Le Grand port maritime de Marseille-Fos (GPMM) affiche de nouvelles résolutions. Son président du directoire, Hervé Martel, a officialisé mercredi 12 octobre au forum du musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée (Mucem) la création d’une plateforme culturelle dédiée à la transmission du patrimoine historique portuaire : le « Port center ». Un espace de conférences, d’animations et d’expositions, ouvert à tous, mais qui s’adressera en particulier à la jeunesse, à la demande de la mairie. « On veut expliquer aux Marseillais, aux jeunes, ce que c’est le port », précise le haut fonctionnaire. Hervé Martel entend bien redorer l’image du port de commerce, afin que celui-ci ne soit plus considéré comme un espace inaccessible.
Dans les cartons depuis plus d’un an, le Port center devrait être intégré au futur siège du GPMM, place de la Joliette (2e). Cette entité plus globale, dont la surface de plancher dépassera les 25 000 m², se dressera en lieu et lace de l’actuel siège – un bâtiment qui date des années 50.
Des visites guidées dans les bassins Est du port
Suivant cette nouvelle politique d’ouverture au public, et de valorisation de son héritage, le GPMM propose pour 20 euros une visite guidée en bateau de ses bassins Est, à Marseille, en partenariat avec le Mucem. Près de 400 personnes ont participé aux deux premières balades en mer à bord de l’Helios – la troisième et dernière visite a été programmée samedi 15 octobre à 10h30. L’opération devrait être reconduite l’année prochaine.
Un projet collectif, symbole d’un dialogue renoué entre la Ville et le Port
Si le coût global du futur siège est estimé à plus de 100 millions d’euros, avec une livraison prévue à horizon 2026, le montant alloué au pôle culturel n’est pas encore connu. Et pour cause, le projet reste à peaufiner ; il nécessite encore que les acteurs locaux collaborent. Dans ce nouveau voyage, le Grand port maritime, un établissement public, devra naviguer avec les collectivités. Notamment la Ville de Marseille, « très motivée sur ce dossier », mais avec laquelle le dialogue n’a pas toujours été au beau fixe ces dernières années. « Les relations (avec la mairie) se sont distendues, le port étant lui-même fermé, reconnaît Hervé Martel, qui rappelle que les nouvelles règles de sécurité interdisent l’accès physique au port (notamment à la digue du large, ndlr) ». Il juge que Ville et Port se sont trop longtemps tournés le dos.
Le Port et la Ville ne doivent pas s’opposer.
Christophe Mirmand
Et ce n’est pas le préfet de région, Christophe Mirmand qui dira le contraire. « C’est très compliqué pour un établissement industriel de s’intégrer dans un environnement urbain », explique-t-il, et de remarquer qu’à l’inverse, « c’est aussi compliqué pour une ville et ses habitants d’avoir le sentiment qu’une partie du littoral leur échappe ». Christophe Mirmand le rappelle : « Marseille est née de la mer ». Selon lui, le pouvoir public doit faire en sorte de maintenir l’activité maritime et portuaire, tout en préservant « un développement harmonieux de la ville ». Le port de commerce doit devenir pour les Marseillais un objet de « convoitise et de fierté ». Quant aux relations Ville-Port, « il faut les travailler », appuie le représentant de l’État, et de conclure : « le Port et la Ville ne doivent pas s’opposer (…) c’est plus qu’une relation de voisinage, ils sont intriqués ».
Un projet de « Grand Estaque » pour les habitants des quartiers Nord
Interrogé en aparté par la rédaction de Gomet’, le préfet de région Christophe Mirmand imagine « un nouvel accès à la mer, un accès rénové pour les habitants des quartiers Nord ». Une manière pour les habitants, pour les « acteurs de la ville », de se réapproprier l’espace littoral avec des espaces ouverts – comme à la Joliette. « Cela pourra être le cas demain du côté de l’Estaque également », nous glisse le préfet, mentionnant le nom de « Grand Estaque » pour qualifier ce projet à venir. Christophe Mirmand ne se prononce pas plus sur l’ampleur des travaux, ni sur leur coût, ni sur le calendrier. « On est en train d’y travailler », tempère le préfet. « Les acteurs doivent se mettre autour de la table ». En particulier la Métropole, la Ville, le Port et le monde économique.
La charte Ville-Port est « encore à jour »
Hervé Martel juge que la charte Ville-port, un document stratégique signé en juin 2013 par l’ensemble des acteurs impliqués (Région, Département, Métropole, GPMM, Ville, État, CCIAMP et Euroméditerranée), est « un système de concertation encore à jour ». Mais cette vision à long terme doit inclure les citoyens. « La volonté du port, c’est de retisser des liens, de s’ouvrir sur la ville (…) pour rendre fiers les Marseillais de leur port », ajoute le président du directoire. Une manière pour l’établissement public de partager au plus grand nombre un paysage et une histoire portuaire souvent méconnu. Et de favoriser auprès des riverains l’acceptation des grandes manœuvres industrielles.
Aux côtés d’Hervé Martel, l’adjoint marseillais en charge de l’économie, Laurent Lhardit, « partage le diagnostic » du président du port sur les relations Ville-port. L’élu félicite ce premier pas vers Marseille, et se tient prêt à poursuivre la stratégie d’ouverture engagée. Au sujet des balades guidées, il demande par ailleurs à ce qu’à l’avenir, « les écoliers de la ville aient l’opportunité de visiter au moins une fois le port de commerce dans leur scolarité ». De quoi offrir aux minots la chance de s’approprier l’histoire du port de commerce, et d’en comprendre les principaux enjeux économiques. L’opportunité, peut-être, également, de créer des vocations.
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