Ce sont des objets que l’on utilise dans la vie de tous les jours, sans véritablement y prêter attention : des sachets, plastiques ou papier, qui sont distribués à la caisse des magasins, à l’étui qui emballe notre baguette de pain, en passant par les cartons de nos colis … C’est pourtant un véritable marché qui génère chaque année plusieurs milliards d’euros de chiffre d’affaires dans le monde. Parmi les leaders du secteur, Europackaging figure en bonne position et compte faire des Bouches-du-Rhône le coeur névralgique de son activité.
En effet, le groupe né en 1974 à Birmingham – mais dont le siège social mondial est aujourd’hui implanté à Dubaï – vient tout juste de signer un bail pour s’installer à Port-Saint-Louis du Rhône, dans la zone Distriport, sur un terrain de 5500 m² appartenant au groupe Logicor – à deux pas du site d’Eranova, dont Europackaging est d’ailleurs actionnaire.
Ce nouveau site du groupe Europackaging a vocation à développer la filière papier et sacs de kraft dans le Sud : la production sera officiellement lancée à compter du 14 novembre. Il s’agit de la seule unité de production industrielle d’Europackaging en France, ses autres sites de Normandie et du Nord-Pas-de-Calais étant dédiés à des activités logistiques. Il faut dire que l’entreprise fondée par Abdul Majid, et aujourd’hui dirigée par ses fils, a de nombreux clients dans le sud, à commencer par les géants de la grande distribution : Carrefour, Casino, Amazon … Pour ne citer qu’eux. Le groupe envisage 150 recrutements à Port-Saint-Louis-du-Rhône et prévoit de développer sa production sur les cinq prochaines années, en fabriquant également du papier cuisson ou encore des sacs à pain. Il projette notamment d’ici là une éventuelle extension du site actuel, sur une cellule de taille équivalente. Avec le site de Birmingham, le site de Port-Saint-Louis-du-Rhône sera ainsi le second pôle dédié au papier, à destination des clients français. Mais le groupe Europackaging, qui dispose de plusieurs filiales, produit aussi partout dans le monde des sacs et emballages plastique et réutilisables.
Les Bouches-du-Rhône, un carrefour entre l’Espagne et l’Italie
Si Europackaging commence tout juste à produire sur le territoire, le groupe dispose tout de même de bureaux à Marseille depuis 2004. Situés rue Paradis (8e) ils étaient jusqu’alors consacrés à l’activité logistique du groupe. Pourquoi ce choix, plusieurs années après, d’y développer la production ? « Le marché français a pris de l’ampleur ces dernières années. Et Marseille présente de nombreux atouts : c’est notamment un carrefour entre l’Italie et l’Espagne, des pays avec lesquels nous commerçons », explique Alexandre Minière, fondateur d’Europackaging France, interviewé par Gomet’. Ce Normand d’origine dirige aujourd’hui encore la branche française d’Europackaging depuis la cité phocéenne.
« En 2018, 80% de notre chiffre d’affaires était dû à la production plastique. En 2022, la tendance s’est inversée : 80% de notre chiffre d’affaires se fait sur la production d’emballage papier »
Alexandre Minière, directeur général d’Europackaging France
En outre, des changements dans les habitudes de consommation des Français ont convaincu Europackaging de développer ce nouveau pôle papier : « En 2018, 80% du chiffre d’affaires du groupe était dû à la vente d’emballages plastiques. En 2022, la tendance s’est inversée : nous réalisons aujourd’hui 80% du chiffre d’affaires sur les produits papier », détaille Alexandre Minière.
« Le Brexit est un facteur d’implantation des entreprises sur le territoire »
Artisan de cette implantation, Provence Promotion, l’agence d’attractivité de la Métropole, se réjouit de l’intérêt croissant des entreprises britanniques sur le territoire depuis le Brexit. « En deux ans, nous avons accueilli quinze entreprises britanniques supplémentaires, alors que nous n’en comptions que cinquante à cette date », détaille Philippe Stefanini, président de Provence Promotion, contacté par Gomet’. Il explique ce phénomène par les contraintes liées au Brexit pour les entreprises : « Avec la libre circulation, les industriels n’avaient pas besoin d’implanter des sièges dans chaque pays d’Europe. Aujourd’hui, alors que la libre circulation entre le Royaume-Uni et l’Europe a pris fin, il est devenu plus simple pour eux d’avoir du personnel sur place dans chaque pays où ils commercent », explique-t-il. Provence Promotion est d’ailleurs invitée le 2 décembre prochain par Ibrahim Madjid, co-dirigeant d’Euopackaging, au siège de Birmingham pour organiser un séminaire « Invest in Provence » devant d’autres industriels britanniques.
Un financement tripartite Etat-Région-Métropole
Malgré cela, le choix des Bouches-du-Rhône ne s’est pas imposé dès le départ : « Au début, nous avons hésité avec les Hauts-de-France pour implanter notre site de production. L’aide que nous avons reçue de Provence Promotion, de Didier Parakian (vice-président métropolitain, ndlr) et de RisingSud a été un élément décisif pour nous convaincre de rester », confie-t-il. Europackaging dispose en outre d’un appui financier des collectivités, Métropole, Etat et Région, pour son implantation. Le conseil régional doit d’ailleurs voter ce 21 octobre une aide financière de de 5,3 millions d’euros à destination du groupe britannique, soit le plus gros contributeur dans l’enveloppe totale qui a été allouée. Cette somme comprend cependant une part d’avances remboursables, dont le montant n’est pas précisé ni par Europackaging, ni par la Région. Des aides allouées dans le cadre du plan « Territoire d’industrie », pour lequel Europackaging est lauréat. Le financement de l’Etat s’élève pour sa part à 800 000 euros. Quant au financement métropolitain, il correspond en réalité à une exonération de la contribution foncière des entreprises pour une durée de cinq ans.
Ce soutien financier a convaincu le groupe britannique de s’implanter malgré des problématiques rencontrées sur le plan foncier, qui ont retardé la signature du bail : à l’origine, Europackaging aurait d’ailleurs dû s’installer à Marignane, mais a dû renoncer en raison d’un problème de conformité avec les normes ICPE qui visent à gérer les risques industriels pour protéger l’environnement et la santé. Le groupe s’est donc rabattu sur Port-Saint-Louis du Rhône. Une décision qui ravit le maire de la commune Martial Alvarez : « C’est un atout pour l’attractivité de notre territoire, qui nous permet de continuer à développer la filière énergétique. C’est tout un écosystème que cela va générer. C’est aussi une pierre de plus dans la lutte contre la production plastique déjà engagée avec l’implantation d’Eranova », se réjouit-il, contactée par Gomet’.
Les Bouches-du-Rhône présentent aussi un atout logistique, dans la stratégie d’Europackaging de réduire le transport de marchandises. En effet, le site de production de Port-Saint-Louis permettra d’approvisionner les clients d’Europackaging dans tout le sud-est de la France, jusqu’au Nord de Lyon. « Cela présente à la fois un intérêt sur le plan environnemental et logistique : nos clients exigent d’être livrés à temps, c’est pourquoi nous devons avoir de l’agilité dans nos livraisons », souligne Alexandre Minière.
Un partenariat avec Fibre excellence envisagé
Pour l’heure, le groupe Europackaging se fournit principalement au Canada et aux Etats-Unis pour le papier, qui arrive sous forme de rouleaux. L’objectif, à présent, est de recentraliser la production en France : pour cela, un partenariat est envisagé avec l’entreprise Fibre Excellence (Tarascon) qui, après avoir été placée en redressement judiciaire en 2020, avait été rachetée en 2021 par le canadien Paper Excellence et avait par ailleurs bénéficié d’un soutien de 20 millions d’euros du gouvernement. Le groupe Europackaging ne devrait pas s’arrêter là, puisqu’il est également prévu que ses équipes locales travaillent avec le pôle d’innovation mutualisée Team Henri Fabre ainsi que le reste de l’écosystème économique local, affirme la Région dans un communiqué.
Pour l’heure, le groupe Europackaging ne prévoit pas d’essaimer davantage sur la région mais mise gros sur le site de Port-Saint-Louis : 47 millions de chiffre d’affaires sur ce site sont espérés à l’horizon 2027. Il devrait en outre fournir d’ici cinq ans 20% des besoins de la région Sud en matière d’emballage papier répondant ainsi « aux ambitions de souveraineté économique et de réindustrialisation portées par l’Etat, la Région et la Métropole » écrit aussi la Région.
Liens utiles :
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> A Port-Saint-Louis-du-Rhône, les algues d’Eranova remplacent le pétrole des sacs plastiques
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