Ils étaient plus de 250 étudiants massés dans le hall du bâtiment Pouillon de la faculté de droit d’Aix-en-Provence, ce jeudi 9 novembre. Ce ne sont ni les élections universitaires, ni la pluie battante ce jour là qui ont causé cet attroupement, mais le traditionnel forum des masters de l’Institut du droit des affaires (IDA). Cela fait maintenant plusieurs années que l’Institut organise ce rendez-vous pour permettre aux étudiants de trouver des stages, emplois et inversement permettre aux entreprises et cabinet de recruter.
« Le secteur du droit des affaires offre une très bonne employabilité. Malgré cela, les cabinets juridiques ont de plus en plus de mal à recruter. Le changement des jeunes dans leur relation avec le travail peut expliquer en partie cette difficulté », analyse Claude-Albéric Maetz, co-directeur de l’IDA avec Isabelle Grossi. A l’occasion du forum, 35 potentiels recruteurs ont répondu présent : des grandes entreprises comme Nestlé ou Airbus, des cabinets d’avocats locaux, mais aussi parisiens (Darrois Villey, Freshfields) et monégasques (CMS Monaco).
Le droit des affaires, un secteur qui recrute dans les cabinets … et en entreprise
« A l’époque, les étudiants ciblaient principalement les cabinets d’avocats : aujourd’hui la tendance s’est inversée et on atteint une quasi parité entre les élèves qui veulent devenir juristes d’entreprises et ceux qui veulent être avocats », poursuit Claude Albéric Maetz.
« Le recrutement, ce n’est pas que de l’informatique »
Camille Lallemand, Airbus
Et les entreprises l’ont bien compris : « En tant qu’entreprise de la région, cela nous tient à cœur de favoriser l’insertion de nos jeunes. Même si nous recrutons uniquement via notre site internet, c’est important d’instaurer un premier contact. Le recrutement, ce n’est pas que de l’informatique », affirme Camille Lallemand, directeur des contrats, des litiges et de la régulation pour le département juridique d’Airbus Helicopters, à Marignane.
A l’autre bout du hall, Marie Decoeur, responsable ressources humaines pour l’entreprise aixoise Crosscall, brandit une liasse de CV : « Je suis assez impressionnée du nombre de candidatures que j’ai reçues en une matinée. Pour la plupart, ce sont des élèves qui ont déjà fait des stages en cabinet d’avocats et qui souhaitent voir autre chose, donc c’est intéressant », constate-t-elle. La société spécialisée dans la conception de mobiles, notamment pour la gendarmerie nationale, recherche régulièrement des profils dans des domaines juridiques variés, comme le droit de contrats ou encore le droit des brevets.
La réputation de l’IDA franchit les frontières aixoise et attire aussi les cabinets parisiens : « La faculté de droit d’Aix-en-Provence est renommée et propose d’excellents profils, c’est pourquoi nous participons pour la deuxième fois à ce forum », explique Me Hugo Flottes, avocat au sein du cabinet Darrois et Villey. Du côté des cabinets d’avocats locaux, au contraire, tout est mis en œuvre pour conserver les talents sur le territoire : « Il y a un changement de mentalité chez les jeunes. Par exemple, le fait de pouvoir télétravailler est devenu important. Les cabinets en sont conscients. En tant que jeune collaboratrice, je m’aperçois que des mesures sont prises pour nous permettre de nous épanouir, comme des activités sportives, de meilleures plateformes … » témoigne Me Binta Diomandé, collaboratrice au sein du cabinet Numa avocats.
Bernard Cazeneuve recruté en tant que professeur associé à l’IDA
Pour asseoir sa renommée, l’IDA vient de recruter un professeur associé de renom : l’ancien Premier ministre et avocat Bernard Cazeneuve, qui portera le futur master Compliance et droit des affaires. Il faut dire que l’homme politique est avant tout un homme de droit, qui officie en tant qu’avocat associé au sein du cabinet d’affaires August Debouzy, à Paris.
Ses liens avec l’IDA ne datent pas d’hier, puisqu’il est le parrain de la promotion sortante Albert Camus. « Quel que soit le bord politique, c’est une personne qui inspire du respect. C’est un très bon signe pour l’IDA que quelqu’un de son envergure nous rejoigne », se réjouit Claude-Albéric Maetz.
Une édition 2024 sur une journée entière ?
Pour éviter une potentielle fuite des cerveaux, le bâtonnier de Marseille Mathieu Jacquier est venu en personne plaider la cause du Barreau de Marseille devant les jeunes juristes. « Marseille compte 2600 avocats, ce qui peut sembler beaucoup. Malgré cela, les cabinet continuent d’embaucher à tour de bras, c’est donc qu’il y a du travail ! On a besoin de jeunes pour être nos associés de demain, voire nos bâtonniers de demain », se plaît à imaginer celui qui a lui-même fréquenté les bancs de la faculté d’Aix avant d’exercer à Marseille. Il rappelle en outre que « Marseille est le troisième barreau de France derrière Paris et Lyon, ce qui en fait un barreau puissant. »
Les ambitions de l’IDA ne s’arrêtent pas là et visent aussi l’international. « Grâce à notre partenariat avec Air France, nos étudiants ont la possibilité d’effectuer un LLM à l’étranger en Louisiane ou encore à New York. Nous voulons leur donner le plus d’opportunités possibles, pour renforcer leur employabilité », détaille Isabelle Grossi, co-directrice de l’IDA.
L’engouement pour le forum des masters 2023 a été tel que les deux co-directeurs se sont vu contraints de trier les entreprises et cabinets souhaitant participer. Pour la prochaine édition, Isabelle Grossi n’exclut pas « un format plus long, sur une journée entière, pour accueillir davantage de monde. » D’ici là, d’autres rendez-vous de l’IDA, avec le monde économique sont à venir, comme le prochain rendez-vous de l’IDA Business Club le 18 janvier prochain, en présence de Jean-Dominique Sénard, président du groupe automobile Renault-Nissan.
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