C’est soulagement pour les acteurs de la santé et de la recherche à Marseille. Dans un contexte politique incertain, marqué par la dissolution de l’Assemblée nationale puis l’absence de gouvernement, qui ont questionné la concrétisation des projets territoriaux, le projet de biocluster dédié à l’immunologie – le Marseille Immunology Biocluster (MIB) – a reçu en juillet 2024 la confirmation de l’Etat de son financement de 97 millions d’euros dans le cadre du plan national France 2030, qui vise à asseoir la souveraineté industrielle du pays dans plusieurs domaines, à commencer par la santé.
Un premier appel à projets pour lancer les premières études
Une convention a été officiellement signée en juillet dernier avec l’Agence nationale de la recherche, qui permettra de débloquer les fonds par tranches de dix millions d’euros chaque année. Mais ces 97 millions d’euros devront être complétés par l’apport d’autres sources de financement, notamment pour permettre au biocluster de fonctionner au quotidien.
Si les collectivités abondent au portefeuille, les porteurs de projets espèrent aussi l’aide des entreprises, notamment grâce au réseau Eurobiomed, qui siège au sein du conseil d’administration du MIB. En octobre 2023, deux mastodontes du secteur des médicaments ont ainsi rejoint le projet : les laboratoires Servier et Sanofi. Avant de bénéficier du soutien financier de ces acteurs industriels et des collectivités, le MIB devra néanmoins être entré dans sa phase opérationnelle, avec le lancement de projets concrets.
Dans l’attente de débloquer ces fonds , un premier financement de 12 millions d’euros sera mis à disposition par la Fondation Amidex, issue d’Aix-Marseille Université, au premier semestre 2025 pour lancer les premiers projets. Par ailleurs, un premier appel à projets a été publié sur le site d’Amidex, afin de connecter les projets académiques avec deux des futures plateformes du biocluster.
« Nous avançons petit à petit, mais plusieurs étapes importantes ont été franchies cet été. Les choses seront davantage abouties à partir de 2025 », précise Daniel Olive, co-fondateur d’Imchek Therapeutics, professeur des universités et praticien à l’Institut Paoli Calmettes, qui co-préside par ailleurs l’association de préfiguration du biocluster au côté de Jean-Luc Chauvin, le président de la CCI métropolitaine Aix-Marseille Provence qui représente le monde économique.
Biocluster : un directeur déjà en place, des recrutements en cours, une agence de com’
Le projet, concrètement, vise à accélérer la recherche dans le domaine de l’immunologie, en lien avec deux autres filières : l’infectiologie et l’oncologie.
Un bâtiment totem, baptisé C2IT, doit émerger sur l’emprise de l’hôpital Sainte-Marguerite, sera dédié à la recherche clinique et translationnelle. Ce lieu n’accueillera donc pas de patients, sauf dans un objectif d’expérimentation clinique. Il ne s’agit en outre que d’une des composantes du biocluster, qui doit également comporter des plateformes technologiques consacrées à la découverte de nouveaux médicaments, qui s’implanteront à Luminy dans des locaux déjà existants.
Les financements désormais validés, la structure cherche encore sa gouvernance, partagée à parts égales entre le monde scientifique et industriel. L’association de préfiguration mise en place réunit des représentants des structures impliquées : Aix-Marseille Université (porteur principal du projet), l’AP-HM, l’Institut Paoli Calmettes, l’IHU Méditerranée Infection, Eurobiomed mais aussi les collectivités – Région et Métropole. Une agence de communication travaille d’ores et déjà à un plan d’accompagnement pour le lancement du biocluster. Il s’agit d’Edelman (Paris), selon une source bien informée.
En parallèle, un directeur administratif pour la structure vient tout juste d’être désigné cette semaine. Il s’agit de Jean-Philippe Potier, qui avait notamment travaillé sur la fusion des universités au sein d’Aix-Marseille Université en 2012. Une deuxième personne devrait être recrutée à la direction, avec un profil davantage médical.
Enfin, des synergies sont prévues avec l’incubateur Cisam+ pour l’émergence et l’accueil de start-up dans le domaine de l’immunologie. Dans l’attente du déblocage des moyens financiers, le MIB va lancer ses premiers recrutements – 5 à 6 personnes – de personnels techniques d’ici la fin 2024.
En savoir plus :
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