Du vent, du soleil… « Notre territoire concentre les plus grandes potentialités de France sur le plan des énergies renouvelables. » C’est par ce constat optimiste que le vice-président de la Métropole Aix-Marseille Laurent Simon entame son propos, en clôture du 2e forum « Nos énergies en question(s) » dédié au nucléaire et à l’hydrogène organisé par Gomet’ à l’école Centrale Méditerranée, mercredi 8 janvier.
Mais le territoire métropolitain a encore du chemin à parcourir pour atteindre la neutralité carbone, à commencer par la zone de Fos-Berre, qui regroupe des industries qui demeurent parmi les plus polluantes. « On a des retards, des vétustés. Des secteurs qui ne se sont pas transformés aussi vite que prévu. Nous sommes au cœur de la deuxième révolution industrielle », poursuit Laurent Simon.
Au delà de l’aspect industriel, le sujet revêt aussi une importante dimension sanitaire : « La décarbonation est une opportunité inouïe pour améliorer notre qualité de vie et l’air que nous respirons », ajoute Dominique Robin, directeur d’Atmosud.
Le nucléaire, un atout pour le territoire ?
« La décarbonation des usages ne va pas assez vite dans les domaines du transports et du bâti » abonde Frédéric Busin, directeur de l’action régionale d’EDF en région Sud. Pourtant, la région concentre des atouts : « Nous sommes le centre mondial d’excellence du nucléaire au sein de la Métropole avec le projet Iter qui regroupe 137 pays ainsi que le CEA de Cadarache, qui travaille sur les SMR (« small modular reactor », une nouvelle génération de réacteurs nucléaires de petite taille ). […] Vous ne trouverez nulle part ailleurs une telle concentration de nucléaire. Ce qu’il faut, désormais, c’est accélérer la décarbonation des usages » insiste le représentant d’EDF.
La donne devrait changer avec l’arrivée de projets doivent servir la transition énergétique avec l’électrification des usages, notamment l’usine de panneaux photovoltaïques Carbon, ou encore les futures fermes éoliennes en mer.
Energie : adapter les infrastructures avant de changer les usages
« L’urgence, c’est de massifier les infrastructures avant les usages » analyse Régis Passerieux, ancien sous-préfet d’Istres, aujourd’hui commissaire à l’industrialisation auprès du préfet de Région. Parmi les autres projets en cours, celui d’une ligne très haute tension de 400 000 volts pour acheminer de l’électricité jusqu’à Fos depuis le Gard.
Pour Régis Passerieux, le territoire métropolitain doit aussi prendre le virage de l’hydrogène. « Nous ne devons pas attendre que l’hydrogène soit là pour s’organiser, sinon d’autres zones portuaires risquent de s’accaparer le marché », souligne-t-il. Des projets en corus, comme BarMar ou Néocarb dans la zone de Fos pourrait accélérer l’adaptation du territoire. L’usage de l’hydrogène devra ainsi s’inscrire dans une logique de mix énergétique : « A aucun moment dans l’histoire il n’y a eu de substitution totale d’une source d’énergie à une autre. Il faut faire cohabiter les différentes sources d’énergie » ajoute le commissaire à l’industrialisation.
De son côté, le directeur régional d’Engie Ludovic Parisot plaide pour une meilleure écoute des experts sur le sujet : « L’adaptation des réseaux doit faire l’objet d’une réflexion stratégique au long terme avec des sachants. On ne peut pas être dépendants des agendas politiques.»
« Une volonté forte des entreprises ! »
Les projets de RTE prévoient un besoin de 5 à 6 gigawatts supplémentaires dans la zone de Fos d’ici 2030. la future ligne très haute tension doit permettre de combler ces besoins. Mais pour Gilles Odone, délégué régional RTE, la production et l’acheminement d’électricité ne suffiront pas à eux seuls à répondre aux enjeux énergétiques : « Oui, nous avons besoin d’électricité mais pas que. La demande électrique sera peut être limitée si nous parvenons à mieux isoler nos bâtiments par exemple. Par contre, il est certain qu’il faudra se passer des énergies fossiles. »
Face à la transformation énergétique, les industriels de la zone du Caban-Tonkin (Fos-sur-Mer) s’organise au sein de l’association Piicto. « Il faut avoir une approche qui part du terrain, en prenant en compte les besoin des industriels du territoire. On ne peut pas simplement calquer ce qui vient de l’Europe. […] Nous disposons d’un territoire complexe, qui témoigne de la maturité et de la diversité du territoire », affirme pour sa part Nicolas Mat, secrétaire général de Piicto.
Le mot de la fin revient à Brice Lalonde, ancien ministre de l’environnement : « On aura besoin de l’Etat pour décarboner mais la richesse et la volonté locale provient véritablement des entreprises. Il faut trouver comment harmoniser au mieux le nucléaire et les énergies renouvelables. Il nous faut inventer un monde nouveau ! »
En savoir plus :
> Notre dossier dédié aux Projets industriels à Fos
> Nucléaire et hydrogène : les actualités du forum Nos énergies en question(s)