locales.
Le préfet de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur Christophe Mirmand, également préfet de la zone de défense et de sécurité Sud et préfet des Bouches-du-Rhône, a reçu les lauréats dans les superbes Salons d’honneur de l’Hôtel de préfecture, monument historique comptant parmi les plus beaux bâtiments de l’époque Napoléon III, dont Marseille peut s’enorgueillir. Il a rappelé l’engagement de l’Etat en faveur de leur excellence et leur enjeu économique et territorial.
Depuis la loi du 2 août 2005, le Label Entreprise du Patrimoine Vivant est accordé aux lauréats en l’honneur de métiers, produits et territoires de haute performance, pour une durée de cinq ans, renouvelables non automatiquement. Le décret de 2020 a apporté une nouvelle dynamique au label et plusieurs modifications, notamment la déconcentration, avec l’attribution du label par le préfet de région et non plus par le ministère de l’Economie et des finances, après instruction technique par l’Institut national des métiers d’art. Le niveau d’exigence reste élevé, avec l’introduction de davantage de critères, comme l’innovation, la numérisation, la responsabilité sociétale, la transmission. Les Entreprises du Patrimoine Vivant bénéficient d’un crédit d’impôt en faveur des métiers d’art (CIMA) dont le taux est porté de 10 à 15%, jusqu’à 30 000 euros par an, pour alléger les coûts de création d’ouvrages sur-mesure ou de produits en petites séries, et surtout d’une visibilité territoriale, nationale voire internationale.
70 entreprises labellisées EPV, employant 3060 personnes
L’Institut national des métiers d’art était représenté par Elisabeth Kander Fron : l’INMA instruit les candidatures, sélectionne, fait rayonner, perdurer et grandir les entreprises françaises arborant le label EPV, « unique label d’Etat à distinguer les savoir-faire artisanaux d’excellence ». L’INMA organise aussi les Journées européennes des métiers d’art : la prochaine JEMA aura lieu le 7 avril 2024, avec pour thème « sur le bout des doigts », en visant la jeunesse et l’ouverture des entreprises et des ateliers.
En France, 1 300 entreprises sont labellisées Entreprises du Patrimoine Vivant, totalisant environ 70 000 salariés, 280 métiers, 16 secteurs et un chiffre d’affaires cumulé de plus de 15 milliards d’euros. Elles oeuvrent dans des secteurs variés comme la gastronomie, l’architecture et le patrimoine bâti, les arts de la table, la mode et beauté, l’aménagement et la décoration, la culture et la communication, les équipements industriels, médicaux et mécaniques, ou les loisirs et transports. Dans notre région, ancrées dans le territoire, ce sont plus de 70 entreprises labellisées EPV, employant 3060 personnes et faisant la fierté de leurs équipes. Représentantes d’un savoir-faire français emblématique, elles participent par leur excellence à l’identité et la culture nationales, en France et à l’international.
À l’étude : un incubateur EPV et de nouvelles ambitions
Le président de la Chambre régionale des métiers et de l’artisanat (CMA), Yannick Mazette, a précisé que les EPV étaient artisanales pour 70% d’entre elles, et participaient à rendre le territoire attractif et agréable à vivre. Il s’est inquiété de la légère baisse du nombre d’entreprises labellisées, interrogeant la sévérité accrue des critères et en particulier la contribution financière, passée de gratuité à 250 € puis 975 €, risquant de dissuader des candidats au label ou à leur renouvellement. C’est pourquoi sont à l’étude un incubateur EPV et un mouvement associant Etat et CMA, EPV artisanales et territoires, qui ambitionnerait 2500 entreprises en France et 250 en Provence. La présence de la banque SG SMC, soutien des EPV, a été saluée.
Guillaume Fiévet, président de l’Association des entreprises du patrimoine vivant de notre région, et aussi dirigeant de l’EPV marseillaise Savonnerie du Midi, a souligné que ce label était « essentiel pour valoriser nos entreprises et nos savoir-faire en France et a l’étranger », soulignant : « nous qui fabriquons en Provence des produits de qualité souvent exportés jusqu’au bout du monde. »
L’Association EPV accueille les nouveaux labellisés et anime ses aînés, pour qu’ensemble ils promeuvent le label et s’entraident. Ainsi, ces entreprises et artisans perpétuent et innovent, déploient des solutions inédites ou sur-mesure, des chantiers hors normes, des techniques de pointe ou traditionnelles et sont dépositaires d’un patrimoine indispensable à protéger. Pour preuve, la bonne santé du tourisme en entreprises à savoir-faire reflète la recherche de sens dans les achats des visiteurs-consommateurs, offre l’occasion de rencontres et de partage de passion, réconcilie les citoyens avec l’industrie et affermit la conscience, même tardive, de beaux métiers industriels ou artisanaux à préserver.
Quelles sont les 15 entreprises du patrimoine vivant honorées ?
Trois entreprises régionales sont nouvellement labellisées EPV :
Orgues Quoirin (Saint-Didier, Vaucluse), créée en 1970, est spécialisée dans la restauration et réparation d’instruments de musique ; elle a effectué des restaurations à l’étranger et en France, comme les cathédrales de Bordeaux et de Montauban et Notre-Dame de Paris.
Theus Industrie (Cavaillon, Vaucluse) est une entreprise de chaudronnerie créée en 1892 spécialisée en particulier dans les cheminées suspendues.
Atelier Staff Passion (Cagnes-sur-Mer, Alpes Maritimes) intervient en spécialiste de décoration architecturale d’espaces intérieurs et extérieurs, staff, plâtres et moulures, depuis 25 ans.
Et 12 entreprises ont obtenu le renouvellement de leur label :
Confiserie du Roy René (Aix en Provence, Bouches du Rhône), fondée en 1920, est renommée pour ses délices sucrés, calissons, nougats et gourmandises à base d’ingrédients produits localement ; au sein de sa fabrique, 3ème entreprise la plus visitée de la région, le Musée du Calisson a accueilli 75 000 visiteurs en 2022.
Gas Bijoux (Marseille, Bouches-du-Rhône) crée des bijoux artistiques réputés depuis 1969.
Les Compagnons de Castellane (Marseille, Bouches-du-Rhône), restaurent depuis 1997 le patrimoine architectural, de Briançon à Marseille, dont l’Aqueduc Aixois et le célèbre aqueduc de Roquefavour, « le plus grand au monde en pierre de taille.»
Vivian & Cie (Marseille, Bouches-du-Rhône) rénove des monuments historiques depuis 1830, comme le palais de justice de Montpellier et à Marseille, la préfecture de Police, la Vieille Charité, la Major, Saint Victor, le château d’If, l’église des Réformés…
La Marbrerie Anastay (Saint-Rémy de Provence, Bouches-du-Rhône) est une entreprise familiale fondée en 1890.
K Jacques (Saint-Tropez, Var), entreprise familiale établie en 1933, est renommée pour la fabrication de maroquinerie et sandales françaises.
SE Atelier Rondini (Saint-Tropez, Var) est la plus ancienne maison artisanale familiale spécialisée en fabrication de sandales tropéziennes classiques
Ocres de France (Apt, Vaucluse), établie en 1985, produit et distribue des ocres, pigments et produits de décoration respectueux de l’environnement.
Art et rénovation (Gargas, Vaucluse) restaure des monuments historiques depuis 2001.
La Forge (Pernes-les-Fontaines, Vaucluse) est un atelier de ferronnerie d’art, créant depuis 1993 des pièces sur mesure par techniques traditionnelles.
Aptunion Industrie (Apt, Vaucluse) : la maison du fruit confit, située au coeur du parc naturel régional du Luberon dès 1962, propose des fruits de Provence en mêlant savoir faire artisanal et modernité de production.
Ventoux Moteurs (Carpentras, Vaucluse), créée en 1989, a pour activité l’ingénierie, la réparation, maintenance et reconstruction de moteurs et sous-ensembles mécaniques, notamment les automobiles anciennes de collection, grâce à sa documentation d’époque.