3 questions à Paul Paret, consultant spécialisé dans l’éolien en mer
Gomet’ : Comment se positionne la France vis-à-vis des autres pays dans le développement de l’éolien en mer ?
Paul Paret : Il faut d’abord distinguer l’éolien fixe de l’éolien flottant. La France est clairement en retard pour ce qui concerne l’éolien fixe. Les causes de ce retard sont les délais administratifs d’une part, d’autre part les délais judiciaires interminables pour traiter les recours. En revanche, nous sommes plutôt précurseurs en matière d’éolien flottant, du fait que nous avons sauté l’étape de l’éolien fixe… Nous disposons toutefois de quelques projets d’éolien fixe, notamment à Saint-Nazaire ou à Dieppe car le fond de l’eau est moins profond que la Méditerranée.
Les pays les plus en avance sont la Norvège, avec sa ferme pilote flottante Hywind Tampen du groupe Equinor, et l’Ecosse grâce au projet Kincardine. L’Italie démarre, l’Espagne aussi. Les Etats-Unis se lancent à l’américaine, en insufflant des milliards de dollars. En Amérique du Sud aussi, le Brésil et la Colombie sont bien avancés.
Quid de l’impact réel de l’éolien en mer sur la biodiversité ?
P.P : On n’aura jamais autant étudié la faune et la flore dans ce secteur que depuis que le projet d’éoliennes en mer a été lancé ! En outre, les éoliennes flottantes sont a priori moins préjudiciables pour l’environnement que l’éolien fixe, car elles sont placées sur des flotteurs et ne dégradent pas le sol marin.
Certes, il pourrait y avoir des nuisances sonores dues au chantier ou encore des risques pour les oiseaux migrateurs avec le mouvement des pales. De fait, pour l’heure, l’ampleur de l’impact réel n’est pas connue, d’où l’intérêt de mettre en place des fermes pilotes avant de créer des parcs. D’ici trois ans, l’étude Migralion nous apportera également plus d’éléments.
Cela dit, l’éolien sera toujours moins néfaste que la pollution liée au pétrole …
Vous étiez présent lors de la première réunion de concertation sur le projet d’éoliennes flottantes en Méditerranée, organisée le 9 novembre dernier à Marseille. Qu’avez-vous pensé de l’attitude adoptée par les représentants de l’Etat dans ce dossier ?
P.P : Je les ai trouvés très professionnels. Les personnes opérationnelles qui gèrent les appels d’offres sont à l’image de ce qu’on peut attendre de commis de l’Etat : rigoureux, impartiaux et professionnels. Ils ont conscience de la nécessité de travailler avec les acteurs locaux pour créer un tissu industriel autour de la présence des éoliennes.
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