Rompre l’isolement des seniors tout en favorisant l’accès au logement des jeunes. Voici la promesse de Cohabilis, une entité créée en 2004 qui chapeaute aujourd’hui une quarantaine d’associations en France, dont l’antenne Cohabilis Sud Paca fondée en juin 2021. Le bailleur social Erilia (groupe Habitat en Région et Caisse d’Épargne Cepac) a signé une convention de partenariat le 18 juillet avec cette association pour permettre à ses locataires âgés de plus de 60 ans, correspondants à un tiers de ses bénéficiaires, d’accueillir en colocation un jeune de moins de 30 ans. Erilia a identifié 456 logements dans les Bouches-du-Rhône, dont une centaine à Marseille, avec pour objectif de créer 20 binômes cette année.
« Dans un contexte de crise du logement particulièrement difficile, nous expérimentons la cohabitation intergénérationnelle partagée pour lutter contre la perte d’autonomie des personnes âgées, permettre de tisser du lien social et donner accès au logement », déroule Sandra Orlando, la directrice commerciale et performance client de Erilia. Le bailleur social est engagé dans une démarche d’entreprise à mission depuis 2021.

La colocation solidaire est encadrée par la loi portant l’évolution du logement, de l’aménagement et du numérique (ELAN) votée en 2018. Un jeune peut ainsi se loger pour un loyer modique, en moyenne de 150 euros par mois, pour habiter une chambre de 10 à 12 m2. En échange, il doit s’engager à rendre quelques services à la personne âgée comme prendre des repas à ses côtés ou sortir les poubelles. La convention passée avec Erilia donne un cadre moins strict aux services rendus par le jeune puisqu’il verse un loyer au locataire senior. Néanmoins, le but de ce type de colocation reste de renforcer le lien social comme le prévoit la loi.
Les étapes de la colocation intergénérationnelle
Pour constituer des binômes qui fonctionnent, les étapes sont nombreuses. Dans un premier temps, Erilia identifie des locataires favorables à l’accueil d’un plus jeune, étudiant (90%) ou actif (10%), dans un T3 ou plus. Le logement doit également être situé en ville à proximité des réseaux de transport en commun. De son côté, Cohabilis évalue le profil du jeune et sa motivation à cohabiter avec une personne âgée. Une mise en relation entre les deux futurs colocataires est ensuite prévue avant l’installation. Ce temps de recherche, d’une durée moyenne d’un mois, est financé par la Carsat Sud Est.
Une fois qu’un duo est compatible, un contrat de cohabitation « très souple » est signé par les deux parties pour une durée d’un an. Une visite annuelle est prévue par Cohabilis pour vérifier le bon déroulé de la colocation. En cas de litige, l’association peut intervenir rapidement. « Nous avons fixé le préavis à un mois pour que les familles se sentent libres », souligne Véronique Pater, administratrice et trésorière de Cohabilis Sud Paca.
Les membres de l’association attendent toujours des financements de la part des institutions publiques, la Ville de Marseille, la Région Sud, et le Département des Bouches-du-Rhône, car le modèle économique est basé à 80% sur des subventions. Les 20% restants proviennent des partenariats privés.
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