Alors que La Roque-d’Anthéron se prépare à accueillir son 44e Festival international de piano, l’abbaye de Silvacane expose une autre Passion, celle de l’artiste Jean-Charles Gil. Une vingtaine d’œuvres dont, notamment, une pièce en bronze de 45 kg ainsi qu’un triptyque monumental créés pour l’occasion, prendront place dans célèbre monument cistercien du XIIe siècle, en écho à sa beauté austère et inspirante, du 13 juillet au 8 septembre 2024.
Démarré de façon inattendue, il y a vingt ans, tel un exutoire, le travail plastique de Jean-Charles Gil s’inscrit désormais dans une démarche volontaire d’observation, d’analyse et de mémoire mais également de recherche esthétique autour de l’accumulation d’un matériau qui l’a accompagné toute sa vie d’artiste.
En effet, Jean-Charles Gil a tout d’abord mené une carrière internationale de danseur étoile-chorégraphe-directeur de compagnie, démarrée à 17 ans, au Ballet national de Marseille, avec Roland Petit qui le nomme, en 1979, danseur étoile, puis se poursuit à l’international avec les ballets du Canada, d’Espagne, le San Francisco Ballet pendant trois ans, le Royal Winnipeg Ballet, le Ballet de Zurich, Béjart Ballet de Lausanne… En 1983, Jean-Charles Gil est nommé “Meilleur danseur de l’année” par la presse américaine et l’année suivante, Mikhaïl Barychnikov, blessé, lui demande de le remplacer dans Gisèle au Metropolitan Opera de New-York. Pendant vingt trois ans, il est invité à danser sur les plus grandes scènes internationales, avant de rejoindre les Ballets de Monte-Carlo puis de diriger jusqu’en 2017 sa propre compagnie – le Ballet de l’Europe.
Si les pointes sont une référence absolue de la danse, parcourir du regard ses compositions, c’est prendre conscience de la rudesse de l’art, physique à l’évidence mais aussi morale. À l’image bien souvent de la société et du monde. Un contraste saisissant entre cet objet de désir et son usure qui témoigne de l’endurance, des contraintes et des souffrances pour atteindre grâce, légèreté et extase.
De “Audition” à “Dernière Saison”, de “Confinement” à “Larmes de sang”…, chaque tableau porte en soi le souvenir de moments vécus. Objets d’un quotidien pour les danseurs, les pointes et les chaussons récupérés se révèlent à la fois identiques et pourtant si personnels. Transfigurés, on ne peut s’empêcher de voir, dans leur arrangement ordonné et esthétique, l’instant figé d’une chorégraphie en cours. Fragmentées, désordonnées, d’autres compositions livrent des sentiments plus troubles qui oscillent entre peine et désarroi. « Bien sûr, les chaussons sont multiples : beaux, neufs, sales, rangés, au repos, mais ils portent tous de l‘existence et du vécu. C‘est un matériau qui m’est personnel et avec lequel j’exprime désormais ce que je ressens. Ce point d’entrée m’enferme et me libère en même temps, » conclue Jean-Charles Gil.
Passion – Jean-Charles Gil
> du 13 juillet au 8 septembre 2024
> Abbaye de Silvacane – RD 561 – La Roque d’Anthéron (13640)
> Tous les jours de 10h à 12h45 et de 14h à 18h